Tous les articles par Laurent Bayart

L’INFINIMENT PETIT TOUCHE L’INFIMENT GRAND…

                                             Avec la complicité d’Alphonse,

         N’oublions jamais que nous ne sommes que des confettis devant l’immensité des étoiles et du cosmos, de petites poussières qui gigotons, tant bien que mal, sur le fil tendu d’une immense toile d’araignée qui n’est autre que la voie lactée… Peccadilles de l’univers, infimes étoiles de mer dans l’océan. Nous levons les bras mais nous ne pouvons même pas imaginer effleurer l’apostrophe d’une étoile filante ou d’une nova. Nos destinées sont rédigées et gravées sur la coquille d’un mollusque ou l’écaille d’une raie. Bonheur de cette jubilation d’exister dans cet infiniment grand que nous ne faisons que côtoyer. Nous croyons inscrire nos mots sur la stèle de l’éternité mais nous ne faisons qu’émettre un son éphémère qui s’envolera à peine prononcer, emporté par une brise interstellaire. 

J’aime lever mes bras comme l’oiseau tend les virgules de ses ailes pour s’envoler.

Oui, partir et conquérir ce qui nous échappe.

Le bonheur c’est de savoir que le sable s’écoule de nos mains par la bonde ongulée de nos doigts. C’est là que l’imaginaire commence et que le merveilleux vient enchanter notre monde…

                                                                    © Laurent BAYART

                                                                                10 août 2023

L’IVRESSE DE SE CONJUGUER ENCORE ET TOUJOURS…

         

A Véronique,

Nous avons eu des ivresses vagabondes à se brinquebaler contre vents et marées sur la crête des vagues et l’écume des tourbillons. Chahutés souvent et pris dans des tempêtes qui ne disaient pas leurs noms. Emportés aussi dans des ouragans qui ont chaviré nos destinées dans d’improbables rendez-vous. Nous nous sommes accrochés, tant bien que mal, à ce besoin d’être encore et toujours debout, scotchés au mât à l’image d’un autel, droits comme ces navires qui essuient de gigantesques lames mais gardent le cap sur cette île à l’horizon. Eldorado d’un clocher tel un phare qui brille et brûle au loin, nous offrant l’espoir de nouveaux soleils à conquérir. Un clocher aux confins comme l’estuaire d’une croix.

Conjuguer nos vies, à en oublier nos propres terminaisons pour rester dans notre tempo et diapason.

Avec le verbe Aimer que nous n’imaginions pas vibrer encore si lontemps en nous.

Et puis, continuer le chemin, les dernières foulées étant les plus belles et fécondes.

Notre Compostelle à nous, avec deux ailes pour voler plus haut et plus loin.

Le reste n’est que poussière d’étoile dans nos yeux encore émerveillés.

                                                               © Laurent BAYART

29 juillet 2023

LE SOLEIL S’EST POSE SUR TON VISAGE ET…TOURNE SOL…

                                                                        A Jules,

         Les champs gardent précieusement quelques soleils-hélianthes en miniatures géantes au bout de longues tiges, tels des bâtons de barbes à papa.  Une multitude de feuilles jouent aux nuages en une symphonie de verdure qui forme une épaisse taïga végétale dans laquelle on se perd irrémédiablement…Échappée de luminosité en tournesol jaune d’or qui offre à l’instant une aubade magique. J’aime me fourvoyer dans cette ivresse végétale constituant un labyrinthe, à l’instar de celui formé par les épis de maïs menant à un improbable Graal vert, comme en un jeu naturel qui déplie sa féérie ludique. Une multitude d’astres semblent sourire à quiconque souhaite s’y abandonner et s’y perdre, en cette terre si généreuse et féconde où s’égarent quelques oiseaux traversiers en quête de solitude. Ici, le ciel fait semblant d’habiter le sol pour y semer une profusion de grandes étoiles. Voie lactée verte.

Plus loin, le grand scarabée mécanique d’un tracteur fait office de vaisseau spatial. Un agriculteur-cosmonaute s’en va ou plutôt s’envole à la conquête de la glèbe du cosmos.

Au bout de son exploration et de sa quête, il viendra apprivoiser une terre nouvelle pour y poser d’autres semis d’étoiles…mais ceci est une autre histoire.

Tourne le sol autour d’un immense soleil. Tous les jours, les êtres humains s’inventent de nouvelles planètes.

Il suffit juste d’imaginer un nom !

           © Laurent BAYART

                                                                          24 juillet 2023

IVRESSE DE VERDURE DANS MON JARDIN.

          Je me délecte de l’ivresse de verdure que m’offre, chaque jour, avec générosité mon jardin. Je respire sa folle exubérance avec les alvéoles de mes yeux et gobe la multiplicité des tons de vert dont il me gratifie. Végétale générosité qui remplit mon cœur et mon âme de cette sérénité si précieuse. Apaisement tout en quiétude d’être au diapason et en harmonie avec tous les éléments qui le compose. Là, je ne suis qu’un simple rouage, un insignifiant confetti de lumière comme le petit merle qui vient me faire un surprenant « coucou » à mes pieds ! Comme s’il voulait me faire un clin d’œil ou plutôt d’ailes… Ill n’a pas froid aux yeux, le bougre ! J’aime ces instants essentiels volés à l’horlogerie du temps qui passe si vite…

Plus loin, la gommette d’un papillon virevolte en un kaléidoscope de couleurs autour de moi.

Le bonheur est dans l’instant. Et mon cœur semble battre si lentement qu’il semble faire semblant de s’être arrêté pour -lui aussi – savourer l’instant…

Quel farceur !

                                                 © Laurent BAYART

                                                22 juillet 2023

LES REFLETS DE LA SAUER COMME UNE MOSAIQUE DE VERDURE A LA MANIERE DE DONATIEN BREINER.

C’est un miroir enchanté qui se glisse dans l’œil du photographe se faisant artiste-peintre et batelier au fil de l’onde de la Sauer. Elle s’écoule comme une palette en y posant la multitude des reflets de la végétation qui l’entoure. Donatien a fixé ces moments où le paysage s’imprime dans la rivière. Les arbres de guingois, la flore, les fougères et l’exubérance verte des rives et des abords jouent en prisme de couleurs, suscitant l’émerveillement de l’observateur. A peine, pourrait-on distinguer le pinceau d’une carpe ou d’une anguille ! Le photographe a capté l’instant en utilisant l’eau, telle une toile tendue où se glisse la gouache ou plutôt l’aquarelle de sa création. 

Regardez bien et vous y distinguerez quelque part, la signature du photographe, en bas dans un coin, comme un caillou qu’on jette dans l’eau et qui laisse l’écho muet de sa parole en ricochet.

                                                                    © Laurent BAYART

*photographies de Donatien Breiner, « reflets de la Sauer », « Le jardin d’Elisabeth et de Didier », 11, rue du Stade à Betschdorf, le dimanche 13 août 2023 de 14 à 17h. Entrée libre (plateau).

LAURENT BAYART AU GIRMONT/VAL D’AJOL.

Laurent Bayart sera présent, comme l’an dernier, au Marché des Producteurs du Girmont-Val d’Ajol où il présentera ses derniers ouvrages dont son dernier opus littéraire consacré au pays : « Il n’y a rien qui ne Val d’Ajol ! ». Il sera accompagné par la joueuse d’épinette Simone Manens. Venez nombreux lui faire un petit coucou à cette occasion !

  • le vendredi 4 août 2023 à partir de 18h (devant la mairie), Marché des Producteurs du Girmont-Val d’Ajol (88340).

LA (SAINTE) DAME QUI REGARDE VERS LA LUMIERE…

Sur une photo de Rémi Picand (la Vierge de la grotte du Val d’Ajol)

        Qui racontera ce chemin de lumière qui nous fait plonger dans le grand bleu du ciel ? Les yeux en offrande et en prière qui escaladent l’invisible échelle installée devant nous. La « dame du rocher », comme le chantait Jean Humenry, pose son regard sur cette ivresse de luminosité qui balance nos âmes dans le vagabondage de l’Amour. Qui dira cet instant précieux qui fait palpiter nos corps et nous fait chavirer de félicité ? Regarder les nuées, c’est offrir un peu d’espérance et d’amour à cette humanité qui a soif de lumière. Qui verra la signature des anges sur l’horizon et sur la canopée des cumulus ?

Cette femme, bénie entre toute les femmes, raconte l’infinie patience des sources, la douce sérénité d’une feuille de chêne et la sagesse d’un scarabée cheminant dans la caillasse.

Chacun regarde, à sa manière, le ciel comme si les nuages devenaient des cantiques poussés par le souffle du vent…Celui de l’Esprit probablement.

Regarder vers la lumière, c’est déjà suspendre le temps. 

On appelle cela tout simplement l’éternité, mais sans le cierge de la majuscule.

                                                 © Laurent BAYART

                                                          13 juillet 2023

LIVRE / L’USAGE DU THE DE LUCIE AZEMA, COMME UN VOYAGE AU GRE DES THEIERES, DES VERRES ET DES SAMOVARS.

          Ce livre, somptueusement original, représente une découverte et un instant de grâce, voire de poésie, tel un voyage en Asie et en Perse pour venir y goutter cet Usage du thé à l’instar de celui du monde de Nicolas Bouvier. Lucie Azema se définit comme une voyageuse au long cours, ayant vécu au Liban, en Inde et en Iran. Outre, l’esthétique de cet ouvrage aux mille effluves avec ces photos sépia où des samovars, des théières et des tasses font de la chorégraphie dans des lieux improbables de la géographie, à l’instar de ce train en Ouzbékistan qui en constitue la couverture. L’autrice de rappeler que le thé est une boisson qui porte en elle une grande partie du récit de notre humanité. Plus loin, de rajouter : Le thé a permis de creuser des chemins de traverse entre les peuples : il porte en lui une grammaire commune à l’humanité.

Ouvrage qui fera même chavirer un aficionado du café dont je suis, c’est dire !  L’eau est l’élément premier du thé. C’est en effet à son contact que la feuille se déploie, qu’elle libère son arôme, son parfum, ses textures… Ivresse de ces pérégrinations en chemin de Compostelle où la coquille des Jacquets serait remplacée par une feuille de thé. Ce livre est un cheminement qui enrichit notre âme de découvertes et de rencontres, ainsi on apprend que : En persan, « voisin(e) » se dit hamsàyeh – ce qui signifie littéralement « celui ou celle qui partage la même ombre ». Dont acte.

Autre expression imagée et surprenante, venue de la langue persane pour exprimer l’idée que quelqu’un est un peu à l’ouest, à côté de la plaque, on dit de cette personne too bâgh nist, ce qui signifie littéralement qu’elle « n’est pas dans le jardin ». 

Voici un livre singulier et magique qui m’a totalement conquis, même si – a priori – ce n’était pas… « ma tasse de thé » !

                                                   © Laurent BAYART

  • L’usage du thé, une histoire sensible du bout du monde de Lucie Azema, Flammarion, 2022.

LIVRE / UN VOYAGE DANS LES JARDINS/ ELOGE DE LA TERRE.

          C’est un petit livre de merveilles, jardin enchanté en paginations de papier, joliment maquetté et achalandé, coquettement présenté à l’instar d’un jardinet. Byung-Chul Han est un Coréen (né en 1959) qui est parti s’expatrier en Allemagne afin d’étudier la philosophie, la littérature et la théologie catholique au pays des Teutons. 

Ainsi, durant trois années, cet auteur atypique s’est consacré à son jardin, près du lac Wannsee, à Berlin. Écrivain, de son expérience et amour de la terre, il en a publié un ouvrage comme on cultive un jardin secret dans lequel il nous avoue que le jardinage a été pour moi une méditation silencieuse. Et tous les « potageurs » se reconnaîtront dans cet opuscule qui constitue une action de grâce, un cantique de louanges à l’adresse de la terre. Depuis que je travaille au jardin, j’ai une autre sensation du temps. Il passe beaucoup plus lentement. Il s’étire. Le livre est émaillé de citations dont de nombreuses sont extraites des œuvres de Friedrich Hölderlin. Ajoutons à cela, de multiples planches d’illustrations de fleurs et de plantes qui confèrent à cet ouvrage des allures de petit livre d’art. Ainsi, on apprend qu’en allemand, les perce-neige portent aussi le nom de « jolies filles de février » et qu’au Sud-Est de la Corée du Sud, à Busan la ville où se déroule le plus célèbre festival de cinéma de l’Extrême-Orient, on trouve une île baptisée « île aux camélias » …/…Le climat de Busan étant très doux, ils fleurissent magnifiquement en plein hiver, au bord de la mer. 

Chaque jour que je passe dans mon jardin est une journée de bonheur. Voilà une confession que pourrait partager tous les adeptes du jardinage ! Et l’auteur de nous rappeler que le mot « humain » est dérivé du mot humus, « la terre ». La terre est notre espace de résonances, celui qui nous rend heureux. Quand nous quittons la terre, le bonheur nous quitte.

                                                                     © Laurent BAYART     

  • Un voyage dans les jardins, Éloge de la terre, de Byung-Chul Han, traduit de l’allemand par Olivier Mannoni, Actes Sud, 2023.

DE BRIC ET DE BROC…

        Que sommes-nous donc, que des instants faits de bric et de broc, grande quincaillerie de nos existences qui chantent la romance des hasards perdus dans l’émerveillement ? Objets hétéroclites nous entrainant dans leur improbable ronde dans la poésie des jours passés au gré des poussières du vagabondage. Là, les agendas s’affolent et jouent les antiquaires en y mettant des toiles d’araignée et le liseron de la rouille sur nos articulations. Nos cœurs s’enrayent et s’affolent pour l’arythmie et la tachycardie du temps qui file bien trop vite. Semer la douce poésie des jours qui nous emportent vers l’invisible.

Je t’aime comme on se brinquebale dans une éternité qui n’aurait que l’instant présent pour se conjuguer.

                                                       © Laurent BAYART

                                                   9 juillet 2023

photo de Némorin, alias Erik Vacquier.