Tous les articles par Laurent Bayart

BILLET D’HUMEUR / ACTE 4 THEATRE / EPIK HOTEL /UNE COMPAGNIE QUI N’EST PAS AVARE DE TALENT !

Je ne résiste pas à la (bonne) tentation de vous signaler la jeune compagnie strasbourgeoise, franco-allemande, « EPIK HOTEL » qui créé en ce moment « L’Avare : un portrait de famille en ce début de 3ème millénaire » de Peterlicht, (jeune auteur et musicien originaire de Cologne) d’après Molière, mis en scène par Catherine Umbdenstock. Elle avait déjà présenté, l’an dernier, un remarquable « Dom Juan » en langue allemande sous-titré en français.

On retrouve dans cette version déjantée et musicale de « L’avare », les personnages du texte classique mais quant au reste, la dramaturgie a été réinventée et investie par ces six jeunes comédiens brillants, à l’incroyable énergie. Si on retrouve Harpagon, c’est dans le rôle du père qui veille (toujours) sur la cassette de son argent et plan épargne retraite face à des enfants –en mal de « consommables » – qui squattent leur existence. Satire d’une société de la « thune » où chacun remplit son caddie et rêve d’écumer les grandes surfaces et les boutiques de luxe. Méfiance du pater devant ce déferlement –genre « Big Bazar » punk qui réclame l’héritage en viager… Difficile de lâcher la cassette à blé !  « Pas de révolte en vue. C’est la tragique histoire d’une jeunesse occidentale, engluée dans l’attente de pouvoir consommer » nous explique le metteur en scène.

Je vous recommande (si vous habitez en Alsace) d’aller voir ce spectacle où l’on reste pantois devant la performance des comédiens (plusieurs « tirades » magistrales ! et une évocation des « femen » -mais avec soutiens gorges s’il vous plaît…), un jeu décapant (quelques longueurs parfois), une mise en espace, des décors et un jeu pertinents. Lumières et vidéos bien adaptées et des chansons, extraites du hit-parade des années quatre-vingt, qui finissent par emballer le tout et surtout le spectateur… Bravo à cette fougueuse et insolente jeunesse qui brûle les planches et laisse en amas de cendres, l’infâme cassette d’Harpagon, le trader aux doigts crochus.

                                                                                                                      Laurent BAYART

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 Calendrier de diffusion du spectacle /du 11 au 15 mars à20h30 au taps Scala de Strasbourg. Jeudi 20 mars à 20h30 au Relais culturel de Wissembourg  – 03 88 94 11 13 Mercredi 26 mars à 20h30 au Relais culturel régional Pierre Schielé de Thann – 03 89 37 92 52 Vendredi 28 mars à 20h30 au Relais culturel de Haguenau – 03 88 73 30 54 Festival Théâtre en Mai CDN Théâtre-Dijon-Bourgogne les 25-26-27 mai 2014 à Dijon/Festival Scènes d’Automne en Alsace les 14 et 15 novembre 2014 à la Filature, Scène Nationale de Mulhouse

Contacts /Marion Schmitt, chargée de production

EPIK HOTEL

http://www.epik-hotel.com

https://www.facebook.com/EpikHotel

Mobile : 06 15 78 70 41

OLIVIER LARIZZA OU LES RAYONS ENSOLEILLES DE LA LITTERATURE.

Olivier Larizza est un écrivain inclassable, liberté qui lui permet d’aller un peu partout où bon lui semble et de vous donner un rendez-vous là où on ne l’attend pas forcément. Super ! Ce surdoué de la littérature, né en 1975, est professeur de faculté, titulaire d’une thèse de doctorat sur l’écrivain irlandais Charles Robert et membre de recherches en langues et littératures européennes. Rien que ça ! Il partage sa vie entre l’Alsace et la Martinique, prenant le meilleur (le climat ?) de chaque territoire.

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Il a publié une vingtaine d’ouvrages dans des domaines variés : littérature jeunesse avec des contes, fables, essais, récits, romans, biographies…traduits dans une dizaine de langues. Tout cela chez des éditeurs de renom comme Actes Sud, Flammarion, Anne Carrière, Nathan ou Buchet-Chastel. Ses recueils de contes connaissent un indéniable succès en France. Parmi ses derniers opus, il convient de signaler, « La cathédrale » (ouvrage qui a fait un « tabac » dans les pays slaves),  un essai sur le livre numérique « La querelle des livres » et tout récemment une réédition de son récit « Le Tour de France dans tous ses états ! » car le bonhomme est passionné de cyclisme et de vélo…

Et c’est là –probablement sur une piste cyclable – que son paletot jaune s’est enchevêtré dans les rayons de ma roue qui fusait sur le même goudron cendré. Résultat, Olivier a rédigé deux préfaces pour mes livres: « Voyage en chambre à air » et « Un Tour deux roues », chroniques du Tour de France. Il va publier un nouveau prologue pour ma prochaine parution qui sera consacrée à la Grande Boucle et se trouvera, en compagnie de son compère, sur la route du Tour qui fera escale, cet été, à Mulhouse. Une pièce de théâtre écrite par Olivier sera peut-être mise en scène à cette occasion. Olivier a décidément plus d’un tour dans son sac ou plutôt dans sa musette !

A noter aussi que le Tour passera –exceptionnellement- le vendredi 27 juin à 20h à la bibliothèque de Mundolsheim où je dédicacerai mon livre en sa compagnie.

 

 

SYLVIANE BERNARDINI, SCULPTRICE DANS LES DENTELLES DE L’ART

Ces nymphes sont gainées des plus voluptueux atours : guêpières, corsets, jarretelles, bas de soie…de quoi damner quelques draperies de saints ! Formes qui attisent toutes les flammes. L’incendie s’installe dans les pupilles…voilà un extrait d’un texte que j’ai écrit à l’occasion du vernissage d’une exposition des sculptures de Sylviane Bernardini (« Les corps Enbijoutés » à la Galerie Peirani).

Le Parfum 03

Ses œuvres sont d’une pureté et d’une beauté éclatante. Emerveillement et enchantement du grain de la peau, culte du sensuel et du corps de la femme, volupté qui incendie la raison (Il  y a  le feu en la demeure !). Cette plasticienne (le terme « plastique » se révèle être tout à fait approprié) est une esthéticienne de l’art qui peaufine ses pièces maîtresses dédiées à l’érotisme.

Ainsi, déambule-t-on au gré de ses thématiques : lingerie féminine, bijoux, les « presqu’nues », les drapées, les couples, les déesses…Le visiteur de ce musée imaginaire jubile et s’extasie devant ces corps qui sont voués à la religion de l’harmonie, des formes et de cette douce sérénité des moments d’éternité. Elégant et fin statuaire où l’homme est un démiurge –ma foi- bien gâté…

Taille de guêpe détouré

N’hésitez pas à noter sur votre agenda, le vernissage de l’exposition qui aura lieu à la bibliothèque de Mundolsheim, le vendredi 10 octobre 2014 à 20h30, précédé d’une lecture musicale avec la comédienne Catherine Javaloyès et le guitariste jazz Nicolas Meyer.

BILLET D’HUMEUR / ACTE 3 / DEJA EN PISTE…CYCLABLE

L’hiver inexistant a fait que les fourmis n’ont pas arrêté de titiller les jambes de l’écrivain-cycliste. Température clémente, absence de neige, pas la moindre trace de « sucre candi » de verglas sur la piste cyclable… Bref, le poète s’est régalé durant les mois de janvier et février, enfilant les kilomètres (déjà mille cinq cents !) comme les perles d’un chapelet qui devrait s’allonger jusqu’au mois de décembre.

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Solitude du goudron et noirceur des matinées hivernales. Le poète en « chambre à air » roule et glisse en laissant s’égrainer le fil de ses pensées. Des tas de textes et projets, des idées foisonnent au gré du grincement du pédalier. Parfois, une luminosité dans la nuit. Confrère cycliste égaré dans l’improbable no man’s land de cette piste noire. Le temps de s’extraire de sa torpeur pour se saluer furtivement, chacun continue vers la ligne droite de son destin.

Arrivé aux abords du Wacken, le jour se lève timidement, quelques silhouettes apparaissent comme des rendez-vous oubliés. La piscine à ma gauche et  le Rhénus, avec le parc des expositions, à ma droite, plus avant la jonction de l’Ill sauvage avec le canal de la Marne au Rhin.

Je m’en vais au travail. Il me reste encore une dizaine de kilomètres à écrire ou plutôt à parcourir… Autant de petits bonheurs quotidiens que je note dans le calepin imaginaire de ma mémoire. La route est belle et croyez-moi si vous le voulez, j’ai croisé une cigogne ce matin. Même nos échassiers ne sont pas partis pour les pays chauds. C’est dire !

                                                                                                                      Laurent BAYART

FABIEN CHRISTOPHEL OU LES BRETELLES ENCHANTEES

Petit jet de lumière sur un compère musicien qui m’accompagne depuis de nombreuses années au fil des lectures musicales dans les bibliothèques et autres lieux. Avec son accordéon, Fabien Christophel enchante le public et les mots du poète se glissent, comme des gondoles sur le Grand Canal de Venise, au gré des notes soufflées en bouton de nacre. Elégance musicale, sens de l’improvisation inné, ses doigts dansent sur le clavier et tout cela semble si facile en le regardant…Il nous égaie, tantôt avec des airs de Stevie Wonder, Michel Fugain et, au détour d’un accord, nous réinvente une Marseillaise un peu jazzy…

FABIEN GLORIETTE

Compositeur émérite, il a déjà enregistré un compact-disque salué pour son indéniable qualité artistique. Pédagogue il éclaire les jeunes vocations pour de futures envolées musicales. Directeur de l’Ecole de Musique de l’Ensemble d’Accordéons de Strasbourg, il ne ménage ni son temps, ni son énergie pour transmettre son expérience musicale et sa passion à ses jeunes élèves.

Pour l’écrivain-conteur que je suis, c’est un véritable bonheur d’être accompagné par Fabien. D’ailleurs, si l’envie vous prend, vous pouvez –d’ores et déjà – noter sur votre agenda la lecture musicale que nous réaliserons le samedi 29 mars prochain (à 12h) au « Magic Mirrors » d’Illkirch-Graffenstaden, lors de l’édition 2014 du « Printemps des Bretelles ». Si Fabien sera bien en bretelles, votre serviteur poète lui sera doté, comme d’habitude, de sa bonne vieille ceinture…!

 

 

INTERIEUR/NUIT AU FESTIVAL INTERNATIONAL DES CINEMAS D’ASIE DE VESOUL

« Huit jours dans le noir » pourrait être le titre d’un long métrage,  un peu polar ou drame psycho, c’est la condition dans laquelle nous étions « projetés » lors de cette 20ème édition du festival des Cinémas d’Asie de Vesoul qui vient de se terminer. Une centaine de films et documentaires présentés et, d’ores et déjà, un record battu celui de l’affluence : plus de 30.000 spectateurs…

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 Je ne reviens pas sur le palmarès que chacun appréciera selon sa propre sensibilité. Là n’est peut-être pas l’essentiel. Comme je l’ai souligné dans ces colonnes, nous qui n’allons jamais au cinéma durant l’année, avons savouré ces quelques 33 films découverts durant ces six jours. Déconnexion complète et immersion totale. Films japonais, chinois, iraniens, coréens, philippins…Grâce soit rendu à Martine et Jean-Marc Thérouanne, les fondateurs et responsables de ce festival (Ne pas oublier que « fête » est la racine étymologique de ce mot …) ainsi qu’aux nombreux bénévoles qui ont apporté une indéniable chaleur, un désir de rencontres, une convivialité que l’on ne perçoit plus de nos jours dans de tels événements.

 Soirée familiale et « bon enfant » à la « Bambouseraie », véritable QG, centre névralgique, où le pouls du festival bat son plein en pulsations d’intenses émotions : repas fraternels, bonne humeur où l’on trinque à califourchon entre continents et méridiens,  tablées de banquet où, à l’instar d’un mariage, les jeux et autres « quizz » rapprochent les êtres humains. Ainsi, mon épouse fut – l’espace d’un instant – le binôme du jeune et talentueux réalisateur de « Again » de Kanaï Tunichi et Emilie et Thibaud furent – quant à eux- les  avenants et attentifs « cicérones » du célèbre réalisateur philippin Brillante Mendoza qui côtoie –excusez du peu- les grands d’Hollywood…Surprenant festival où le nœud  papillon est moins important –somme toute- qu’une amicale bourrade ou poignée de main où l’on peut communiquer son enthousiasme à ces princes de la caméra. Passion partagée au diapason de l’autre.

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Oui, j’ai adoré ces instants qui nous rappellent que l’Art n’est rien s’il ne raconte des histoires singulières et ne rapproche les existences. Et cette fête-là ressemble bien à un petit moment d’éternité, glissé comme un marque-page, dans le grand brouhaha du quotidien. 

FRANCOIS-MARIE EMILE BOUCHER OU IL ETAIT UNE FOI…

Petit focus sur quelqu’un de particulier et de totalement atypique : le père François-Marie Emile Boucher qui est aujourd’hui recteur de la Basilique Saint-Pierre Fourier en Lorraine. Je le connus voici plus de trente ans qui débarqua chez moi à Strasbourg. Vagabond inspiré, la foi chevillée en lui et déjà les mots, en vers rimés, qui coulaient de sa bouche comme des paraboles.

EGLISE CATHOLIQUE DES VOSGES – DIOCESE DE SAINT DIE – LITURGIE – MESSE CHRISMALE – HUILES SAINTES. Saint-Dié 3 avril 2012.
Durant la messe chrismale, l’évêque consacre le saint-chrème et bénit les autres huiles saintes devant les prêtres, les diacres et les fidèles.
PHOTO Alexandre MARCHI.

Jeune étudiant à l’époque, il publia quelques ouvrages dont « Haltes sur le chemin » devenu un bréviaire du voyage, une manière de rencontrer l’autre, tout au long d’une route sur laquelle il ne cessait de dresser le pouce de l’auto-stop. Beaucoup s’arrêtèrent pour confesser leurs (parfois surprenantes !) existences. Déjà le goût du partage et l’amour de l’autre, cette merveilleuse curiosité que plus personne n’éprouve aujourd’hui pour son prochain…

 Un petit clin d’œil donc à cet ami de très longue date, poète « marial » qui, lors de ses sermons dominicaux dans la basilique de Mattaincourt (Ca ne s’invente pas ! C’est un lève-tôt, vous l’aurez compris…) parsème ses prêches de savoureux jeux de mots, dont il a le secret.  Tabernacle de la contrepèterie et du verbe, ses brebis devant aux aurores, déjà se creuser les méninges. La poésie est une foi qui se décline en vers et…pour tous (et non pas « contre ») !

CHRISTIANE MEISS OU LE CULTE DE LA BEAUTE ET DU RE-ENCHANTEMENT DU MONDE

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Ancienne présidente de la société des écrivains d’Alsace et de Lorraine, elle fait partie de la gente des « plumitifs » inspirés. Elle a publié ainsi de nombreux ouvrages de poésie, des nouvelles et des récits, tels que « Sève ardente », souvenirs d’un garde-forestier, « Les rendez-vous de la clairière », un merveilleux récit poétique dédié à son fils disparu et « Réminiscence », recueil de contes et de nouvelles.

Mais Christiane Meiss est aussi une amoureuse de la nature, en extase devant ce monde si maltraité, inlassable observatrice des forêts qu’elle arpente et de ces merveilleuses petites bêtes qui nous entourent et que plus personne ne voit. Artiste-aquarelliste, elle réinvente le monde, le ré-enchante à sa manière, c’est-à-dire de façon tendre, poétique et joliment naïve. Blaireaux, belettes et furets défilent ainsi comme les mésanges et hirondelles qui tracent des v dans un ciel pastel éblouissant.

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Christiane a gardé son âme d’enfant et sa capacité (rare aujourd’hui !) de s’émerveiller devant la beauté qu’elle admire chaque jour avec son compagnon écrivain Fernand, dans leur petite maison- nid douillet- de Cernay dans le Haut-Rhin.

Elle avait réalisé la préface, ainsi que les aquarelles, de mon livre « Ivresse du vagabondage ». Vagabonde elle-même et ivre de cette nature qui nous permet chaque jour de nous ressourcer et d’avancer dans ce monde qui ne tolère que le tohu-bohu et le vacarme. Christiane baguenaude avec une marguerite entre les dents et des cerises accrochées en guise de pendants d’oreilles, accompagnée par une musaraigne espiègle et un écureuil pas banquier pour un sou !

BILLET D’HUMEUR –ACTE 2- / BIEN LE BONJOUR !

A l’heure de la communication exacerbée, du message de l’instant, du sms extraverti du portable, du twitter-et-tu-fais-quoi-toi ?, du miroir réfléchissant facebook, et j’en passe et pas forcément des meilleurs…on se rend bien compte que la toile étend ses filets et autres réseaux (sociaux) sur les coins reculés de la planète et de tous les êtres humains. Et pourtant…

 On pourrait imaginer la solitude passée d’un autre âge, mode ou siècle, et pourtant…Jamais l’être humain n’a eu –dans l’histoire universelle- des outils aussi performants à sa disposition pour communiquer, et jamais l’homme est devenu un…individu, aussi esseulé et noyé dans une masse qui fait peur. Il n’est qu’à apprécier la profusion des sites de rencontres qui ont été créés, c’est hallucinant. –Je veux t’aimer. On se rencontre ? Tout juste si vous n’avez pas le curé et le maire en option… On a tué l’esprit de groupe (et aussi d’initiative), la bonne vieille fraternité (Tiens, voilà vraiment un mot désuet ! Non?) On envoie des messages à tire-larigot mais on ne sait plus tendre la main à l’autre pour lui dire tout simplement « Bonjour ! ». Suffit, on lui envoie un courriel…et une carte « dématérialisée » de nos vacances ou pour les fêtes…C’est bon comme ça, non ?

 Force est de constater que la société s’est déshumanisée. L’homme qui devait être au centre de ce cercle est devenu absent. Encore ce matin, roulant sur mon vélo, je fais cet amer constat en croisant ou dépassant un de mes quidams, dans la solitude crépusculaire de la piste cyclable. Mon « Bonjour ! » ne récolte aucun écho. Pire, on me regarde comme un extraterrestre…Le dernier être humain ? Vive la communication ! Allez, je vous livre mes pensées par Internet…Bonjour !

Laurent BAYART