Tous les articles par Laurent Bayart

FOCUS SUR MARIE OTMESGUINE OU LA POESIE PASSE UN (super) SAVON !

 imgresMarie Otmesguine est portée par la grâce. Voilà des années que cette femme inspirée tient l’oriflamme de la poésie et propose des rencontres, comme autant de lieux d’improbables rendez-vous où chacun met sa poésie sur son « trente et un » et s’essaie au jeu d’une oralité et d’une chaleur retrouvée. Marie est l’organisatrice de ce « Café des poètes » qui est devenu un incontournable moment d’humanité, d’échange et de fraternité. La poésie devient partage des mots qui s’envolent vers l’autre. Remarquables instants où les poètes en herbe – quelques fois de très jeunes voix et d’autres dont la carte de visite est déjà bien chargée – se mettent au diapason de cet agora multicolore, où l’ivresse de ce simple bonheur de communiquer et de faire partager le chahut de ces mots nous emporte dans la félicité. Mots volés à un cahier à spirales ou à un (pour les plus chanceux) ouvrage publié, qui prennent chacun des participants aux tripes, applaudis pour avoir « mis aux voix » ces textes qui sortent du plus profond de leur âme. Lectures retrouvées, extra-ordinaires, de ces instants picorés à la fuite du temps qui passe, salon littéraire et cabinet des curiosités dans lesquels la poésie devient une offrande que l’on propose à son voisin.

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Face au succès rencontré par ces rendez-vous, voilà que Marie Otmesguine installe son micro et son ampli dans le très prisé bar restaurant « Les Savons d’Hélène » à Strasbourg, où elle convoque les talents comme on propose de nouvelles fêtes au calendrier. Et la magie s’opère ! A croire que ces temps lugubres et tourmentés incitent nos contemporains à prier avec leurs propres cantiques et liturgies. Marie est un peu devenue la prêtresse de ces lieux chargés d’émotion et d’humanité. Et la chaleur, l’attention et l’écoute y sont merveilleuses pour celui vient se livrer au public. Quel fabuleux moyen donné aux poètes et écrivains de se jeter à l’eau, avec tous ces savons colorés qui font autant de bulles de poésie dans les airs que de pages tournées entre les doigts…La poésie est décidément une inoxydable vieille dame ! Chapeau bas Marie !

                                                                                                                      Laurent BAYART

  • Prochaine soirée : le vendredi 2 octobre 2015, à partir de 18h15, café des Poètes « Les Savons d’Hélène », 6, rue Sainte Hélène à Strasbourg, avec Cécile Biehler, puis « Scène ouverte » en deuxième partie.
  • Contact : cafedespoetesstrasbourg.eu@gmail.com

 

 

 

LAURENT BAYART AU CENTRE CULTUREL ALSACIEN

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Vendredi  25 septembre à 18h30, au Centre Culturel Alsacien de Strasbourg (5, bld de la Victoire), Laurent BAYART présentera ses derniers opus cyclistes « Tous en piste ! (cyclable) » et « A pleins poumons », parus en 2015. Il proposera un « cycle » de lecture et de dialogue enjoué avec le public. Notre ami écrivain-cycliste, sera pour la circonstance gonflé comme une chambre à air ! Après une tuberculose pulmonaire contractée en 1964, le voilà de nouveau à fond de jante ! Venez vibrer au rythme de ses surprenantes rencontres  et de son récit en forme de témoignage poignant.

LIVRE / SYLVAIN TESSON OU L’HEURE DE LA RETRAITE.

imgresC’est la Bérézina ! Le terme est bien connu : il est employé pour signifier une situation cataclysmique, une incroyable déroute. C’est aussi et surtout le nom d’une rivière en Biélorussie qui fut le théâtre d’une des batailles, devenue mythique, opposant Napoléon aux troupes du Tsar en 1812, lors de la fameuse retraite de Russie. Et voilà que l’inoxydable arpenteur des steppes, Sylvain Tesson s’est affublé d’un tricorne, a abandonné sa Joséphine à Paris, et s’est transformé en aiglon napoléonien, enfourchant un Oural ou « motocyclette à panier adjacent » (entendez un side-car) et vogue la galère…Il a roulé à toute berzingue de Moscou à Paris.

Ce bourlingueur n’a peur d’aucun défi. En homme aguerri il aime les territoires russes et ses grands enfants qu’il décrit toujours avec un sens inné de l’observation, à la façon d’un ethnologue : La vodka est autrement plus efficace que l’espérance. Et tellement moins vulgaire…/…En Russie, l’art du toast a permis de s’épargner la psychanalyse, quand on peut vider son sac en public, on n’a pas besoin de consulter un freudien mutique, allongé sur un divan. Plus loin, notre bourlingueur parlant des ivrognes du pays de Poutine, perdus en hiver sous les amas de neige, sont appelés les « perce-neige ». En effet, au printemps, à la fonte du manteau blanc, ils annoncent bizarrement un curieux printemps…Vous l’avez compris : l’humour est froid et glaçant.

Cet extraordinaire périple est raconté avec son habituel talent narratif et un remarquable sens du récit. Sylvain Tesson refait vivre ces lieux chargés en histoire où les arbres ont repoussé, mais la terre, elle, continue à souffrir. Quand elle boit trop de sang, elle devient un haut lieu. Alors, il faut la regarder en silence car les fantômes la hantent.

Ce livre est un merveilleux « road trip » ou une fastueuse « glissade à la Kerouac », parsemé de poésie. Et en grognard fidèle, le lecteur le suit admiratif. Ce gaillard-là est – l’instar du général corse – un incroyable conquérant !

                                                                                                                     Laurent BAYART

* BEREZINA de Sylvain Tesson, Editions Guérin, 2015.

MAGAZINE / LE VELO EST UNE AVENTURE…

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« Le vélo est une aventure »…Quel beau sous-titre que celui de ce nouveau magazine dédié au vélo, et que je ne connaissais pas encore : « 200, le vélo de route autrement ». Autant ses confrères « Le cycle » se décline plutôt vers les cyclos sportifs, « Vélo magazine » vers la compétition, celui-ci s’adresse en particulier aux cyclotouristes lambda et à la pratique familiale des virées cyclistes.

Alain Puiseux, le directeur de la publication, évoque une revue « fait main » et sur mesure, tandis que Thierry Cerinato, dans sa chronique, parle avec humour des traces et autres brûlures laissées par le soleil sur les cuisses et bras des cyclistes. Il en appelle aux inventeurs de tout poil (donc pas épilés) qui seraient en mesure d’éviter ces marques et autres scarifications « cruel moment de l’arrivée sur la plage ». Les maillots de bain n’étant pas adaptés aux bronzages des cyclistes ! Plus loin, un article fort intéressant et original précise que le port des lunettes ne semble plus approprié, because les mouches, moustiques et autres moucherons sont en voie de disparition : En pédalant, on se souvient d’un papier du Monde lu quelques semaines auparavant : chose impensable voilà une vingtaine d’années, il est désormais possible de traverser la France tout en conservant le pare-brise de sa voiture presque vierge de toute trace d’insectes…C’est vrai, on n’aimerait pas être une abeille aujourd’hui. Ni un agriculteur. Et même pas un marchand de lunettes…

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Je vous avais prévenu : l’approche est originale. Sinon, plus sérieusement, on pourra y découvrir des portraits de cyclo-randonneurs, d’un périple qui s’apparente à une belle odyssée : « Deux Manches et la belle », 800 kms entre côtes françaises et anglaises, via un ferry, « le vélo de Maurice Garin » ou un article sur les vélos à pignon fixe et la préparation du mythique et terrible « Paris-Brest-Paris ».

Voilà une revue cycliste bien atypique qui, à l’instar du sous-titre d’entrée, nous confirme que le vélo est bel et bien une sacrée aventure !

 

Laurent BAYART

 

* magazine 200, 11 rue de Riom, 63000 Clermont-Ferrand. Disponible en kiosque. Abonnement : 23,20 Euros.

LIVRE/ POLITIQUE FRICTION A LA MICHEL HOUELLEBECQ.

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J’avais lu, voici quelques années, « Les particules élémentaires » que je n’avais guère apprécié, mais la curiosité et les conseils avisés de plusieurs amis m’ont incité à découvrir ce livre sorti récemment : « Soumission ». Promotion loupée pour cause d’attentats du début d’année. Michel Houellebecq dresse un livre de politique fiction qui secoue le Landernau !

L’auteur imagine le « séisme » d’élections présidentielles qui donnent la victoire du parti de la « Fraternité musulmane » coaché par l’homme politique émergeant : Mohammed Ben Abbès. Tsunami et défaite des partis « classiques ». La France s’islamise sous l’œil avisé du personnage héros/héraut, jouisseur, universitaire et adepte de Joris-Karl Huysmans, écrivain polémiste et scandaleux du 19ème siècle. Regard sur une civilisation vieillissante qui s’effiloche dans la perte de ses valeurs et de ses fondements. Voilà que la Sorbonne à Paris se voile : Dans l’antichambre, on était accueilli par une photographie de pèlerins effectuant leur circumambulation autour de la Kaaba. Le nouvel homme fort de la République travaille sur un recentrage de l’Union Européenne avec les négociations lancées pour l’adhésion de l’Algérie, la Tunisie et le Maroc. La Méditerrannée prenant une place de choix au milieu des vieilles étoiles du drapeau européen…et désire s’étendre vers le Sud, plutôt que vers l’Est.

Avec le talent qu’on lui connaît, Houellebecq le sulfureux et l’iconoclaste taille dans le vif et se fait lanceur d’alerte : Cette Europe qui était le sommet de la civilisation humaine s’est bel et bien suicidée, en l’espace de quelques décennies, en rajoutant plus loin : L’Eglise catholique était devenue incapable de s’opposer à la décadence des mœurs, de rejeter vigoureusement le mariage homosexuel, le droit à l’avortement et le travail des femmes…

Humour aussi avec le portrait dressé d’un célèbre politicien que l’écrivain semble peu apprécier : Le vieux politicien béarnais, battu dans pratiquement toutes les élections auxquelles il s’était présenté depuis une trentaine d’années, s’employait à cultiver une image de hauteur, avec la complicité de différents magazines ; c’est-à-dire qu’il se faisait régulièrement photographier, appuyé sur un bâton de berger, vêtu d’une pèlerine à la Justin Bridou. Vous l’aurez reconnu !

Ce livre est intéressant par les idées qu’il lance, bien écrit, provocateur, histoire de susciter le débat, sans omettre, avec un zest d’humour, son point de vue éclairé sur la mode des sushis : Il y a une espèce de consensus universel autour de cette juxtaposition amorphe de poisson cru et de riz blanc.

                                                                                                                      Laurent BAYART

« Soumission », roman, de Michel Houellebecq, Flammarion, 2015.

LECTURE ET PRESENTATION DES OUVRAGES CYCLISTES DE LAURENT BAYART.

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Organisée par le CADR67 (Comité d’Action Deux Roues) et la FUBICY (Fédération des Usagers de la Bicyclette), une soirée de lecture, présentation et dédicace des ouvrages qui racontent les déambulations de Laurent Bayart en piste cyclable (« voyage en chambre à air » et « Tous en piste ! (cyclable) », ainsi que son récit concernant sa rédemption grâce au vélo ( « A pleins poumons ») aura lieu le vendredi 18 septembre dans la salle Louise Weiss de la Maison des Associations à Strasbourg (1a, place des Orphelins). Il sera accompagné par Louis Holder, écrivain et cycliste. Entrée gratuite.

LIVRE / COMME UN TREMBLEMENT A HAITI OU « DANSER LES OMBRES » DE LAURENT GAUDé.


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Chaque livre de Laurent Gaudé constitue un événement en lui-même. L’auteur à succès, dramaturge, nouvelliste et romancier est attendu à chacune de ses parutions. Son dernier ouvrage nous emmène en Haïti, dans ces terres d’extrême pauvreté où –comme si cela ne suffisait pas – les hommes sont régulièrement écrasés sous le poids des ubuesques mais sanguinaires dictatures, qu’elles soient celles de la famille Duvalier ou celles de ses grotesques caricatures qui se sont succédées.

La narration est un peu lente et l’histoire poussive jusqu’à ce que cette terre déshéritée se mette à trembler : Personne n’avait remarqué que les oiseaux s’étaient tus, que les poules inquiètes, s’étaient figées de peur. On glisse alors dans l’éboulis de l’horreur et la poussière blanche des gravats. Le monde bascule et les personnages se fourvoient entre la vie et la mort. On ne sait d’ailleurs plus qui respire encore et marche. Les ombres du passé ressurgissent et viennent hanter les presque vivants. Tout semble basculer dans la précarité de l’instant. Avec son talent coutumier, Laurent Gaudé nous entraîne dans les limites des mondes invisibles. On y retrouve quelques coups de crayons de ses livres précédents comme La mort du roi Tsongor ou La porte des enfers. L’univers des combats de coqs, du vaudou, des redoutés tontons macoutes, des misérables des Caraïbes et des prostituées enchantées par la grâce. Comme à son habitude, l’écrivain nous offre une galerie de personnages attachants qui représentent les balises d’un livre où le récit semble accomplir une certaine forme de destinée, à l’image de ce peuple meurtri. Tels des personnages bibliques, ces héros de l’ordinaire devront mourir une seconde fois, se glisser dans la faille de la crevasse et laisser disparaître le sismographe de la peur. Ainsi, la paix reviendra mais à quel prix ! Cette île d’hommes libres, territoire de Toussaint Louverture, ne cesse d’affranchir ses anciens esclaves.

                                                                                                                      Laurent BAYART

* « Danser les ombres », roman, de Laurent Gaudé, Actes Sud, 2015.

 

 

 

 

 

BILLET D’HUMEUR / ACTE 27 / L’ETE MEURTRIER/

         La folie des hommes semble poursuivre son inexorable progression en sombres métastases. Voilà que certains poussent des cris d’orfraie à l’occasion de la destruction d’un temple sanctuaire à Palmyre.

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On se souvient des Talibans à Bâmiyân… « Crime contre l’humanité ! » entendait-on proférer çà et là…Mais le massacre et cette barbarie effroyables perpétrés à l’encontre des populations ont déjà validé depuis longtemps ce qualificatif ! Et personne ne semble réagir ? Le monde (civilisé) brille par son absence… Que fait l’ONU ? Les grandes puissances tutélaires ? Ces hordes d’assassins (dérivé de hasis « haschich » ?) grignotent, peu à peu, les territoires dans une certaine indifférence…Surprenante même ! Jusqu’où ? Pendant ce temps-là (cause à effets) des hordes déguenillées de réfugiés viennent chercher l’Eldorado plutôt que l’E.I. (Etat Islamique)…en U.E (Union Européenne). Ils n’ont plus rien à perdre. Partout, la désolation et la mort…Ce vingt et unième siècle commence bien mal son entame. Si l’horreur diminue, c’est le signe que nous serons plus heureux dans une centaine de générations, si l’horreur augmente, notre Histoire prendra fin, car l’horreur final ne laissera rien *. Il faudrait sortir les vrais soldats de la paix afin d’endiguer cette sinistre marée noire. Proposer un peu d’espoir, enfin ! La planète a besoin d’un réchauffement d’humanisme et d’humanité, histoire de nous mettre un peu de baume au cœur avant l’explosion de la bombe à retardement du réchauffement climatique ! Oups. Nostradamus ne saurait plus où donner de la prédiction ! Décidément, le Moyen Age n’est plus ce qu’il était…

                                                                                                                      Laurent BAYART

* Jérusalem de Gonçalo M. Tavarès, Editions Viviane Hamy, 2008.