Archives de catégorie : Blog-Notes

IARINA ANDREI, LE TALENT N’ATTEND PAS LE NOMBRE DES ANNEES…

IMG_20160525_215511Bravo à Iarina Andréi, ma filleule de Galati (Roumanie), 16 ans seulement et déjà un joli parcours dans le domaine des Arts Plastiques qu’elle pratique depuis quelques années, à l’instar des pianistes à la vocation précoce. Sa dernière œuvre ; cette « sensualité au papillon » (titre que j’ai imaginé…) démontre un indéniable talent, tant dans les formes, les courbes ainsi que dans les couleurs, créant une œuvre tout en finesse et en volupté. J’avais écrit, à l’occasion de son baptême en l’an 2000, dans « L’eau du Danube », journal roumain 2001 ( Editions du GRIL 2002) :   Iarina, ton sourire est déjà une belle promesse dans les yeux d’un pays qui mûrit et grandit…/..Iarina, petite fille des mille soleils. Demain sera à toi/pour toi.

L’heure est venue… Et parfois, les mots que l’on triture sur le papier vous donnent raison. Avec le temps, des vocations et des talents nous entraînent dans l’émerveillement, voire le ravissement.

                                                                                                                      Laurent BAYART

BILLET D’HUMEUR / ACTE 33 / LA NOMOPHOBIE OU CROUSTILLANT DE NOUVEAU MOT

 

IMG_20160524_210914 Nos contemporains sont devenus totalement accros de leurs téléphones portables, ça frise la folie, l’impertinence et l’impolitesse. On ne marche même plus sur la tête (c’est dépassé !) mais sur les touches de son IPhone ou plutôt l’Aïe fol…

Ainsi, n’est-il pas rare de surprendre des jeunes gens, (ou moins jeunes) scotchés devant une caisse de supermarchés, se livrer à deux conversations en même temps : la caissière en face d’eux et l’interlocuteur au téléphone. Oups.

Parfois aussi, j’aperçois, au détour d’une rue, une personne promener son chien tout en faisant la conversation avec son mobile. Pauvre toutou qui se retrouve bien seul au moment de lever la patte sur le pied du lampadaire…Lorsque ce ne sont pas des mamans en train de pousser le landau ou de tenir la main à leurs progénitures, complètement « absentes » et qui font la conversation avec un quidam à l’autre bout d’un invisible fil…Vivement que les têtes blondes puissent se venger quand elles seront dotées de cet appendice technologique ! Et, summum du summum, j’ai même surpris des mamys en train de pianoter sur leur mobile et de faire une ripaille de conversations avec leurs copines à cheveux grisonnants…Oups.

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Je ne parle même pas des zombis qui déambulent dans les rues, obnubilés par les messages de leurs jouets préférés, sans prêter le moindre regard à ce qui se passe ou arrive devant eux…ouille et oups.

La téléphonie de l’instantanéité a posé ses satellites en chape de plomb. Quant à notre inoxydable Petit Robert, observateur des évolutions modernes, il a trouvé un petit nom charmant à ce phénomène : la nomophobie, entendez Dépendance extrême au téléphone portable. Oups.

Maintenant que nous pouvons enfin nommer la chose, nous pourrons la vaincre ou du moins couper le fil de la conversation. On peut bien rêver ? Oui, mais, tout dépend de l’opérateur. Autrement dit, vous-même !

                                                                                                                      Laurent BAYART

 

L’ETRANGE RESURECTION A LA MODE IRANIENNE DE SOROUR KASMAI.


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Auteure francophone d’origine iranienne, Sorour Kasmaï vit à Paris depuis 1983. Je l’avais découverte avec son roman « La vallée des aigles » paru en 2006 (voir rubrique plus bas). Ce nouveau livre « Un jour avant la fin du monde » nous entraîne à Téhéran, durant le premier hiver après la révolution islamique. C’est l’histoire –subtilement rédigée – d’une usurpation d’identité à la suite d’un drame et d’une naissance. Sa mère enceinte meurt sous les décombres d’une maison…mais, arrivé à la morgue le ventre du cadavre bouge…et un bébé miraculé…nait. Il prendra le nom de Mariam (le nom d’une ancestrale reine). Il y est question des curieuses amours de sa défunte mère avec Farzami, l’ami de la famille, mais aussi du rôle mystérieux de Pédar, son père. Le livre se lit un peu comme une intrigue policière avec les nouvelles autorités religieuses –à la kalachnikov en sautoir – qui cherchent à vérifier l’hypothèse de cette résurrection. Il est question aussi de l’arbre de Zoroastre dont a été faite la croix de Jérusalem…Arbre dont le bois relève les morts à la fin des temps. Il est aussi question du culte nestorien et du dieu des Zoroastriens qu’est Ahura Mazda : Nos pères ont fui le sabre de l’islam et se font réfugiés ici, sur cette terre. Il est question enfin du saccage par les Perses de Jérusalem (en 614 après la naissance de JC) qui emmènent avec eux le bien le plus précieux : la Croix du Christ.

L’étrange « ressuscitée » va faire la lumière sur sa naissance et sur les protagonistes de cette histoire où l’amour et la religion se mêlent en une danse de mort qui ressemble à un tango d’apocalypse : Un jour avant la fin du monde, quelqu’un de ma descendance ressuscitera les morts » déclare le prophète. Roman de la quête et de toutes les ferveurs. Sortir de ce labyrinthe n’est pas chose aisée. La fin palpitante livrera (et délivrera) les personnages de la folie assassine et du dernier jour qui devait durer cent mille ans selon les prophéties…

                                                                                                                      Laurent BAYART

  • Un jour avant la fin du monde de Sorour Kasmaï, Editions Robert Laffont, 2015.

BILLET D’HUMEUR / ACTE 32 / LE FIL TENDU


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Equilibristes des bouts du monde, nous dansons sur un fil tendu, les bras en balancier. L’appel du vide est intense. Nous sommes dans l’instant du basculement. Nous ne glissons plus sur la corde mais tanguons dans un tango macabre. Ainsi, nos sociétés se trouvent sur la corde raide. Un rien peut nous entraîner dans le charivari des cauchemars éveillés. La violence pose son désespoir et son désarroi. L’avenue éclairée devient obscure impasse. Qu’avons-nous fait de ces promesses de moisson ? De l’amour qui nous tendait les bras ? Les images véhiculées par les médias sont devenues des chemins de croix où chaque station pose un cran supplémentaire dans l’horreur. Qui nous essuiera la sueur et le sang de nos fronts ? Des bombes explosent çà et là, comme un reniement à toute humanité. Absurdité des chaos que l’on provoque. Parler de paix et de fraternité devient dérisoire, voire illusoire mais immensément essentiel… Qui donc pour porter la beauté du verbe sur l’autre ? Car au début était le verbe ? Pourquoi la mort n’arrête plus de dessiner ses paysages en bousculant la soif de vivre qui nous animait.

Et ce fil tendu à l’extrême sur lequel nous marchons. Comme un filigrane de chemin posé entre deux arbres dans le ciel.

Tomber, ce serait marcher à l’envers sur la terre. Le parachute refusant de fonctionner. La chute ne représente finalement qu’un nœud que la corde nous offre à notre cou -licou d’équilibristes maladroits -.

Gisant sur le sol, le gros boudin de fil n’est plus qu’un serpent qui cherche sa ligne droite. Le chemin le plus court pour marcher sur les nuages.

                                                                                                                      Laurent BAYART

EVENEMENTS / LA POESIE FAIT SALOON AVEC GUILLAUME DOSSMANN


imgres-2Il n’y a que les pessimistes pour affirmer que la poésie n’intéresse pas nos contemporains. Mieux, ils en sont friands ! Guillaume Dossmann, imprimeur de métier et jeune éditeur de 31 ans (et poète lui-même) a pris son bâton de pèlerin, bourlinguant  au gré des caboulots, afin de donner à la poésie la voix qu’elle mérite, dans une société qui a bien besoin de retrouver un peu d’oxygène. Avec Hybris, sa maison d’édition, il publie de jeunes poètes qui apportent un souffle nouveau à l’écriture actuelle.

Une sorte de révolte aussi, celle d’avoir été refusé à un salon littéraire « classique », lui a donné envie de créer son propre événement littéraire : un « saloon du livre » qui se tient dans les lieux incongrus et impromptus, là où les mots ne sont pas forcément attendus : les cafés et autres bars. Et voilà qu’il a suscité un rendez-vous régulier dans un bar strasbourgeois « l’Abstract » sur le quai des Pêcheurs, puis récemment à la « Libellule Café » de Colmar. Et la magie s’opère, le poète-éditeur sème ses petites graines ainsi et présente d’autres ouvrages d’éditeurs indépendants.

imgresBravo Guillaume ! C’est ainsi que l’on peut aussi faire vivre et partager sa passion de la poésie, cette mise en communion d’une envie de rencontres, manière de faire tomber les cloisons. Revenir aussi à cette forme d’oralité des origines, cette mise aux voix de l’écriture, indispensable pour susciter l’attention de nos concitoyens.

Jadis, jeune poète-éditeur, j’avais pris les mêmes sentiers, fait du « hors-piste » comme toi en réalisant des lectures et présentations de livres dans des cafés, restaurants, péniches spectacles et même dans des trains (animations loisirails) ; voitures-spectacles aménagées à cet effet… Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse…écrivait, en son temps, Alfred de Musset. Il en est de même des lieux où la poésie installe son grand charivari !

                                                                                                                      Laurent BAYART

Contacts / hybris@editions-hybris.fr

 

 

BILLET D’HUMEUR / ACTE 31 / MES VAGABONDAGES.

IMG_20160410_134407Vagabondage des chemins. Nous poussons nos semelles à l’aventure de ces étoiles qui cailloutent la sente. J’aime partir ainsi dans le non-dit de ces extravagances. S’en aller comme un verbe en quête de sens dans une phrase voyageuse. J’aime ces instants volés à l’humeur du temps. S’éloigner de soi-même et aller à la rencontre de l’autre. Marcher à travers les sentiers de montagne, parcourir les forêts qui enchantent nos regards, traverser les ruisseaux comme on franchit des lisières. Retrouver le gout du sublime et de l’essentiel.

Je t’aime pour ce goût de l’imprévu que tu m’offres à chaque fois. Je t’aime pour ces rendez-vous marqués sur aucun agenda.

Je t’aime pour cette complicité inscrite nulle part, excepté dans nos regards.

Je t’aime pour cette ombre accrochée au sol par un pied; lourd marque-page à l’éventail d’orteils.

Vagabonder avant que le temps ne consume tout sur notre passage. Avant que l’heure efface l’instant. Avant que le silence ne remplisse le chahut. Retourner au verbe de la Genèse.

Je t’aime, mon aventure de chaque seconde qui me fait prendre encore et toujours cette merveilleuse route.

                                                                                                                      Laurent BAYART

LIVRE / L’EPOPEE IRANIENNE D’UNE FUITE OU LA VALLEE DES AIGLES

imgres Ce livre autobiographique, signé Sorour Kasmaï (qui vit aujourd’hui à Paris, elle est spécialiste de la littérature iranienne contemporaine), raconte les années de feu de la révolution iranienne et la tentative de deux jeunes femmes en 1983 de quitter le pays, désormais « verrouillé » par les « barbus »…

Entre peshmergas (littéralement : qui va le premier à la rencontre de la mort), dénomination des partisans indépendantistes kurdes, les pâsdârs, gardiens de la révolution du régime islamiste et les militaires, la marge est faible pour s’échapper…Parcours de combattant(es) semé d’embûches et de péripéties.

Ce récit – haletant – raconte cette fuite rocambolesque par le Kurdistan iranien où arrivées en Turquie, elles rejoignent leurs parents réfugiés en France.

Narration initiatique avec cette « Vallée des aigles », réputée dangereuse, par laquelle il faut passer. Là où les rapaces « répètent leur mort » : un aigle majestueux prend son envol du haut des cimes, dessine un cercle et se laisse brusquement tomber dans le vide.

La narratrice reviendra en Iran en 2004, passant –cette fois-ci – en touriste voilée à Théhéran…

                                                                                                                      Laurent BAYART

* La vallée des aigles – Autobiographie d’une fuite – de Sorour Kasmaï, éditions Acte Sud, 2006.

LIVRE / LA « CHARMANTE » VILLE DE BADEN-BADEN.

imgres Les éditions Andersen inaugurent une bien belle petite collection qui propose un nouveau genre d’opuscule associant récit de voyage, journal littéraire et guide touristique, en forme de livre de poche ; histoire ne pas trop encombrer les sacs des touristes en pérégrination.

Ce premier livret, composé de quatre-vingt dix pages, est signé par un trio composé de Gérard de Nerval, Jean-Paul Klée et de l’écrivain-éditeur Olivier Larizza. Le texte du grand romantique date de 1838, « amoureux éperdu de l’Allemagne, il la considérait comme sa seconde partie ». Cette petite nouvelle-reportage a été publiée en feuilleton dans la presse de l’époque. Ce texte se révèle tout à fait somptueux ! Quelle belle trouvaille d’un Gérard de Nerval qui considérait Baden comme « le Saint-Cloud de Strasbourg. Le samedi les Strasbourgeois ferment leurs boutiques et s’en vont passer le dimanche à Baden. ». Le poète nous envoûte par son art inné de la description poétique : « Cette ville d’hôtelleries, assise au flanc d’une montagne que ses maisons gravissent peu à peu comme un troupeau à qui l’herbe manque dans la plaine ? » Plus loin, l’écrivain Strasbourgeois Jean-Paul Klée nous offre trois courts récits de son passage dans cette ville d’eau où l’on laisse l’imaginaire se débrider : « Dans certains documents datés 873 et 987, la ville est mentionnée sous le nom de Badon ou Badin… ».

A la fin du volume et de sa cure littéraire, on appréciera le « Best-of pratique de Baden-Baden » rédigé avec pertinence et humour par Olivier Larizza. Bref, cette collection offre aux lecteurs une belle initiative permettant de voyager en se cultivant, avec un zeste de bonne humeur, ce qui donne aux déplacements des allures de petites vacances…

                                                                                                                      Laurent BAYART

* Les charmes de Baden-Baden, de Gérard de Nerval, Jean-Paul Klée et Olivier Larizza, éditions Andersen, 2015.

 

 

LIVRE : LES LUTTES INTESTINES DE GIULIA ENDERS.

imgresJeune doctorante en médecine, Giulia Enders, a rédigé un best seller avec son livre « Le charme discret de l’intestin ». Autrement dit parler de ce que l’on n’évoque jamais…Cet endroit du corps ; vaste réseau de tuyauterie dont l’importance dans nos existences s’avère essentielle ! Et l’ouvrage, joliment agrémenté des dessins de la sœur de l’auteur(e) se révèle passionnant.

Ainsi, tout est décrit sans tabou, comme la manière de s’asseoir ou plutôt de s’accroupir sur le trône afin de faciliter le travail de vos boyaux : « la position accroupie détend vraiment ce muscle et la route des excréments cesse alors de se prendre pour une petite route de montagne… » Vous apprécierez la métaphore ! Quant à la population qui s’adonne à cette « technique », elle se chiffre à plus d’un milliard d’êtres humains. Crotte, voilà du monde !

On apprend ainsi une foultitude de choses et vous aurez même droit (Ah, ne faites pas la fine…bouche !) au descriptif exhaustif des différents types de cacas (composition, couleur et consistance)…Tout, tout, vous saurez tout…

Trève de plaisanterie, Guilia nous rappelle le caractère primordial de ce « cerveau d’en bas » dont l’unité centrale du haut dépend beaucoup. Voilà donc un livre instructif qui se lit facilement. Quant au père Ubu qui n’était pas constipé dans son royaume de Pologne, s’il avait eu ce livre dans les mains, gageons que le bougre, aurait lancé son «  Et merdre ! » devenu historique.

                                                                                                                      Laurent BAYART

* Le charme discret de l’intestin, tout sur un organe mal aimé, de Giulia Enders, Acte Sud, 2014.

 

BILLET D’HUMEUR / ACTE 30 / DERNIER AVIS AVANT LIQUIDATION.

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Il semble que nous assistons (impuissants ou indifférents ?) au grand chambardement d’un monde et d’une Europe qui se décomposent, peu à peu. La barbarie est devenue une image presque habituelle dont le visage n’est même plus flouté. Erotisme macabre d’un siècle qui rogne inlassablement nos valeurs de liberté et d’espérance. O incandescence des jours gris sur lesquels les colombes font office de cible pour tireurs d’élite de fête foraine. Le basculement est latent. Les frontières, que l’on croyait abandonnées aux musées des rétrospectives, s’érigent de nouveau avec des cheveux de frise en sus. Les horizons sont de feu et de flammes et les rendez-vous guerriers.

L’étranger piaffe d’impatience à nos portes. Le voilà qu’il constitue une menace, tandis que les chants de haine des séides de l’apocalypse font voler leurs oriflammes à tête de mort. Et comme si cela ne suffisait pas, les hommes –corporatistes à souhait – se déchirent l’héritage du père pendant que l’incendie se propage…

Peut-être faudra-t-il réinventer des espérances pour ne pas sombrer dans ce grand trou noir sidéral que les humains ont mis en place ? La matière y serait absorbée prétendent les scientifiques ? Ainsi, nous pourrions être amenés à disparaître. Car, pendant ce temps-là, – n’est-ce pas monsieur Hulot ? – les glaciers se délitent et les océans montent tel le mercure d’un ancestral thermomètre. La clepsydre se vide et se fiche éperdument de nos agendas Outlook. Demain est un rendez-vous en pointillé. Mettez-vous bien ça dans la tête ou marquez-le bien en rouge dans ce qui reste de vos éphémérides…

                                                                                                                      Laurent BAYART

  • photo de Némorin, alias Erik Vacquier.