Tous les articles par Laurent Bayart

BILLET D’HUMEUR / ACTE 105 / VOICI VENU LE TEMPS DES MASQUES…

         L’année 2020 sera, d’ores et déjà, placée sous le signe de ce fichu virus qui a définitivement plombé l’ambiance planétaire, mettant le mot « confinement » à la page et le masque tout azimut dans la panoplie des indispensables appendices, sésames protecteurs, afin de pouvoir se déplacer en toute sécurité (sociale ?). Qui l’aurait  cru ? Comme le disait, hier, à mon épouse (masquée) le boucher derrière son abri en plexiglass : – Trop drôle, y’a pas si longtemps, on demandait aux gens de ne pas avoir le visage couvert, afin qu’ils puissent être reconnus, et maintenant patatras, c’est tout le contraire ! Bon, ce n’est pas le même cas de…figure dirais-je, revêtant la toge noire de l’avocat du diable ! Les temps ont bien changé…

Nous voilà donc à nous balader avec toutes sortes de masques pour nous grimer le visage, en tissus fantaisistes, colorés à souhait, chirurgicaux, en becs de canard, de bricolage genre Castorama ou Leroy Merlin…C’est le grand carnaval des masques professionnels ou fabriqués dans son atelier clandestin. Chacun y allant de son imagination et de sa créativité. Tout ça pour éviter les postillons (qui étaient – je vous le rappelle – des cochers pour attelage de chevaux en des temps jadis !) et autres projections microbiennes délétères. 

Une année, décidément, complètement plombée par ce coronavirus qui – me semble t-il – n’a pas forcément lancé son dernier prout pour nous enfumer !

Un calendrier 2020 désenchanté en mode annulation et report. Et aujourd’hui, depuis le 11 mai dernier, chacun –plus ou moins – s’est relancé prudemment dans ses activités.

Reste que le port (salut) du masque est devenu IN-DIS-PENSABLE !

Ce film de science-fiction dans lequel nous déambulons, du reste assez lamentablement, prend son temps pour nous annoncer le générique du mot fin. Clap éponyme.

En tout cas, ironie du (mauvais) sort, il est désormais impossible de reconnaître les acteurs et autres protagonistes de cette super production/navet. Ben, quoi ! Ils « jouent » tous désormais… masqués ! 

                                                      Copyright : Laurent BAYART

                                                                       13 mai 2020

BILLET D’HUMEUR / ACTE 104 / VOITURE VERTE EN MODE Confiné

photo prise à Lisbonne.

         Ces cinquante-cinq jours en mode confinés auront donné l’occasion aux hommes de souffler un peu, de se mettre dans une espèce de bande d’arrêt d’urgence, de vivre peut-être l’instant et d’écouter le chant des oiseaux sur leur balcon ? D’observer les nuages se courser dans le ciel et de prendre (enfin) le temps de vivre ? De se mettre en mode sédentaire et de suspendre cette course folle à la vitesse et à la rentabilité du rendement tout azimut. 

A priori, au niveau planétaire, ce confinement aura permis aussi à la planète de souffler un peu ! L’espace naturel débarrassé de son prédateur qu’est l’être humain, l’air redevenu un zest vivifiant, les bronches des autoroutes dégagées des particules de monoxyde de carbone et des interminables files de bouchon. Mortifère queue leu leu des pots d’échappement qui gazouillent leurs sombres sonates dans l’atmosphère. Les automobiles laissées aux vestiaires/garages ou dans les rues. Leur kilométrage statique et autre compteur bloqué leur ont donné des fourmis dans les pneus. Durant ce temps arrêté pour cause de pandémie, les voitures se seront revêtues d’un peu de lierre et d’une couche de mauvaise herbe. Un bon coup de peinture en mode feuillage ! Leurs tôles devenues un petit terrain vague avec un volant en proue, tel un gouvernail laissé à l’abandon en plein milieu de cette aire de repos.

Après cette pause imposée, beaucoup se demande encore s’il ne serait pas temps de changer définitivement de mode de vie avant que le réchauffement climatique ne nous envoie dans le décor, que la pollution n’assombrisse notre horizon et que d’autres virus ne se mettent à nous faire de microscopiques crocs-en-jambe en nous envoyant valdinguer dans le néant de l’infinitésimal.

Le moment est peut-être enfin venu de se mettre au vert. Les arbres étant les meilleurs conseillers pour notre avenir. Il serait (grand) temps d’écouter leur doux chuchotement en philosophie et sagesse végétales…

                                                           Copyright : Laurent BAYART

                                                                            12 mai 2020

BILLET D’HUMEUR / ACTE 103 / EN MAI, FAIS (enfin !) CE QU’IL TE PLAIT !

          On nous promet un grand charivari, tohu-bohu « branquignolesque », après 55 jours de confinement, assignation à résidence/domicile dans nos maisons et appartements, à ne dépasser le paillasson, dieu lare du « doux sweet home », munis de notre laisser-moi-passer, atteste-station, voilà que les vannes vont s’ouvrir, en ce jour de mai, numéro 11. Date qui restera gravée dans l’historiette de la République ? On nous prédit une déferlante ; immense vague d’une agitation forcenée et d’un désir de rencontres effrénées, de rendez-vous, d’escapades, une soif à faire cramer vos pompes à marcher à n’en plus finir. Semelles vagabondes. Envie de baguenauder sans but et de dire bonjour à chaque inconnu croisé. Boulimie du partir pour ceux qui furent réduits à la sédentarisation forcée. Est-ce que le quidam sortira masqué ? Avec un paquet de p.q. en bandoulière, au cas (caca) ou ? Doté d’une savonnette pour se protéger des imprudentes poignées de main ? Un nouveau monde va t’il enfin voir le jour ? Ou bien, ce sera encore et toujours kif-kif bourricot, file et queue dans les super marchés et impressionnantes processions, ruées vers les Mac Do ? Time is changing ? Chantait-on jadis…Et on recommencera à souiller la planète en attendant la prochaine pandémie ? La razzia des moustiques-tigres, venus aussi d’Asie et que sais-je encore ? Dans la panoplie de nos peurs et des menaces, y’a des stocks engrangés pour des décennies !

Mai, que se passe t-il donc dehors ? Ce monde fou qui déferle ? C’est la grande braderie ? Les soldes à l’emporte pièce ? (Tiroir-caisse) A s’inventer un nouveau dicton : Plus personne au balcon, mai aux tisons ! Fièvre de s’en aller à l’Avventura, comme le fredonnaient Stone et Charden ?

Et si on s’inventait de nouvelles fraternités, des envies de tendresse et d’amour ? Des jours sans fin de « bienveillance, un mot très « tendance »… Insupportable pour le virus humain de la rentabilité et du business tout azimut ? Le capitalisme à tout crin (atout craint ?) enfin éradiqué ?

Voilà une occasion propice de changer le monde, car en mai, faut faire ce qu’il te plaît ! Alors, sous les pavés, la plage ? Ou simplement les caniveaux, les égouts, les catacombes ou le métro ?

Mais, réchauffement climatique oblige, notre idyllique île s’est retrouvée inondée. Notre âne atoll comme on l’avait si tendrement baptisé…a pris l’eau comme nos rêves de liberté.

Ces inaccessibles confins des lendemains meilleurs.

                                                           Copyright : Laurent BAYART

                                                                             11 mai 2020

LIVRE / PALPITANTES IVRESSES GUERRIERES ET AUTRES INTRIGUES AU PAYS DES SHOGUNS.

          Les pavés ou autres fresques historiques, avec un impressionnant tableau des personnages en liminaire, vous font soit complètement « dévisser » devant l’approche labyrinthique de la généalogie et de la parenté des protagonistes, ou bien (effet inverse) vous font entrer dans une narration palpitante et rondement menée qui vous emmène dans une fresque –quasi cinématographique – haletante et passionnante. C’est finalement le deuxième cas de figure qui s’est produit à la lecture de ce roman de Jocelyne Godard qui s’articule, sans aucun temps mort- sur cinq cent quarante pages.

L’auteure, « passionnée par la vie des femmes célèbres du passé », nous raconte l’histoire d’une femme à la destinée singulière et à l’incroyable force de caractère, Masako l’épouse de Minamoto Yoritomo qui devint le premier shogun du Japon. Femme guerrière et quasiment samouraï qui traversera les ornières du temps, les batailles et les noueuses intrigues pour hisser son guerrier dans les sphères du pouvoir. Elle devra d’abord « besogner » afin de pouvoir offrir un fils à son gladiateur, passeport indispensable pour assurer la pérennité du nom. Un fils ! Il lui fallait un fils. Cela lui devenait aussi nécessaire que l’air pour respirer ou l’eau pour boire. Guerroyer aussi avec les ambitions des concubines qui –elles aussi- recueillent la divine semence afin de procurer aussi au noble combattant un mâle successeur ! Tout cela, sous fond de gigantesques batailles entre le clan des Taïra et celui des Minamoto dont elle fait partie. Il faudra donc éliminer, les malines intrigantes et les éloigner du Shogunat. A signaler, le tableau « gargantuesque » des batailles et les descriptions qui sont une forme de prouesse, presque un gigantesque tableau où l’on perçoit les cris, l’on sent les fragrances de la tripaille et l’intense palpitation des combats au katana. On pourrait presque s’imaginer que le narrateur en a été le témoin, tant les descriptions sont finement ciselées.

Et pour le mot de la fin, je reprendrai les propos de Masako, femme au sang bouillonnant, qui résument la force et la grandeur du destin qu’elle taillera dans l’airain : – Tout d’abord, précisa-t-elle d’un ton sec, apprenez que je suis et resterai la seule épouse du Shogun. Les autres n’étaient que des courtisanes et des concubines…

                                                           Copyright : Laurent BAYART 

– Dans les plis du kimono de Jocelyne Godard, Editions Philippe Picquier, 2009.

LIVRE / ZHU XIAO-MEI OU UN PIANO AU FIL DE LA RIVIERE…

         La Chine occupe actuellement l’actu, par le biais de ce virus qui plombe l’ambiance de la planète, je vous propose de rester dans l’Empire du Milieu, par un autre biais, cette fois-ci, celui de la littérature et de la culture, avec le livre de la pianiste virtuose Zhu Xiao-Mei, devenue une concertiste de renommée internationale. Pour l’heure, celle-ci nous plonge dans la révolution maoïste et les camps de « rééducation » pour intellectuels, bourgeois et autres, que l’on appelait Chushen Bushao, des gens de mauvaise origine. Pas très reluisant tout cela…

Plongé dans La rivière et son secret par le témoignage de Zhu Xiao-Mei, elle nous propose une saga familiale (son père, étant considéré comme un opposant au régime) tout à fait particulière, dans un climat rendu délétère par cette révolution qui pousse les Chinois à la délation (même envers ses parents !) et à des séances de dénonciations et d’autocritiques qui tournent à la flagellation morale mais aussi corporelle. A la maison, s ‘il n’y avait pas de jitai (autel des ancêtres), il se trouvait bien un piano comme un talisman qui la protégera durant toute sa vie. La petite fille de l’époque nous confie : Il n’y a guère que lorsque je joue du piano que je ne me fais pas gronder. Peut-être le son de l’instrument fait-il rêver mon père à une vie meilleure…

Elle racontera, qu’une simple blague, déguisée en tentative de suicide sur un toit, se retournera contre elle et la fera passer pour une séditieuse. On l’enverra – illico – dans un camp de « rééducation », à Zhangjiako, aux frontières de la Mongolie Intérieure, le suicide n’étant pas toléré !

Début d’une vie spartiate, faite d’humiliations quotidiennes où on lui serinera la phrase/marteau : Si vous comprenez, vous devez appliquer. Si vous ne comprenez pas, vous devez appliquer quand même. C’est en appliquant que vous comprendrez. 

La jeune femme rendra un hommage appuyé et tendre à son professeur de piano Pan Yiming dit « Maître Pan ». Après, bien des aléas, Zhu Xia-Mei pourra quitter le pays, via Hong-Kong puis les Etats-Unis où elle s’établira, avant de venir en France. En un an, elle aura changé trente-cinq fois de logement…

Elle s’accomplira par la suite, grâce à sa passion pour la musique et du piano : la Révolution culturelle m’a pris ma jeunesse, à moi et à toute ma génération. Je veux rattraper le temps perdu…Avec pour compagnons de route Bach  (Les Variations Goldberg)et Beethoven. Parfois, le destin prend la poudre d’escampette. Ca s’appelle- tout simplement – la liberté.

                                                           Copyright : Laurent BAYART

La Rivière et son secret, des camps de Mao à Jean-Sébastien Bach : le destin d’une femme d’exception de Zhu Xiao-Mei, Robert Laffont, 2007.

BILLET D’HUMEUR / ACTE 102/ LA PLUIE « CONFINE » L’EAU SUR LA VITRE

L’autre jour, les nuages ont joué un ballet aérien en mode arrosage intensif. Staccatos et bourrades de vents en grains de pluie de haute densité de vibrations. Des gouttes d’eau, en lutins de flaques venues du ciel, se sont invitées sur les parois des vitres de la maison. Voici qu’elles ont dessiné une bien curieuse et surprenante carte de la météo du jour. Pas folichon ! Arabesques multiformes qui s’écoulent et gouttent, figées sur la surface de ce miroir/fenêtre. Multitudes de cotillons translucides et liquident qui s’accrochent à ce paysage, œilletons de grésil qui fixent le proche voisinage. Elles sont belles et vivaces ces instantanées de printemps grivois qui se prennent à raconter leur histoire d’eau. Erotisme fluvial en mode imaginaire.

Moi, j’aime entendre et regarder postillonner la pluie sur les carreaux. Porte-voix des nuages qui filent dans le ciel à toute berzingue, poussés par la turbulente brise rebelle, comme des cerfs-volants, dont le bout de ficelle aurait craqué. Les mains d’un enfant les ont laissé filer…comme on jette une bouteille à la mer.

La pluie est restée « confinée » sur la vitre. Elle prend le tempo de l’actualité, avant de repartir pour les lointains. Le soleil ayant passé son sèche-cheveu sur l’éphémère existence  de ces gouttelettes désormais évaporées. 

Elle semble cependant avoir dactylographié un sibyllin message sur la feuille de la vitre. Hiéroglyphe que je suis bien incapable de déchiffrer. Il faudrait un Champollion en parapluie et sa grenouille savante pour me dévoiler le secret de ces mots en gouttelettes d’alphabet.

Qu’a voulu me dire la pluie ?

                                                           Copyright : Laurent BAYART

BILLET D’HUMEUR / ACTE 101 / DE MASQUES A RADE EN MASCARADE

         Et, pan ! démie…oblige, nous voilà masqués/sapés (m’enfin presque…) comme des princes de carnaval. Mais, que nenni, il n’y a pas de loups ou des Pierrot/Colombine vénitiens ! Ici pas de gondoles non plus, ni de vaporettos, de confettis, serpentins et tutti quanti ! Nous avons affaire à des masques de protection sanitaire car le coronavirus avec son déguisement/cagoule à tête de mort nous guette, embusqué dans les tréfonds du monde de l’infinitésimal microbien. Il nous guette avec perversité dans les bas-fonds de l’invisible.

Alors, voilà t’y pas que nous nous affublons de ces curieux attributs, appendices en tissus, colorés, fantaisistes pour certains, d’autres sont plus classico-classiques, manière de protection chirurgicale avec trois couches de polypropylène ou des bidules pour la bricole de chez Castorama ou Leroy Merlin, genre travaux du dimanche. Chacun y allant de son ingéniosité !

Devant une surprenante et improbable pénurie, il aura fallu s’en remettre à l’inventivité de tout un chacun et à sa verve créatrice. Les maisons et appartements des particuliers devenant des ateliers de couture. Les petites mains ont fabriqué des gants, voire des fourreaux pour les visages. Incroyable et surréaliste situation ! Dans le genre Aide-toi (démerde-toi) et le ciel t’aidera !

C’est un peu comme si en plein carnaval, chacun avançait à visage découvert, sauf la grimace gargouille du sale minois du corona mordicus virus ! Il vous crache à la figure ses microbiennes invectives. Les pharmaciens et  disciples d’Esculape apprécieront notre extrême légèreté & autre dilettantisme.

Je tousse du bois ! J’ai eu de la chance de ne pas tomber malade ! car j’avais le nez et la bouche ouverts à tout vent ou plutôt à tout postillon ! 

Une fois le carnaval passé, il reste un char à encore défiler –pas marrant du tout – qu’on appelle corbillard. Dénommé prosaïquement voiture-balai en mode Tour de France…

Et une fois entré dans son officine ambulante, il vous faudra rendre votre dossard : je voulais dire votre masque…

                                                           Copyright : Laurent BAYART

                                                                       4 mai 2020

BILLET D’HUMEUR / ACTE 100 / 1er MAI FETE DU TRAVAIL, MAI …QUE SE PASSE-T-IL DONC AU PAYS DES CONFINés ?

          Drôle de 1ermai, cette année. Ce fichu virus s’est collé aux jolies clochettes, liliacées porte-bonheur, de nos brins de muguet. Fête du travail, ou plutôt du télé travail, confinement (des)oblige. Les « travailleurs », qui voyaient « rouge », défilent (très clairsemés) sur leurs balcons. Trois selon les syndicats. Un selon les forces de l’ordre.  On pousse les géraniums et les jardinières de madame ! Faut faire de la place. Où donc sont passées les manifestations « vintage » de ma jeunesse, les cortèges serrés en rangs d’oignons de la cigété où, mômes, on nous envoyait à la volée des bonbons que nous nous empressions de ramasser ? Le macadam était alors en goguette du côté de la place de la Bourse (la bien nommée !) à Strasbourg. Il y avait même des fanfares et des airs de musique entre les harangues/discours des syndicalistes. Nous adorions les rassemblements et autres manifestations. Pour rien au monde, loupiots, nous ne…loupions ces événements. Temps festifs et revendications en gloriette de bonne humeur. Eh oui, c’était l’bon temps !  

Aujourd’hui, le confinement a plombé l’ambiance. La pandémie aux couleurs microscopiques du coronavirus a voilé nos visages de masques, caché nos sourires, enfilé des gants à nos mains et posé de la distance sur nos rapports humains. Fini les bisous et les poignées de main. Vive les « gestes barrières » ! Les rues sont désertes. Les balcons truffés de caméras de surveillance qui zieutent la rue…

Un gars se balade avec une banderole. Vite, appelez la police ! 

Il s’avère que ce « manifestant » est tout simplement un mec qui se trouvait sur un balcon et qui –pris de folie- a sauté…

Bon, rassurez-vous : il habitait au rez-de-chaussée. Poisson d’avril.

                                                           Copyright : Laurent BAYART

                                                                       1er mai 2020

LIVRE / LES DROLES DE ZOMBIES DU COREEN KIM JUNG-HYUK.

Contrairement aux apparences, et à ce titre un peu trompeur, nous n’avons pas affaire à un ouvrage d’horreur, destiné à nous faire frissonner, mais plutôt à une talentueuse narration complètement déjantée d’un jeune auteur coréen qui nous régale avec ses (presque) sympathiques zombies. Agréable récit qui offre aux lecteurs une festive récréation dans une inspiration débridée (littérature asiatique oblige !) à en réveiller…les morts !

Kim Jung-Hyuk  nous emmène dans la ville de Gorio où toutes les communications se trouvent brouillées à cause de ces morts-vivants qui déambulent, comme des objets désarticulés dans une ville improbable qu’il invente en un cauchemar inspiré. Rencontrer un zombie, c’est scruter un espace vide, un trou sans fond.Le narrateur, Ji-Hoon – travaille dans la détection des signaux d’antennes relais -, se déplaçant dans une voiture-appartement dans laquelle se trouve, située dans le coffre, une chaîne stéréo vintage, avec disques collector…Musique à fond la caisse sur fond d’apocalypse. On pourrait y mettre du Pink Floyd pour planer !

Ainsi, nous allons à la quête de surprenants personnages, comme par exemple Hong Hye-Jun qui nous explique le jeu de Daïto pour lequel il s’agit de deviner dans quel ordre vont mourir les gens de la ville, avec indication sur les « candidats » et leurs états de santé et autres paramètres ! Autre particularité de la ville : au cimetière, les corps sont enterrés à la verticale, ce qui prend moins de place mais où les fossoyeurs ont plus de boulot car il faut creuser plus profond : s’y exprime aussi la croyance  des gens que le défunt continue à vivre dans une autre dimension et ne disparaît pas. 

Drolatique aussi cette chasse aux zombies où il est question de les « prendre » vivants : -Pourquoi les avoir pris vivants ? Parce qu’on ne peut pas les tuer. –Vous ne pouvez pas les tuer ? –On ne peut pas tuer à nouveau celui qui est déjà mort…

Et surtout, amis lecteurs, évitez de vous faire mordre par ces créatures, sinon vous allez – vous-même- faire partie de ces cadavres qui marchent sans but, à l’image de jouets dont on a oublié d’enlever les piles…Et, une fois remontées comme des toupies, difficile de les faire dévier de leur éternité…

                                                           Copyright : Laurent BAYART

Zombies, la descente aux enfers de KIM Jung-Hyuk, Decrescenzo Editeurs, 2014.

BILLET D’HUMEUR / ACTE 99 / FOOT / CLAP DE FIN SUR LES THEATRES AUX TRETEAUX DE RECTANGLE VERT

la situation est complètement foot…

         Franchement, vu la situation sanitaire liée à la pandémie du coronavirus et du confinement décrété depuis le 17 mars dernier, avec l’arrêt de tous les rassemblements publics, notamment les compétitions sportives, on pensait bien que la saison 2019/2020 des championnats de ligues 1 et 2 se termineraient en queue de poisson et qu’ils allaient prendre un sacré coup dans les ailes ! Qui pour tirer les corners ? On a donc appris hier (prière d’en finir) que le rideau s’est définitivement baissé sur les championnats de football, dont la ligue 1 qui se termine à la 28èmejournée (sur 38) avec de nombreuses interrogations sur la manière d’établir le classement final et de multitudes de questions pratico-pratiques, organisationnelles, véritables casse-têtes pour les responsables et coups de grisou financiers en direction des clubs…Les bas de laine de leurs chaussettes vont se déchirer…Business or not business…That is maintenant la quouaztionne ! L’arbitre/1erministre, homme en noir, a sifflé la fin des matches qui laisse les aficionados sur leur…faim. Le calendrier toussote. Qui pour tirer le coup-franc ?

Le spectacle est donc terminé. Il reprendra – si tout va bien (pas si sûr !) – au mieux en septembre. Les comédiens en short en en crampons vont déserté les scènes de gazon et les stades plein comme des œufs. L’omelette footballistique a décimé les poulaillers ou autrement dit Faites vos jeux (œufs), rien ne va plus ! 

On ne parle ici que de foot, mais idem dans les autres disciplines sportives et manifestations culturelles.  Le virus des annulations a dévasté les terrains d’entrainement et les salles de spectacle. Les intermittents sont aux abois. « Séché » dans la surface de réparation: qui pour tirer le pénalty ?

Et voilà : c’est bel est bien fini. Cette saleté de virus aura réussi à dégonfler la balle en cuir. Plus d’air dans les alvéoles de ses poumons ronds. L’homme en noir lève le bras pour réclamer les hommes en…en blanc. 

Les soigneurs de la croix rouge sont désormais les seules ballerines de ces salles de spectacle en herbes et à ciel ouvert. Les brancardiers arrivent en courant. Un coup de spray d’un soigneur sur la cuisse d’un joueur, qui se tord de douleur, ne suffira plus…

Les gens applaudissent sur leurs balcons.

Silence hôpital.

                                                           Copyright : Laurent BAYART

                                                                       29 avril 2020