Archives de catégorie : Blog-Notes

UNE BELLE ECHAPPEE DE CIEL POUR DECOLLER DE L’INSTANT…

         

photo Marie Bayart

Regarder le ciel, c’est s’abandonner à la pesanteur de la terre. La crête des cimes des arbres dessine des arabesques sur la toile bleue de l’azur, comme des veinules venant irriguer l’espace. Tels des cierges et des candélabres, les sapins sont les porte-plumes de la forêt qui offre sa liturgie et son cantique verts à l’incandescence du soleil. Echappée de sève qui s’élève de l’humus pour aller s’envoler vers les nuées. On dirait des fougères géantes qui viendraient chatouiller les narines de Dieu.

Il suffirait d’un éternuement pour que l’orage vienne jeter l’effroi avec ses postillons de nuages grisâtres en kyrielles de tourbillons de vents.

Graminées qui s’en vont répandre leurs pollens féconds afin d’enchanter la genèse de nouvelles étoiles dans la grammaire du cosmos. 

Le ciel et la terre à nouveau amoureux comme à l’instant premier du monde.

                                                                          ©  Laurent BAYART     

                                                                                  26 janvier 2022

CASCADE ET OMBRES FURTIVES DANS LA FORET.

photo Marie Bayart

Jubilation de la cascade qui vient faire chanter les fougères et les ronces de la forêt. Des filets d’eau vive fusent entre les pierres et les rocailles habillées de mousse comme une rouille minérale. L’humus des sapins constitue un épais tapis moelleux qui exhale les odeurs de la terre et de l’indicible. Quelques cèpes, giroles et autres pieds de mouton ont chaussé leurs palmes afin de taquiner un aréopage de truites buissonnières. La sylve se retrouve hantée par quelques ondines et lutins cueilleurs de bluets et de mûres sauvages. La musique du torrent propose sa symphonie en chute mineure. La nature offre sa magie et rend grâce à ses divinités domestiques.

Dans les broussailles, l’ombre fugace d’un cerf ou d’un sanglier vient poser sa signature déambulatoire sur ce paysage de verdure.

Plus loin, un claquement sourd se fait entendre. Un chasseur en treillis tente de remplir son havresac. Il se rend au supermarché de la forêt, avec son caddie/gibecière, le fusil en bandoulière et fait la queue au rayon viande.

Mais personne pour le servir. Il n’a pas pris de ticket.

Un chevreuil magasinier lui demande de faire la queue comme tout le monde…

Aujourd’hui : promo à deux balles.

                                                         © Laurent BAYART 

                                                                                      24 janvier 2022

ARTS PLASTIQUES / IARINA ANDREI OU L’IMAGINAIRE QUI COLORIE LES FORMES.

Un nouveau petit focus sur notre filleule roumaine Iarina Maria Andréi, jeune artiste roumaine dont nous avions déjà salué les surprenantes et talentueuses productions artistiques. Elle poursuit et même persévère sur son chemin qui la destine à une très probable carrière artistique. Elle travaille actuellement dans une Université d’Arts Plastiques et Design en Angleterre où elle peaufine sa matière. Iarina réalise des maquettes de pochettes de disques, tee-shirt, objets divers, poteries, ustensiles et couvertures de livres…La justesse de son trait lui offre de belles perspectives d’avenir et des promesses pour le futur. Aujourd’hui, elle nous gâte et régale avec ses créations et les objets qu’elle conçoit. Du travail d’artiste et un talent, en paillettes d’or, aux bouts de ses doigts. Son imaginaire pianote avec dextérité et précision, en jouant avec son inspiration qui explose en bouquets de couleurs et de formes.

Iarina.artworks@gmai.com

Laurent BAYART

NOUVELLE EDITION DU FESTIVAL INTERNATIONAL DES CINEMAS D’ASIE DE VESOUL OU LE VIRUS DU CINEMA QUI NOUS DONNE LA FIEVRE DU SAMEDI SOIR, MAIS PAS QUE…

         Après une année blanche (2021), à l’instar d’une toile d’écran de projection, la passion et cette irrésistible envie d’Asie reprennent leurs droits à Vesoul avec la 28èmeédition du Festival International des Cinémas d’Asie qui nous emmène dans un caravansérail d’images époustouflantes vers cette Eurasie si fertile en imaginaire. Pas facile de se remettre sur la route cinématographique de la soie dans un contexte étriqué et compliqué, via le passeport ou plutôt les barrières (sans gestes !) de la pandémie de ce fichu covid… 

Martine et Jean-Marc Therouanne ont repris leur bâton de pèlerin pour un chemin de Compostelle asiatique qui nous emmène, en tapis persan, jusqu’en Iran, Afghanistan, Kazakhstan, Ouzbékistan, Kirghizistan et Tadjikistan…Excusez du peu, comme on dit ! Cette année, les thématiques sont multiples : L’histoire en toile de fond, Visages des cinémas d’Asie contemporain, Regard sur les cinémas des routes de la soie, hommage à Kôji Fukada et Xie Fei, Regard de l’Occident sur l’Asie….sans compter les nombreux films en compétition dans plusieurs sections.

Et puis, il y aussi ce focus si tendre et attachant, rendu à Marc Haaz, qui fut la cheville ouvrière du Festival, disparu tragiquement en juillet dernier. Jean-Marc Therouanne a écrit ce texte magistral pour lui rendre un vibrant et émouvant hommage, tel un chant de grâce et d’amour lancé à cette silhouette qui hante désormais les coursives du Majestic : Tu vois Marc, ce n’est pas le scénario que l’on avait convenu. C’est toi qui aurais dû dire quelques mots le jour où mon heure serait venue, mais la Parque aveugle nous a censuré en coupant injustement la pellicule  du film de la vie…

Que le spectacle continue ! Qu’on a coutume de lancer en ces circonstances. Même si l’ombre de Marc veille discrètement sur la technique, la régie, l’équipe des bénévoles et la bonne synchro des films présentés, en jouant à saute-mouton avec son casque audio en collier, entre les différentes salles, ajustant le micro des invités et autres…

Qu’importe le chemin pourvu qu’il mène à un autel…déclarait un personnage de film*, alors gageons que cette dernière sente t’emmènera dans une bobine enchantée qui ne connaîtra jamais le mot fin.

C’est peut-être ça, après tout, la magie humaniste de ce festival « où chaque spectateur porte un nom »**, à savoir que l’on reste présent pour l’éternité, à l’image d’un fidèle spectateur… 

                                                                                 © Laurent BAYART

Festival International des Cinémas d’Asie de Vesoul, du 1erau 8 février 2022

www.cinemas-asie.com

** extrait de mon livre « V’Asie à Vesoul ! » paru en 2019 avec des photos de Nemorin.

DEUX COMPLICES SONT EN TRAIN DE LIRE…

                                                       A Jules et Alphonse,

Les deux complices jouent du piano sur les touches alphabétiques de leur livre. Leurs yeux se délectent des histoires qui se déroulent devant eux. Lire comme on croque un chocolat et suce un bonbon, avec gourmandise et délectation. Coquins petits lutins qui aiment tant les délices de la lecture. Les mots constituent leur grande aventure ! Leur échappée belle… Des enfants qui aiment les livres sont comme des promesses de lendemains meilleurs et qui chantent un peu grâce à eux. Ils glissent ainsi un zest d’espérance sur les agendas des jours qui se lèveront.

Ces deux complices, lecteurs fidèles, ont bien du cœur à l’ouvrage. Quand on aime les mots, le monde devient toujours plus beau. C’est bien connu !

Un jour, ce sont eux qui le réinventeront et le ré-enchanteront.

Il était une foi (s)…en l’avenir…ainsi, commence la grande histoire de leur vie.

Qui sait ? Peut-être que l’un d’entre eux se mettra – lui-même – à faire danser son stylo sur les feuillets d’un futur livre ? 

Lire (ou écrire) est un rendez-vous qui met du soleil sur le marque-page du quotidien.

                                                                © Laurent BAYART 

                                             18 janvier 2022

J’AI APPRIS DU CHEMIN…

photo de Némorin, alias Erik Vacquier.

          J’ai appris du chemin le goût de la solitude, la caillasse fichée dans la semelle qui transforme la sente en petite route de la soie et en parcours d’un calvaire de croix. J’ai appris du chemin l’ivresse des rendez-vous impromptus, du hasard des rencontres et de cette soif d’aventure qui vous fait exploser le cœur de ne jamais connaître ce qui se trouve au tréfonds des lisières et de l’horizon. J’ai appris du chemin l’odeur fauve des fougères et l’épice pimentée des feuilles suspendues à la patère des sapins, la romance musquée et sauvage d’une silhouette de chevreuil ou de sanglier, l’éclat de cette poésie verte qui chante dans l’exubérance ombrée des forêts. J’ai appris du chemin cette échappée de liberté et de lumière qui mène aux confins, jusqu’au butoir des mondes.

Et là, s’asseoir dans le creuset de l’instant qu’on appelle l’éternité. La mort ?

Non. Juste, le bout du chemin.

                                                                   © Laurent BAYART

                                                                       16 janvier 2022

LA SIGNATURE DE MA SOIF.

         Les mots ont soif et s’offrent une petite pause détente. Bière d’encre pour rassasier le feu de la syntaxe, l’incendie du vocabulaire et de la grammaire. Houblon noir qui se fixe sur les feuillets de l’imaginaire. L’alphabet s’encanaille joyeusement et se concocte des ivresses calligraphiques. L’inspiration baguenaude nonchalamment au bout de mon stylo/stylet. Ecrire pour voyager debout, toujours en instance de fuite et de vagabondage. Sur ma table défilent des mondes à inventer. J’écris comme un noctambule illumine ses nuits et un funambule dame son fil, farté de ses pas d’équilibriste.

Pendant ce temps-là, les feuilles se remplissent d’un désir d’encre.

Et mon verre à l’image d’une clepsydre s’avère orphelin de son divin breuvage. 

Ma soif est rassasiée. Mon inspiration apaisée.

Au bas de la page, comme un stigmate sur un verre, la signature de mes lèvres…

                                                                          ©Laurent BAYART 

                                                                              14 janvier 2022

LES LIVRES SONT LES MARQUE-PAGES DE MON AME…

          Bonheur de vous avoir à portée de mains dans l’ivresse des découvertes et de cette soif d’aventures littéraires qui m’étreint chaque jour. Boulimie de lire et de parcourir les sentes de la connaissance dans le cabinet des curiosités de ma maison. Une bibliothèque est un port maritime, un terminal d’aéroport, un vaste rond point routier et autre carrefour, destinés à vous entraîner dans le « vaste monde », ses confins et ses « finistères ». J’aime feuilleter l’improbable de ces pages qui sont comme des cartes et des portulans qui nourrissent mon ivresse de vagabondage. 

Par le talisman d’un livre, un irréductible sédentaire devient roi de la bourlingue, un Jack London, Blaise Cendrars ou encore une Ella Maillart et un Sylvain Tesson.

J’aime m’abandonner à la plénitude de ces feuillets dont la pagination constitue les bornes de ma route.

Echappée belle et rebelle où les pays défilent tels des personnages imaginaires. Les livres sont les marque-pages de mon âme.

Le mot fin ne représente « finalement » qu’une petite mort car vous voilà déjà ressuscités à l’entame d’un nouvel ouvrage !

                                                      © Laurent BAYART

                                                                               12 janvier 2022

LIVRE / UN COSY POLAR ENTRE BRETZEL ET BEURRE SALE.

          Nous avons affaire à une intrigue rondement menée, sous la plume de Margot et Jean Le Moal, qui se dissimulent dans la cagoule d’un pseudonyme qui – lui-même -se cache sous le masque d’un autre pseudonyme car, Jacques Vandroux (qui n’a rien à voir avec le chroniqueur footballistique) s’avère être un auteur de thriller. Bretzel & beurre salé nous emmène en Bretagne, par l’intermédiaire de Cathie Wald qui décide de s’installer à Locmaria, à la pointe de Kerbrat. Cette Alsacienne divorcée décide d’ouvrir un restaurant de spécialités alsaciennes qui va faire courir le landernau local et nous allons avoir – à cette occasion – une galerie de personnages attachants, voire décapants ou sulfureux.  Les chapitres s’enchaînent, l’écriture y est limpide et l’enquête (car un décès par empoisonnement y a été perpétré) est effectuée par la gendarmerie de Quimper. On y découvre les édiles locaux, dont un obscur Jean-Claude Quéré qui semble tirer les ficelles d’une macabre dramaturgie, tandis que le gentleman Charles Highbury traîne son mystérieux charme so british et qu’Erwan Lagadec – le cuistot embauché par Cathie – essaie de se débarrasser de ses vieux démons…Une sacrée cuisine !

Franchement, on ne s’ennuie pas une seconde dans ce cosy polar élégamment écrit et qui, en se terminant, s’ouvre déjà sur une suite, sous forme d’un second tome. L’Alsace et la Bretagne, en mouettes et cigognes, forment un duo des extrêmes qui régalent à l’instar d’une choucroute royale. Les auteurs évoquent un certain Mark Cavendish et un paradis fiscal situé sur l’Ile de Man d’où vient –justement – le champion cycliste éponyme et autre roi des sprints. Les auteurs seraient-ils des aficionados du Tour de France. Normal, la Bretagne est terre de vélo ! Non ? 

                                                                             Copyright : Laurent BAYART 

Bretzel & beurre salé, une enquête à Locmaria de Margot et Jean Le Moal, Calmann-Lévy, 2021.

TES CHEVEUX FONT CHANTER LES OISEAUX

photo de Moa…

                                                      A Camille,

En herbes folles de toison d’or, les cheveux de Camille dansent une bossa nova endiablée en l’honneur d’un peigne orphelin qui chercherait son Figaro émérite. Beauté sauvage de l’instant en ivresse de liberté. Lumière en liturgie de clarté vagabonde. La petite fille est une gerbe de fougères et de fleurs en goguette de blé, à l’effigie d’un soleil coquin et taciturne. Crins de chevelure qui dessinent des arabesques et esquissent quelques bouclettes diablotines sur sa tête. Un serre-tête peut-être ? Un bandeau, une queue de cheval ou des élastiques ? Diantre, Comment domestiquer ce petit champ fauve qui effarouche le quidam ?

Plus loin, des ciseaux font des ronds de jambe et écartent leurs lames tels des compas de géomètre.

Comme une menace de sécateurs sur l’exubérance d’une haie qui fait chanter les oiseaux, ta crinière est une symphonie écrite sur une invisible partition.

Le magistère/chef d’orchestre a perdu sa baguette…

                                                     ©  Laurent BAYART

                                                                                10 janvier 2022