Tous les articles par Laurent Bayart

LAURENT BAYART EN TRADUCTION ROUMAINE.

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Magnifique et superbe travail de traduction en roumain de Carmen Andrei, avec l’aide de Camélia Bastea, Gianina Onacà et Ionela Staret (Atelier de traduction et de création littéraire), qui continue à mettre en forme ses textes en vue d’une édition en Roumanie du « Petit précis de l’impolitesse ordinaire » publié par Laurent Bayart en 2012. Merci à Carmen, traductrice émérite et auteure également de nombreux essais.

Episode II de ce travail éditorial publié dans la très belle revue « Dunàrea de Jos » d’avril 2022.

DANS L’ŒIL DU PHOTOGRAPHE OU LES IMAGES DANSENT.

                                                      A Erik, alias Nemorin.

Tu as toujours été porté par les images, le monde t’apparaît dans l’œilleton de ton appareil photo. Ami, le temps passe et file, mais les fraternités et les connivences restent fixées à jamais dans le fil tendu et déroulé de ce film qui raconte – dans le fond – nos vies…Mémoires des vieilles fratries, quand le temps se prend à jouer de la bossa nova avec nos articulations. Nos combats nous ont épuisés, mais nous sommes encore débout, c’est tout ce qui compte, au final, non ? Ton jardin est un vaste labo où les couleurs vertes se posent sur la palette des fines pellicules de feuilles, de plantes et de fleurs. Les salades sont dotées d’oreilles pour écouter le bruissement de nos énergies fécondes. Shaman de la chambre noire renversée par la lumière et le soleil qui pose son prisme sur la girouette. Nous sommes des mêmes mondes, ami. Frère sans le sang mais avec l’hémoglobine de l’âme qui coagule sur nos existences et bonifie nos destinées.

Clic. La photo a posé son éternité dans nos yeux. L’amitié possède un temps de pose inimaginable. Et l’oiseau qui s’envole quand tu appuies sur le déclencheur nous rappelle que la vie est magique…Un ange passe.

Cigogne, hirondelle ou tourterelle ? Qui sait où vont se poser les oiseaux qui sortent des appareils photos ? 

Peut-être sur le bras/branche du photographe ? Arbre généalogique et album qui garde précieusement tous les clichés. 

Mémoire de nos éphémères éternités…

                                                                           © Laurent BAYART

                                                                                   8 mai 2022

LIVRE / UN MANIFESTE POUR CHANGER LE MONDE AVANT QUE LE MONDE NE NOUS CHANGE…

         Voilà un livre inclassable signé par Ariel Zweig qui dirige un fond d’investissement dans des PME innovantes. Il nous propose des textes comme autant de réflexions et autres pamphlets, diatribes sur ce monde qui s’effrite et semble louper son rendez-vous avec l’humanisme annonçant des jours meilleurs. Surprenants manifestes (au titre qui intrigue)  rédigés tel un ensemble de constats et d’états des lieux amenés à nous faire réfléchir, en faisant référence à notre rapport à la société et à ses valeurs. Le bonheur, la vie, la cruauté, les espèces menacées…Tout y est évoqué, comme l’amitié qui ne change pas la société. Elle l’adoucit. La rend vivable et éclaire le monde, à l’image de l’amour.

Ces textes sont accompagnés de citations qui nous révèlent et sont comme de petits messages destinés à attiser notre pensée : On ne vit plus. On « gagne » sa vie nous affirme E.M. Duboi…Et résonne, en une étrange prémonition, cette impromptue rencontre avec l’histoire : La grande plaine russe, du Pacifique à la Baltique, ouverte à tous les vents et à toutes les invasions, rend paranoïaque ce peuple de moujiks…/…Pologne et Lituanie ont cogné sur la steppe. Kiev, capitale du Grand-Duché des Rus, où naquit l’empire, éteinte en capitale…L’ouvrage publié en 2019 résonne aujourd’hui, en un bruit de casseroles rouillées, lorsque l’histoire se prend les pieds dans le tapis. J’aime bien aussi cette pertinente métaphore sur les turbulences climatiques : Et l’homme, comme un demeuré enfermé dans son garage, fait démarrer sa voiture dans un nuage de CO2. S’asphyxie en chantant…

Et de compléter par cette citation de Bertold Brecht : Celui qui combat peut perdre, celui qui ne combat pas a déjà perdu.

Un ouvrage atypique qui pose les bonnes questions et nous incite à imaginer les réponses…

                                                                                Laurent BAYART 

L’Adieu à l’ancien monde, 12 manifestes pour un nouveau monde d’Ariel Zweig, Editions Carnets Nord, 2019.

L’ESSENTIEL SERA DANS TES YEUX

                                                                 Avec la complicité de Jules,

         Dans tes yeux, nous déposerons nos rêves les plus fous et allumerons quelques braseros d’étoiles.  Pupilles qui chanteront les soleils que nous ne verrons plus. Petit, lorsque nous habiterons le ciel et que nous ne serons plus en mesure d’apercevoir les paysages dont tu te délectes, nous vivrons dans les couleurs de ton iris et habiterons ton regard émerveillé. A toi, de refaire ce monde, de le ré-enchanter avec la magie de ton imaginaire et de tes folles inspirations. Nous serons tes oiseaux, anges gardiens et nos âmes feront de la chorégraphie autour de toi et papillonneront sous tes paupières. 

Le bleuté de l’azur comme un drapeau de paix et d’amour.

L’essentiel sera désormais fixé dans tes yeux et l’invisible éclairera le tabernacle de nos espérances. Tu seras ainsi notre cierge pour les lumières de demain.

Et peindre dans le ciel le cotillon blanc d’une colombe.

                                                                            © Laurent BAYART

                                                                                    1ermai 2022

BERNARD CLAVEL OU L’HUMANISME DE L’ACTUALITE …

Bernard Clavel (1923-2010) était un conteur et un littérateur hors pair, auteur d’une pléthore d’ouvrages dont j’étais fidèle lecteur. Touche à tout et curieux, il a publié dans de nombreux domaines de la littérature et fait aussi –durant sa vie – presque tous les métiers. Cependant, un livre atypique de son oeuvre m’a été donné de lire récemment, inspiré d’un tableau de Bruegel Le massacre des innocents dans lequel un village flamand est livré à la barbarie de soldats chargés de massacrer tous les enfants nouveau-nés de sexe masculin…

Cet ouvrage, paru en 1970, rend hommage à l’association Terre des hommes et à son fondateur Edmond Kaiser, pharmacien à Lausanne. C’est une ode à l’amour, au respect de l’enfant et un cri contre le nucléaire, décidément l’histoire semble poursuivre sa boucle infernale, jusqu’à se mordre le queue…Bernard Clavel était un humanisme, écrivant avec justesse : Savoir rester un enfant et avoir la force d’un homme, c’est le secret de la réussite. Quelle beauté et lucidité dans ses mots qui nous touchent encore. Et de rajouter : Depuis l’enfance, j’ai toujours eu besoin de guides, et c’est peut-être parce que je ne me suis jamais évadé de l’enfance que je continue sans cesse de les appeler à moi. Merveille de cette littérature qui aime tant l’être humain, Clavel rappelant qu’il y a encore des pays où les hommes savent s’embrasser.

Ce Jurassien était un révolté en constante rébellion face à cet instinct de mort et de destruction dont l’enfance fait toujours les frais. C’est cela, la civilisation : tout avoir à portée de sa main, ne rien avoir à portée de son cœur écrit-il encore. Ces mots résonnent toujours et encore en nous, dans les reflets et les tristes vibrations de l’actualité : Oui, la guerre, c’est la merde. La pire des merdes, le pire des vices, mais qui salit surtout ceux qui en sont responsables. Antimilitariste et pacifiste, il ne cessait de marteler que chaque canon qui sort d’usine, chaque vaisseau de guerre qu’on lance, chaque fusée qu’on tire, signifie –en fin de compte –un vol au détriment de ceux qui ont faim…

Et puis, il nous parle aussi de ce pilote américain : Claude Eartherly qui a lâché la bombe sur Hiroshima…Ce dernier rédige sa correspondance, précisant que ce n’est pas l’homme qui a reçu la bombe qui se plaint, c’est celui qui l’a lancée.Il se fera boucler dans un asile…

Cet ouvrage – qui n’a finalement pas vieilli – est un hymne à l’amour, à la tolérance et à cette enfance que l’on doit constamment aimer et respecter. Il en va de notre humanité et de son avenir.

                                                                                Laurent BAYART

Le massacre des innocents de Bernard Clavel, Editions Robert Laffont, S.A., 1970.

L’AMOUR ESPERE TOUT ET NOUS EMPORTERA DANS SON MAELSTROM DE TENDRESSE…

photo de Némorin, alias Erik Vacquier

                                                             

A Mathilde et Maxime,

         Que seraient nos vies, en cette période de turbulences et de sécheresse intérieure, si nous n’avions pas l’amour ? La barbarie et la violence ne représentent que de lilliputiennes larmes dans l’océan, devant l’incommensurable puissance de ce fleuve qui renverse tout sur son passage.  Amour (un nom de cours d’eau) à soulever les montagnes et les mers. Fétus de paille, nous sommes faits pour le grand et immense embrasement qui vient brûler nos âmes et dévorer nos cœurs pour aller vers l’autre. Me revient cette lettre de Saint Paul à l’adresse des Corinthiens qui résonne comme un cantique dans le tabernacle du cosmos : J’aurais beau être prophète, avoir toute la science des mystères et toute la connaissance de Dieu, j’aurais beau avoir toute la foi jusqu’à transporter les montagnes, s’il me manque l’amour, je ne suis rien. J’aurais beau distribuer toute ma fortune aux affamés, j’aurais beau me faire brûler vif, s’il me manque l’amour, cela ne sert à rien…

On devrait faire apprendre ce texte fondamental et essentiel aux écoliers mais aussi et surtout à tous ceux qui vont se marier. 

C’est le code civil de l’essentiel qui ne peut être gravé que dans le marbre de nos destinées.

Ne jamais oublier que Dieu et ses anges gardiens n’arrêtent pas de nous faire comprendre, dans le chuchotement et le non-dit de la prière, que l’amour ne passera jamais et restera comme une voix qui résonne encore, longtemps après notre disparition qu’on appelle pudiquement la mort… Vibrations de l’infini posées sur l’absence.

Aimer le plus beau verbe de notre vocabulaire qui pose son infinitif sur la conjugaison de nos existences.

                                           © Laurent BAYART

                                          25 avril 2022

LIVRE / LE MONDE SELON KIM JONG-UN OU QUI EST ROCKETMAN ?

          Ce livre, rédigé sous forme « d’enquête exceptionnelle » menée sur la Corée du Nord qui suscite phantasmes et interrogations, est publié par Juliette Morillot et Dorian Malovic, spécialistes de la péninsule coréenne. Ce pays (au relief essentiellement montagneux) défraie régulièrement la chronique avec ses tirs répétés de missiles et ses essais sous forme de provocations à l’adresse de la communauté internationale. Les auteurs rappellent cette haine viscérale de l’Amérique qui date de la guerre de Corée (1950-1953). On nous précise que 900.000 tonnes de bombes ont été larguées durant ce conflit, soit deux fois plus que durant la Seconde Guerre Mondiale. Dont acte. Ceci pour expliquer cela… Kim Jong-Un ayant fait, à son arrivée au pouvoir, le serment d’améliorer la vie de son peuple en lançant des réformes économiques, financières, industrielles et agricoles. On se souvient qu’au début des années 2000, une effroyable et surréaliste famine sévissait : un étrange silence régnait dans les campagnes…/Tous les animaux du pays ont été mangés. Les rats, les souris, les oiseaux, les insectes…Aujourd’hui, on prône les vertus nutritives de plusieurs variétés d’algues, représentant un enjeu stratégique alimentaire. Kim Jong-Un veut développer aussi le pays à la vitesse d’un cheval parcourant 10. 000 li par jour, une expression initiée par lui, en référence au cheval mythique Chollima qui, lui, parcourait   1 000 li en une journée. 

Outre des arsenaux nucléaires considérables, ce pays possède aussi (et ça, on le sait moins) une cyber-armée secrète forte de plus de 10.000 Hackers. De quoi donner des frissons aux ordinateurs de la planète…

Un ouvrage instructif et intéressant, même si les auteurs, qui avaient prédits un cataclysme nucléaire avec l’arrivée de Donald Trump, se sont largement trompés, l’ancien président ayant même réussi à apaiser les tensions et à rencontrer plusieurs fois « Rocketman »…Mais ça, c’est déjà de l’histoire ancienne. Tout le monde peut se « trumper »…

                                                                       © Laurent BAYART

Le monde selon Kim Jong-Un, Guerre ou paix ? de Juliette Morillot et Dorian Malovic, Robert Laffont, 2018.

LECTURE MUSICALE A L’EGLISE PROTESTANTE DE MUNDOLSHEIM.

J’aurai le plaisir de proposer une lecture musicale et de présenter quelques-uns de mes ouvrages le samedi 30 avril prochain à 16h, à l’église protestante de Mundolsheim. Je serai accompagné par mon ami et complice accordéoniste Fabien Christophel. Le week-end sera consacré aux photographies de Baladia Abdellali que je remercie de m’avoir invité. De nombreuses animations seront prévues durant ces deux jours intenses et riches.

  • samedi 30 avril 2022 à 16h à l’église protestante de Mundolsheim, entrée libre.

QUAND LES HOMMES VIVRONT D’AMOUR, IL N’Y AURA PLUS DE MISERE…

photo de Nemorin, alias Erik Vacquier.

Il va falloir retrouver le sens de l’essentiel, faire fi du vagabondage des gâchettes et des canons, de cette fuite en avant (vraiment ?) qui pose un monocle noir sur l’œil rouge du soleil. Le bruit des armes et celui des larmes résonne comme des culasses d’orgues de Staline. Le monde se réveille avec une immense gueule de bois. Nous ne voulions pas l’apocalypse pour nos enfants, le réchauffement climatique des arsenaux nucléaires et tutti quanti.  Le printemps et ses hirondelles sont en mal de lendemains qui chantent. Je t’aime, mon amour. Les temps sont à la réconciliation des jours arrachés et à recoudre nos blessures sur le tissu des cicatrices. Quand les hommes vivront d’amour, il n’y aura plus de misère, les soldats seront troubadours et nous, nous serons morts, mon frère…chantait le chantre de l’Isle d’Orléans, Félix Leclerc, mais aussi Gilles Vigneault et Robert Charlebois, sur des paroles sublimes du Québécois Raymond Lévesque.

Il est grand temps que les prédictions des poètes se réalisent enfin…

Les entendre, mieux, les écouter ! Et glisser dans l’amour afin que l’éternité nous apprivoise de ses tendres baisers.

Le temps d’une chanson qui ressemblerait à un hymne national ou plutôt… universel.

                                               © Laurent BAYART

                                                                       16 avril 2022

LIVRE / UN PETIT CHEF D’ŒUVRE QUI NOUS VIENT DU TATARSTAN.

          C’est un livre fleuve à l’image de l’Angara qui coule aux confins de la Sibérie, écrit par une (jeune) auteure née à Kazan au Tatarstan en Russie (non loin de Tambov) : Gouzel Iakhina. Nous sommes en 1930 et elle nous raconte la vie de Zouleikha, mariée à quinze ans à un homme (Mourtaza qui mourra assassiné) bien plus âgée qu’elle et soumise comme une esclave. Arrive ce qu’on appelle la « dékoulakisation » menée par Staline (koulak : riche propriétaire paysan), c’est-à-dire la déportation en Sibérie, d’abord, dans des wagons puis en péniche (qui finalement coulera)…Interminable voyage dans les confins durant lesquels beaucoup périront. Cela fait longtemps déjà qu’il a remarqué que les gens meurent pendant les arrêts. Peut-être que les roues, avec leur roulement bruyant, éperonnent les cœurs fatigués ; que le balancement des wagons apaise. 

Rondement menée, la narration nous entraîne dans ce grand charivari humain où l’homme ne constitue qu’un fétu de paille face aux grands bouleversements et aux totalitarismes, les terres étant « réquisitionnées », les biens et les céréales volés comme des « impôts alimentaires » par la « horde rouge ». L’histoire sort ainsi son rouleau compresseur et lamine ses propres enfants. Ainsi, la gare de Kazan est, pour toute la Russie, une fenêtre vers la Sibérie…en vue de l’établissement d’une colonie perdue dans les limbes du vaste empire soviet. 

Dans ce récit « fleuve », Zouleikha rencontrera sa destinée par le biais de personnages qui marqueront le récit, tel le commandant Ivan Ignatov, mais aussi le médecin humaniste Wolf Karlovitch dit Leibe,  Kouznets ou sa belle-mère, la Goule, effroyable statue de commandeur…

Zouleikha élèvera un enfant chétif qu’elle sauvera du chaos et du hachoir humain : Youssouf. Pour le reste, les dernières pages, passionnantes, révèleront les clefs d’une destinée à facettes où les personnages ouvriront les portes de mystères que nous n’avions même pas imaginés…

Tout simplement, un petit chef d’œuvre.

Laurent BAYART

Zouleikha ouvre les yeux de Gouzel Iakhina, traduit du russe par Maud Mabillard, Les Editions Noir sur Blanc, 2017.