Archives de catégorie : Blog-Notes

MON JARDIN SECRET…

                                              Sur une photo-montage de Jean-Marc Diebold,

                  Mon jardin m’accompagne à chaque moment, comme un voyage que l’on fait en pérégrinant sur les sentes des allées bordées de légumes. Ses ondes bienfaitrices portent, tels des candélabres, la lumière… Je l’aime pour la paix et la sérénité vertes qu’il m’offre à chaque seconde. Jardinier-potageur comme un élément qui fait chanter mes chromosomes de cette sainte jubilation d’exister et de vivre intensément. Un merle vient me chuchoter dans les oreilles…C’est le cantique du monde ou le bruit du ressac de l’océan qu’il m’apporte dans son bec. Les courgettes, les haricots, les salades, les tomates, poivrons, betteraves et tutti quanti sont les enfants de chœur de cette cathédrale à ciel ouvert. L’azur est composé d’une mosaïque de vitraux sur lesquels les nuages et le soleil glissent à la vitesse du dieu Éole. Les pommiers, pêchers et pruniers portent une kyrielle d’anges gardiens en plumes éparses. Le monde est si magique quand on l’aime…

Ici, tout respire la sérénité. Un passant s’arrête comme s’il s’en allait sur un chemin de Compostelle imaginaire pour faire un brin de causette en ma compagnie.

Me laissant le coquillage d’un sourire.

Puis, il repart à la conquête du vaste monde, laissant le jardinier, sédentaire et immobile, heureux d’habiter l’instant.

S’habiller de son jardin comme une âme, l’enveloppe d’un corps et s’en aller baguenauder dans le cosmos avec un brin d’herbe entre les dents. 

                                                               © Laurent BAYART

                                                9 juillet 2024

EN PARTANCE AVEC LE TALISMAN DU SOLEIL.  

                                    Sur une photo de Jean-Marc Diebold.

       Creuser le sillon des chemins sous nos semelles et partir à l’aventure des paysages, avec la boussole et le sextant du soleil qui nous guident tels des rois mages à la recherche de la divine crèche. Merveille de se glisser sur les sentes en quête de cette ivresse de vivre l’instant présent. Croiser l’autre, le pérégrin et celui qui nous offrira l’aubade d’un salut fraternel. Son sourire illuminera nos cartes et nos méridiens.

Partir et abandonner son paillasson et l’éden de son jardin.

Les arbres qui cerclent notre maison glissent une larme comme une perle que l’on gardera précieusement dans la poche de son pantalon, avec le mouchoir où sont soigneusement rangées d’autres gouttes de paupières.

Les yeux des hommes sont des cavernes d’Ali Baba.

                                               © Laurent BAYART

                                                       2 juillet 2024

SE POSER DANS L’INSTANT…

       Se poser dans l’instant et attendre l’improbable. Se pauser et observer le chant du monde et ses tendres béatitudes. Regarder frétiller les nuages au-dessus de notre tête. Où vont-ils donc ? Et cette mouette ou ce goéland en ivresse de ciel qui jongle en faisant des arabesques et autres circonvolutions dans les nuées. Sur ce banc, comme un radeau échoué au milieu d’une plage, j’entends chanter la liturgie d’un coquillage enfermé dans l’océan.

J’écoute la musique de l’infini.

Et Dieu vient me chuchoter dans les oreilles que vivre, c’est attendre le jour du dernier rendez-vous.

Lorsque l’horloge s’installe, elle-aussi, sur un banc-reposoir, l’éternité joue du piano sur notre corps.

                                                   © Laurent BAYART

                                                1er juillet 2024

TOURNEBOULENT LES BOULES JUSQU’A LA QUILLE…

                                           Avec la complicité d’Alphonse,

        Qui sait -finalement – si la vie ne serait pas un vaste bowling où nous serions réduits au rôle de simples quilles ? Quant aux épreuves elles feraient office de grosses boules lancées à toute vitesse sur nos fragiles et fluettes silhouettes, destinées à nous faire tomber, chuter et nous éliminer, manu militari, nous faisant glisser dans la grande poubelle qui sert de réduit aux quilles…enquillées ! Qui sait ? L’adversité peut renverser les destinées des hommes qui se tiennent debout, au garde à vous, alignés tels des militaires pour une parade…immobile. 

La vie est un jeu de quilles, les enfants ! Ne l’oubliez jamais ! Prenez bien garde à ce drôle de billard qui veut nous envoyer au fond du trou…et n’oubliez surtout pas de…jouer et de vous amuser avant !

Jouer en jonglant entre les chausse-trapes, évitant les pièges et les coups de boule.

Gagner, c’est finalement avoir réussi à être heureux. Le reste n’est qu’illusion, que poussière oubliée par le vent, vétille comme un instant passé trop vite, une valise qui a été oubliée sur un quai ou dans un grenier.

                                                            ©   Laurent BAYART

                                                            28 juin 2024

S’ARRETER ET REGARDER PASSER LES NUAGES…

        S’arrêter et regarder passer les nuages dans la vaste chambre à air du paysage. Les cumulus migrateurs filent et ne manquent pas d’air, telles des étoiles de coton, grandes feuilles volantes et post-it blancs où la météo capricieuse s’écrit en filigrane. Instants de pause où le temps se repose et s’imagine en confettis d’éternité. Suspendre la course folle et regarder les longs échassiers et les coursiers du ciel filer d’un trait de plume dans l’azur. S’inscrire dans la contemplation du monde et laisser nos montures-destriers attendre patiemment le retour de ses cavaliers.

Nous sommes des passants installés dans ce moment furtif que l’on a fixé comme un marque-pages dans le calepin de rendez-vous programmés longtemps à l’avance.

Et demain, plus tard ou dans quelques minutes, repartir en enfourchant nos divines montures. Pérégriner sans coquilles ou coquillages sur une sente de Compostelle imaginaire.

Oublier toute destination en ne retenant que l’ivresse de se perdre en chemin. 

Un nuage telle une borne fait tourner la girouette du vent.

                                                © Laurent BAYART

                                                          27 juin 2024

NOUS MARCHONS SUR LE FIL TENDU DE NOS PAUPIERES.

        Marcher, toujours et encore dans la jubilation d’avancer et l’ivresse de se tenir debout. En fermant les yeux pour mieux y percevoir et sentir le monde qui joue de l’arpège devant nous. Marcher à l’aveugle avec le monocle noir d’un obturateur d’appareil photo sur les yeux. Bonheur de cette pérégrination de l’instant. Palpitations d’imaginer les paysages défiler devant nous et la caillasse crisser sous nos semelles. La sente déroule son tapis volant entre fougères et ronces. Se maintenir sur le chemin, coûte que coûte, comme on garde le cap d’une odyssée maritime. L’île, à moins que ce ne soit un continent, ne se trouve pas loin.

Marcher à la rencontre de l’autre pour réinventer les fraternités échappées.

Puis, revenir sans connaître la direction à suivre, ni l’adresse de la partance.

Comme si notre maison, notre boite à lettres ou notre paillasson nous avait tout simplement oubliés…

Humilité des bourlingueurs qui n’ont jamais de billet de retour et qui ont gravé sur l’écorce d’un sapin leur destination.

Un cœur fendu d’une flèche.

© Laurent BAYART

                                                 25 juin 2024

LA LUMIERE VIENDRA TRACER SA LIGNE DROITE JUSQU’A NOTRE AME…

        La lumière chante la psalmodie du ciel et de ce soleil qui nourrit notre âme de sa présence divine. Le merveilleux et l’enchantement doivent illuminer nos cœurs pour une offrande d’amour perpétuelle. Les anges, tels des oiseaux migrateurs, semblent s’envoler jusqu’à nous dans un tourbillon d’énergie féconde, en folle échappée d’azur, afin d’y planter leur flèche de plume à l’image de clous sur la croix du calvaire. Se Laisser envahir par cette lumière de l’absolu qui vient irriguer nos existences de cette quiétude et de cette magie qui viennent des aurores lointains. 

Ce chemin de croix offre la narration de l’essentiel à celui qui sait lire et déchiffrer les messages du Très-Haut. Nous nous laisserons guider par les signes de l’invisible et les bienfaisants filins d’or des rayons du soleil.

L’être humain est fait pour cette part de mystère qui lui raconte l’essentiel. Que serait-il, sinon qu’un point dans l’infini ?

Puis continuer la route – vaille que vaille – en pressentant cette Présence habitée, comme si, soudain, l’ombre se remplissait d’une luminosité de tabernacle.

Tel un tsunami de lumière qui nous emporterait vers le plus Loin et le plus Haut.

                                             © Laurent BAYART

                                         21 juin 2024

LE JARDIN, UN APPENDICE DU PARADIS…

                                                      A Saint-Fiacre,

          Le jardin est protégé par les saints et autres anges gardiens bienveillants qui veillent sur cet espace de paix et de sérénité. Petit paradis tellurique où règne la félicité de la nature qui est la divinité tutélaire des lieux. Ainsi, parfois, dans le friselis et chuchotement des feuilles de cerisiers et de pommiers qui se frottent ensemble, comme on se savonnerait les mains, on peut percevoir le halètement du labeur d’un saint bêcheur qui travaille, dans l’invisible de l’instant, avec sa bêche comme avec une férule sacrée. 

Je le sens à côté de moi qui besogne la terre comme on affréterait un tabernacle. Là,  s’engrange le trésor des hosties dans le coffret magique d’un ciboire qui est telle une meule de foin recelant le corps du Christ. Métaphore de ce qui deviendra une crèche…

Quelques pèlerins passent nonchalamment sur les sentes imaginaires du potager : Une limace et quelques escargots en déshérence.

Et, miracle des miracles, ils n’ont pas daigné mâchouiller, de leurs microscopiques mandibules, les feuilles de salades…

Le jardin étant protégé par la dive caméra de surveillance de Saint Fiacre, patron des maraîchers et des jardiniers…

Le Très Haut veille sur le Très Bas. Chacun se retrouvant à la croisée des chemins dans la paix de Dieu qui veille sur la terre par l’enchantement des cieux.

                                                               © Laurent BAYART

                                               1 9 juin 2024

LE SEIGNEUR DES ANNEAUX (OLYMPIQUES !).

                                             Avec la complicité de Gustave, photo de Claire-Elise Marques.

          Le baron Pierre de Coubertin ne s’y retrouverait pas dans ce fatras d’anneaux, seigneur comme c’est bien compliqué ! L’important, c’est de participer, oui mais…On s’emmêle les paluches dans cet embrouillamini de couleurs en cercles concentriques qui claquent sur le sol comme le tissu des drapeaux dans le vent, en un patchwork de pays. On joue à la marelle avec l’esprit olympique. La vie représente un ensemble de disciplines sportives dans lesquelles, tout un chacun, doit faire face, à l’image d’un athlète et aller jusqu’au bout de cette longue ligne droite… Ainsi, les enfants se préparent à cette existence qui s’apparente à une course folle où ils tenteront de décrocher une place sur le podium. La vie, telle une compétition, s’apparente à un parcours de combattant où l’on essayera de décrocher sa médaille. 

Celle du bonheur se teinte de la couleur d’or du soleil et du blé.

Vertigineuse compétition qui ne s’arrêtera qu’à l’ultime épreuve. Le butoir de la fin. Ligne d’arrivée de la destinée.

En attendant, l’essentiel n’est pas forcément de gagner et de lever ses bras en forme de V, mais d’être tout simplement heureux dans l’ivresse de courir en duo d’Amour. En équipée sauvage…

L’anneau glissé dans un doigt…Ivresse de s’aimer avec cet annuaire en goguette comme un cachet de la poste faisant foi…

                                                               © Laurent BAYART

                                                17 juin 2024

IVRESSE DES CATHEDRALES.

                 Le ciel est entré dans la cathédrale, comme si la lumière d’un tabernacle géant venait faire glisser une pluie d’étoiles sur sa voûte. Les saints des statues se sont mis à psalmodier des cantiques, tandis que des éperviers, des tourterelles et des pigeons voyageurs ont joué les chorégraphes ailés dans ce lieu habité par l’esprit. On dirait des moines tombés d’un nuage. L’autel semble enchanté par je-ne-sais-quelle lumière divine. Prier c’est chanter dans l’ouate du chuchotement. Les louanges de cette ineffable Présence nous enchantent et émerveillent à chaque instant. J’aime ces lieux habités par Dieu, où les étoiles semblent avoir choisi de s’arrêter et de méditer dans ce cosmos de vitraux et de stalles.

Cathédrale où souffle l’Esprit. Et près de la divine et sainte croix, près de l’autel, un homme agenouillé parle à l’Invisible.

Ses paroles et ses mots sont comme un évangile de sons qu’il distille dans le silence de l’instant.

L’éternité semble s’être arrêtée là.

                                             ©  Laurent Bayart

                                                      14 juin 2024