Archives de catégorie : Blog-Notes

LIVRE / UN HARPAGON COREEN

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Ch’ae Mansik est un écrivain coréen né en 1904 dans la province déshéritée du Chôlla durant l’annexion japonaise. Il publie un recueil de nouvelles très remarqué en 1933, et éditera –par la suite – des nouvelles et des romans, souvent au « ton très satirique ». Cet auteur mourra de la tuberculose en 1950.

L’ouvrage que j’ai eu le plaisir de découvrir, « Sous le ciel, la paix », nous raconte l’histoire du vieux maître Yun, paysan enrichi qui pratique avec délectation l’art de l’usure, la resquille et l’économie, s’accordant aussi quelques gourmandises et autres « chatteries » avec de jeunes lycéennes, ce qui lui coûtera une bague… Son écriture est teintée d’ironie et d’humour. Sa galerie de personnages atypiques nous offre quelques portraits grinçants. Il est question de mettre un peu d’orge cuit dans son riz blanc, manière de faire des économies ? Et des femmes : Quels que soient les talents d’un homme pour l’invective, il ne peut égaler les dons naturels d’une femme. Parole philosophique aussi avec On dit qu’il faut demander son chemin même quand on le connaît. Quant à la nourriture occidentale et ses ustensiles, j’ai aimé cette réflexion drolatique : Ah, ces salauds vous donnent un truc comme un râteau pour manger avec ! Cet Harpagon coréen pratique l’art  de l’économie comme une façon de jouissance, économisant même l’eau de la douche, espaçant les ablutions…Quant aux bordels, on apprend qu’ils portent le nom savant et académique de Sociétés de commerce mondial…Tout un programme !

Voilà une autre belle découverte de la littérature sud-coréenne avec – pour conclure – la réflexion du vieux maître Yun : Si tu vis sans avidité dans ce monde, tes intestins seront donnés aux autres ! 

                                                                                                                      Laurent BAYART

* Sous le ciel, la paix de Ch’ae MANSIK, roman traduit du coréen par Ch’oe Yun et Patrick Maurus, Actes Sud, 2003.

 

LIVRE / LA VIE D’ORDURE A SEOUL

 

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Voici ici un livre de fiction mais inspiré de faits réels, écrit par Hwang Sok-Yong, écrivain emblématique sud coréen, considéré comme « le meilleur ambassadeur de la littérature asiatique ». Ce roman nous raconte la vie d’un garçon de quatorze ans Gros-Yeux qui vit –et surtout survit- dans cette décharge à ciel ouvert située à Séoul et appelée poétiquement L’Ile aux fleurs. Dans cet endroit glauque, chaque jour, de gros camions déversent les déchets des quartiers aisés et autres. Surgissent alors toutes ces mouettes de la déchéance qui viennent racler cette terre d’immondices à l’odeur âcre de putréfaction et où les mouches règnent en maître. Ainsi Toutes les choses de notre vie décrit le quotidien peu enviable des ouvriers travaillant au tri des ordures, dans cette immense décharge publique de Nanjido à l’ouest de Séoul; une montagne d’ordures de cent mètres de hauteur sur quatre kilomètres de long…Un accident chimique se déroulera dans cet enfer à ciel ouvert qui brûlera durant cinq jours dans un capharnaüm d’odeurs de crâmé et de fumées toxiques…

Voici un très beau livre qui se lit quasiment d’une traite, racontant la décrépitude, et cette pauvreté qui se fixe dans des espèces de favellas asiatiques aux lisières de la ville.

                                                                                                                      Laurent BAYART

* Toute les choses de notre vie, roman traduit du coréen par Choie Mikyung et Jean-Noël Juttet, éditions Philippe Picquier, 2016.

BILLET D’HUMEUR/ ACTE 42/ LES CYGNES DU CANAL

 

 

Divers juin

 

                                                                             A Marc Meinau, en cygne amical

( photo de Marc Meinau)

Ce sont les dieux tutélaires, ombres blanches qui glissent et planent sur les eaux moirées du canal de la Marne au Rhin. Ils accompagnent –chaque jour – l’écrivain-cycliste dans ses périples sur la piste cyclable. J’aime observer ces oiseaux palmipèdes, anges-gardiens de l’onde. Ce sont les véritables maîtres des lieux. Ils enveloppent l’espace de leur ouate blanche et leurs plumes font figure de lutrins sur lesquels mes pensées et mes mots vagabondent. J’aime leur présence silencieuse et les ondes bénéfiques qu’ils répandent aux alentours. Emerveillements du partage de l’instant, ces clefs de sol sur l’eau jouent leurs gammes symphoniques sur la ligne droite du canal, comme une partition qu’ils remplissent de leurs notes. Parfois, leurs longs cous en cors de chasse s’égarent sur le goudron de la piste et viennent becquer les cyclistes et autres promeneurs. Autant sur l’eau, nos amis sont des roitelets et des princes, autant sur le goudron, ils s’étalent de tout leur long, pianotent avec leurs palmes sur le sol et, irascibles, deviennent de vrais potentats vous envoyant des coups de bec. Gare à vos guiboles !

Le matin aussi, lorsque je roule sur ma piste, le soleil étant encore derrière les rideaux de l’horizon, je les devine à proximité, dans l’obscurité de l’eau ; boules de coton recroquevillées sur elles-mêmes qui semblent dormir d’un sommeil du juste. Mais ils ne dorment pas, ils veillent…

Les dieux à la blancheur éclatante n’ont pas encore entamé leur journée. Ils sont tels des rêves qui parsèment la nuit déchirée doucement par la lumière de l’aube. Dans une poignée de minutes, les cygnes – nuages en errance dans ce ciel renversé qui se mire sur le miroir de l’eau – raconteront la vie paisible du canal. Une autre histoire recommence, et moi Je ne cesse d’écouter et d’observer ces inépuisables conteurs de l’éphémère bonheur de l’instant.

Scribe et complice, je ne fais que retranscrire les paroles qu’ils ne peuvent pas prononcer. Leur regard bienveillant constitue – en quelque sorte – leur blanc-seing et autre signature qu’ils m’offrent avec tendresse et confiance.

                                                                                                                      Laurent BAYART

 

 

 

 

 

 

 

 

LIVRE /COREE DU NORD OU L’INCROYABLE FUITE VERS LA LIBERTE

 

imgresEncore un témoignage sur ce pays énigmatique et cloisonné qu’est la Corée du Nord. Il s’agit du récit hallucinant (il est si époustouflant et rocambolesque qu’on se demande s’il est bien véridique ?) de Jang Jin-Sung qui était dans les années 2000 un notable du pays et poète d’Etat, « artisan zélé du développement du mythe fondateur du pays ».

« Cher Leader » (Kim Jong-il) raconte – en presque 400 pages – cet îlot de barbelés situé en Asie dans lequel peu de touristes (passés au tamis) pénètrent. L’auteur se fera « la belle » avec son compagnon Young-min, traversant le très surveillé fleuve frontière avec la Chine le Tumen. Cet ouvrage constitue un récit passionnant d’une société vivant depuis des décennies sous l’oligarchie de ces Kim. Ces potentats d’un autre âge sont parvenus à museler tout un peuple et à menacer (depuis peu) le monde avec leurs missiles en tôle atomique…On y apprend une foule de choses, notamment qu’en matière de littérature, les œuvres de lord Byron sont en circulation à 100 exemplaires numérotés, réservées aux membres de l’élite. A signaler aussi la référence à « La politique du rayon de soleil » menée – à une certaine époque – par la Corée du Sud, visant à se rapprocher avec son voisin du Nord. Jolie expression provenant de la fable d’Esope dans laquelle un vent fort (politique intransigeante) se révélait incapable d’enlever le manteau d’un homme, tandis qu’un rayon de soleil (politique conciliatrice) y parvenait grâce à la chaleur enveloppante…Belle métaphore.

Finalement le fugitif réussira à gagner la Corée du sud (Daehan Minguk, littéralement Grande Nation du peuple Han ou Choson du Sud) pour nous livrer ce stupéfiant récit, digne de celui de Papillon, mais en version coréenne…

                                                                                                                    Laurent BAYART

  • Cher Leader, une plongée hallucinante en Corée du Nord, le pays le plus énigmatique au monde, de Jang Jing-Sung, Ixelles éditions, 2014.

 

BILLET D’HUMEUR / ACTE 41 /QUE SONT NOS INDIGNATIONS DEVENUES ?

A 94 ans, ce jeune homme déguisé en vieux monsieur distingué nous avait fait rêver et vibrer avec son brûlot d’opuscule au titre magique : « Indignez-vous », paru en 2010 et vendu à plusieurs millions d’exemplaires au prix de 3 Euros. Il nous rappelait – avec justesse – que : Le motif de base de la Résistance était l’indignation. Nous, vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l’héritage de la Résistance et ses idéaux. Et de nous remémorer plus loin la montée du fascisme en Europe et ce lent mais inévitable glissement vers la barbarie…qui allait mettre à feu et à sang tout un monde. Stéphane Hessel raconte ainsi son engagement et l’importance de la pensée d’un Jean-Paul Sartre qui nous a appris à nous dire : « Vous êtes responsables en tant qu’individus ». Responsabilité unique de l’être humain qui ne peut s’affranchir de son destin d’homme libre. Tout est ainsi dit. Et l’écrivain de répéter aux jeunes générations ce message tel un leitmotiv de sagesse : Mais dans ce monde, il y a des choses insupportables. Pour le voir, il faut bien regarder. Chercher. Et plus loin, de marteler : La pire des attitudes est l’indifférence. Ainsi, nous dit-il en ne faisant rien, vous perdez une des composantes indispensables : la faculté d’indignation et l’engagement qui en est la conséquence.

Cet homme, inspiré par la grâce, nous rappelle aussi qu’il avait été associé à la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l’homme adoptée par l’Organisation des Nations Unies, le 10 décembre 1948. Il était acteur et non pas spectateur. Militant d’une société qui se voulait être meilleure au sortir de la deuxième guerre mondiale.

Stéphane Hessel avant de s’en aller nous a laissé un sublime message d’espoir en mettant en exergue la capacité d’indignation des êtres humains, devant les défis d’un monde devenu –de nouveau – barbare face « au mépris des plus faibles et de la culture, l’amnésie généralisée et la compétition à outrance… »

Aujourd’hui, le temps est venu d’une révolte pacifique qui viendrait apporter un message de paix et bâillonner enfin les faiseurs de guerre et ceux qui veulent écraser la liberté avec leurs incessants bruits de botte et l’odeur de l’argent qui pue les vieilles idéologies.

Le monde vaut bien mieux que ça.

Ah, Stéphane, redonnez aux hommes l’espérance de cette folle indignation !

                                                                                                             Laurent BAYART

LIVRE / JOURNAL DE VOYAGE DE JEAN-LUC COATALEM EN COREE DU NORD.

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L’écrivain Jean-Luc Coatalem a eu l’occasion de se rendre en 2011, en Corée du Nord, le « paradis rouge » avec son ami Clorinde. Opportunité qu’il a saisi à bras le corps car les visiteurs sont plutôt denrées rares dans ce pays où règne un Ubu joufflu, voire une espèce de Docteur Folamour qui défie toute la planète avec ses provocations atomiques ; celles-ci s’accentuant dangereusement ces derniers temps…

Drôle de république que cette Corée gouvernée par une oligarchie familiale, les Kim Jong, d’abord Kim-Jong-il, mort en 2011, puis le fils, bien enrobé, du nom de Kim Jong-un, qui fit – excusez du peu – ses « humanités » dans une école privée en Suisse ! Curieux tout de même, ces dictateurs qui viennent prendre leur biberon en Occident !

Ces carnets de route (qu’il dissimule soigneusement) se révèlent instructifs et passionnants. Ainsi, l’écrivain- journaliste confie : Pyongyang, « la capitale des saules », se révèle être une ville aérée, propre, avec très peu de circulation – ici, on traverse sans regarder, à l’oreille… » Notre ami est suivi à la trace par Kim, son traducteur et garde-chiourme. Ici, tout est programmé, l’improvisation est interdite. Les services de sécurité, du nom de Bowidu et Anjeobu, veillent…

Jean-Luc Coatalem nous décrit ainsi – de l’intérieur – un pays fascinant et secret où des vélos, tels des cygnes métalliques, glissent dans le dédale des maisons serrées…Vous l’aurez compris : les voitures se font rares !

Quant à ces fameuses « nouilles froides », référence au titre du livre, ce sont les spécialités locales  (Eh oui !) : Dans un bol métallique d’une portion de cent grammes de nouilles de sarrasin, fines comme de la chevelure d’ange, caoutchouteuses, trempant dans un bouillon refroidi, glaireux. Un œuf minuscule, bouilli au préalable, est posé dessus, froid aussi. Six lamelles de concombre cru et une demi-tranche de poire (en boîte) en constituent la garniture. Voilà pour la tambouille locale. Ce récit passionnant, rédigé avec humour, est un témoignage précieux, non édulCorée pour la circonstance, vision d’une curieuse république…atomique. Dont acte.

                                                                                                                      Laurent BAYART

* Nouilles froides à Pyongyang de Jean-Luc Coatalem, Grasset, 2013.

 

BILLET D’HUMEUR / ACTE 40/ ALEP VILLE MARTYRE

Est-ce ainsi que les hommes vivent / Et leurs baisers au loin les suivent/Comme des soleils révolus, s’interrogeait Louis Aragon et chantait Léo Ferré…A voir les images de cette apocalypse qu’est devenue la ville syrienne martyre d’Alep, on se demande jusqu’où va aller l’esprit destructeur de l’être humain. Cette cité qui ne ressemble à plus rien, qui n’est plus qu’un tas de gravats, de graviers, de béton fracassé, de bouts de ferraille, de poussière…de cadavres, de sang éparpillé…Des pluies de missiles se fracassent sur ce qui était encore une métropole avec des habitants (il en resterait 250 à 300.000  sur les 2 millions d’avant la révolution)…Surtout, on se demande jusqu’où va aller le pire ? On reste effaré devant l’étourdissant silence des politiques du monde entier…L’ONU ? Comme si la messe était déjà dite. Qu’il fallait faire table rase de tout cela… Qu’il n’y a plus qu’à attendre que la curée soit achevée, que le job des militaires soit effectué… Et puis, comme il en va pour toutes les guerres, la paix revenue, les cimetières bien remplis –repus même – on signera des accords, des protocoles avec de belles poignées de main chaleureuses devant des grappes de photographes accrédités et cætera.

Puis viendra le temps du business, des entreprises, des bâtisseurs, des hommes d’affaires, des contrats (juteux pour certains pays, les mêmes qui ont jeté l’effroi sur ces ruines ?) et l’on reconstruira sur cette dévastation. Les bulldozers des bombes étant déjà passés…C’est déjà ça de fait !

Est-ce ainsi que les hommes vivent ? …pour en arriver toujours là, on ne pourrait pas –finalement – faire l’économie de tous ces morts, ces blessés, ces vies foutues en l’air ? Proposer tout simplement la paix avant même la guerre ? Ce serait tellement plus simple et surtout plus…humain.

Laurent BAYART

30 septembre 2016

BILLET D’HUMEUR/ ACTE 39/ DU SABLE DANS LES YEUX

Nous marchons, avec du sable dans les yeux, déambulons dans un espace que nous ne comprenons plus. Il faudrait retrouver le goût de la pluie et de l’orage, le sens des nuages, le zest de folie de l’oiseau, la fantaisie d’une sauterelle, le tourment d’un instant qui s’efface. Réapprendre le désir d’aimer l’autre et d’écouter ses paroles. S’émerveiller de l’éphémère, et de la vie qui  nous fait encore palpiter. Redevenir enfant et tendre nos bras à l’ivresse du jeu. Pleurer comme une madeleine et cacher naïvement des bonbons dans les poches de nos pantalons. Savoir encore écrire avec une craie sur une ardoise. Appeler ses parents comme s’ils étaient encore là…Ne cesser de parler à nos morts parce que leur présence nous est essentielle, qu’ils demeurent en aval de nos existences. S’amuser et créer un peu de chahut et de tohu-bohu autour de nous. Eloigner les ombres menaçantes et les prédicateurs de l’apocalypse. De toute manière, la camarde aura toujours le dernier mot, alors pourquoi lui laisser déjà la parole ? Aimer enfin et se débarrasser de ce sable dans les yeux. Oser enfin regarder le soleil.

Parce que, créatures de l’univers, c’est un peu notre père qui nous parle…

Et retrouver le sourire, même si le désert a du sable plein les yeux.

Mais nous ne savions pas que c’étaient tout simplement des étoiles…

                                                                                                                   Laurent BAYART

 

 

LIVRE / LE FILS « PETER PAN » D’UN PRINTEMPS CHAHUTE.


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Cristovào Tezza, est un écrivain brésilien, né en 1953, qui vit à Curitiba. Auteur majeur, récompensé par plusieurs prix littéraires. Je découvre « Le fils du printemps » paru en 2009. L’histoire, bien écrite, d’un père, écrivain, tâcheron qui cumule les lettres négatives chez les éditeurs et qui s’adonne également au théâtre. Il devient père d’un petit Felipe, mais sa vie bascule car il s’avère que ce bébé est atteint du syndrome de Down, c’est-à-dire  de mongolisme…

Commence la lente acceptation de ce handicap : /…à part décrire scientifiquement le syndrome, c’est ce que tu peux faire pour l’enfant, mais n’en attends pas grand chose ; au mieux, tu pourrais rendre les choses supportables. Tu n’es ni le seul, ni le dernier. L’écriture est majuscule et nous emmène dans le cheminement d’un parcours étranglé mais enchanté : Il entend pour la première fois tourner les puissants engrenages du temps, et une légère poussière de rouille transparaît déjà sur les objets qu’il touche. C’est sublime dans le raffinement des mots et l’accompagnement d’un père qui devient complice de cet enfant qu’il souhaitait voir mourir à sa naissance, et dont l’absence, maintenant, semble le tuer. Ce petit deviendra – à l’instar de son géniteur – artiste puisque plasticien, l’art comme filiation et chemin de partage.

Son enfant ne vieillit pas. Et, outre sa tête, qui reste toujours la même, les méandres insondables de la génétique font aussi qu’il grandira peu, victime d’un nanisme discret. Comme Peter Pan, chaque jour sera pour lui exactement comme le précédent… Mais néanmoins, émerveillé par cette fée Clochette qui pose sa baguette magique sur l’usure des jours et l’épreuve de nos existences.

                                                                                                                     Laurent BAYART

* Le fils du printemps de Cristovào Tezza, Editions Métailié, 2009.

LIVRE / L’ETERNELLE ET FASCINANTE MARILYN MONROE.

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Lorsqu’on évoque Marilyn Monroe, on ressent de la fascination et de l’admiration pour cette femme, symbole « pin up » (punaisé sur les murs) de l’Amérique d’après guerre pour laquelle la légende a façonné un (trop gros) socle de béton.

Ce livre « Monroerama », pavé de 366 pages, édité sous la direction de Françoise-Marie Santucci et Elisabeth-Dumas, est une œuvre en soi par l’exhaustivité qu’elle propose, à la manière d’un dictionnaire amoureux, sur une femme attachante qui méritait mieux que son statut de blonde, symbole de « sex-appeal ». « Une femme dont la curiosité, l’esprit, l’humour, la gentillesse et la rectitude sont restés méconnus du grand public ».

Morte à l’âge de 36 ans, son décès serait dû «  à un lavement d’hydrate de chloral, administré par sa gouvernante à la demande de son psychanalyste qui la sevrait du Nembutal ».

Née en 1942, Norma Jeane Mortenson, de son vrai nom, (en fait, elle en connut neuf !) eut trois maris emblématiques : mariée à 16 ans au marin Jim Dougherty, puis au champion de base-ball Joe DiMaggio (le seul qui ne l’a jamais laissé tomber) et au célébrissime écrivain Arthur Miller. Elle ne connût jamais son père (qui ressemblait à Clark Gable). Sa mère Gladys termina folle ; la petite fille allant de familles d’accueil en orphelinats…Les grands destins prennent souvent de sacrés détours.

Ce livre passionnant retrace la vie et la carrière d’une femme qui n’était d’ailleurs pas blonde mais châtain tirant vers le roux, dont la carrière d’actrice fut régie par l’impitoyable Century Fox. Marylin côtoya d’innombrables personnalités dont le président des Etats-Unis John F. Kennedy pour lequel elle chanta un mémorable »Happy Birthdays » au Madison Square Garden de New York, le 19 mai 1962. Seront retracés aussi ses films emblématiques : « Certains l’aiment chaud » de Bill Wilder, « Sept ans de réflexion », du même réalisateur ou « Les Désaxés » de John Huston. Au total, Marylin aura joué dans une trentaine de films dont dix-sept, de 1948 à 1961.

On constatera que le mystère de sa mort, la fable de l’empoisonnement ou le supposé règlement de compte de la mafia ne sont finalement que légendes et thèses destinées à vendre les ouvrages de leurs auteurs…

Cette actrice, ambassadrice de « Chanel 5 » aura été d’une incroyable modernité et aura inventé les Madonna, Rihanna et autres Lady Gaga. Aujourd’hui, on dirait glamour…

                                                                                                                     Laurent BAYART

* Monroerama, éditions Stock, 2012, sous la direction de Françoise-Marie Santucci et Elisabeth Franck-Dumas.