Tous les articles par Laurent Bayart

AVIS AUX MEDIATHEQUES, BIBLIOTHEQUES ET AUTRES

Photo de Marc Meinau

N’hésitez pas à me contacter si vous êtes intéressés, pour votre médiathèque, bibliothèque ou autres, pour une lecture musicale avec mes amis musiciens pour l’année 2022. L’animation est gratuite et présente des extraits de mes derniers ouvrages. Bonne humeur et dépaysement garantis. Voyages en littérature et en notes de musique cool et relaxe !

  • Vous pouvez me contacter par message, je vous répondrai et nous viendrons avec plaisir, selon nos disponibilités.

RESTER UN ENFANT POUR TOUJOURS OU LORSQUE LE TEMPS S’ARRETE A JAMAIS…

          Nous sommes des vagabonds à ne plus savoir où poser nos pieds dans une existence qui file décidément bien trop vite. Et parfois, le temps s’arrête bizarrement, comme si quelques photos jouaient de la bossa nova pour une étrange saudade qui pose des étoiles dans nos yeux. Cela devait être en 1964 à Briançon, dans le sanatorium appelé Rhône Azur, un petit garçon chétif attendait cette visite qui est restée gravée en lui dans son éternité. Elisabeth Klaenschi, dite tante Lumière, est venue me voir un jour de luminosité gravée à jamais dans le cœur de cet enfant qui –finalement – s’est contenté de vieillir mais n’a jamais grandi… Même si aujourd‘hui, je devais être frappé d’amnésie, je me souviendrais encore et toujours de cette journée enchantée. Un jour de soleil comme il n’en existe plus aujourd’hui. Mon ange gardien à qui je parle (presque) tous les jours m’accompagne à l’image de cette visite en ce sanatorium. Comment dire ou exprimer l’ineffable ? 

Cette petite femme, telle une fée ou une ondine, que des amis un peu shamans ont aperçu et m’ont décrite dans les lisières des mondes invisibles. C’était elle ! C’était toi ?

Je le sais car l’âme ne connait pas le mensonge et ne peut jamais se tromper.

C’était un jour  de 1965. Je suis resté scotché dans cette éphéméride avec toi, tante Lumière…

Un petit garçon qui croit toujours aux contes de fée…C’était un jour de luminosité, perdu dans le temps, mais ces quelques rayons lui réchauffent encore le cœur…

                                                                           © Laurent BAYART

                                                                                   3 avril 2022

LIVRE / L’AME RUSSE VUE PAR UN AUTRE VLADIMIR…

         Ecrivain (prolixe) et surtout ancien ambassadeur d’origine russe, Vladimir Fédorovski fut diplomate et promoteur de la perestroïka (la reconstruction). Le récit de son ouvrage, tout de rouge vêtu, raconte les « tsars rouges à Poutine », sous le titre aguichant de « Au cœur du Kremlin ». Sans être passionnant, le livre n’en est pas moins très intéressant et instructif. Fédorovski rappelle que sous la gouverne du triumvirat Lénine/Trotski et Staline, ce fut 25 millions de personnes (russes) qui furent trucidées et 27 millions durant la Seconde Guerre mondiale. L’ancien ambassadeur raconte cette vie intestine politique de l’intérieur où la mort violente, les soudaines crises cardiaques et autres poisons, furent des méthodes courantes pour éliminer les trublions et les ranger sous la moquette…Il nous rappelle aussi les temps héroïques du KGB qui fut –en son temps – le champion du monde de l’espionnage. Il raconte aussi la spécialité du « sexpionnage » (ne pas confondre avec les contemporaines « sextapes » !) où l’art d’appâter certains dans les rets de jolies filles, appelées joliment « pièges à miel ». Menace atomique, pas si éloignée que ça, avec la crise des missiles à Cuba, à la mi-octobre 1962, lorsque Khrouchtchev (qui  buvait comme un trou, à l’image de Eltsine plus tard !) répond à Kennedy : Si les Etats-Unis veulent la guerre, nous nous retrouverons en enfer. Ca fait déjà froid dans le dos ! 

Il raconte Brejnev ou le compromis historique, né à Kamenskoïe en…Ukraine. Très narcissique, il ne cache pas non plus son goût pour la vodka de qualité. Contrairement à Gorbatchev qui allait prohiber l’alcool (« loi sèche » qui fit perdre 100 milliards de roubles à l’état !) en Russie. Ce dernier allait « trinquer » car personne ne lui pardonnera ce crime de lèse-boisson…

Brejnev qui fut le discret propriétaire d’une collection de limousines et de bolides haut de gamme…Ca la fout mal, comme on dit, pour un dirigeant communiste !

L’écrivain diplomate subodore que les services secrets russes furent derrière la tentative d’assassinat de Jean-Paul II. Vladimir revient aussi sur ces « fameux » accords de Minsk du 8 décembre 1991  qui décidèrent la création d’une nouvelle Communauté des Etats indépendants et de dissoudre l’Union soviétique…L’actualité nous rappelle cruellement l’histoire de ce « démantèlement » dont nous n’avons pas encore fini de parler…

Un ouvrage qui éclaire le présent. Et Vladimir Fédorovski, le plus parisien des Russes, de rappeler qu’en 1977, c’est Brejnev qui lui proposa son affectation à l’ambassade d’URSS à Paris  (l’ambassade des « princes » et des « princesses », strictement réservée aux fils et filles des plus puissants hiérarques…), qui marque un tournant dans sa vie d’homme politique russe où il deviendra, en quelque sorte, le chantre lucide de cette éternelle Russie qui défraie (et effraie) aujourd’hui la chronique…

© Laurent BAYART

Au cœur du Kremlin, Des tsars rouges à Poutine de Vladimir Fédorovski, Editions Stock, 2018.

DEJA DEMAIN,DANS L’ECRITURE DE NOS CALCULS AMOUREUX…

Le temps a filé et joué de la bossa nova dans la turbulence des jours, parfois chahutés par le filin de la foudre et de ses orages. Les flammes ont dansé leur tango endiablé sur nos destinées, nous offrant l’aubade, tantôt de leurs marées basses, tantôt de leurs marées hautes. Nous ne savions pas qu’en liant nos existences, en y glissant le serment d’être désormais deux, nous allions vivre ainsi avec cette intensité, faisant fi des épreuves et des tsunamis, glissant leur tohu-bohu sur la surface lisse de notre océan.

Le temps a passé, nous avons semé notre amour avec la venue de nos enfants, puis de ces oriflammes qui chantent sur l’avenir, que représentent ces merveilles de petites pastilles de bonheur devenues nos petits enfants….Chacun ayant paraphé notre jubilation de sa propre signature.

Nous n’étions plus désormais deux mais une petite tribu féconde à poser des étoiles dans notre azur.

Qui aurait cru, lorsque nous nous embrassâmes sur ce banc, place de la République, que nous allions graver – à tout jamais – un cœur fléché sur le bois de tous les enchantements ?

Fluette infirmière, et moi déjà dactylographe du verbe à lancer des trilles sur les feuillets que je t’offrais déjà comme des promesses de bonheur en chants d’oiseau amoureux.

Nous étions ivres d’être déjà demain à vouloir poser le soleil dans nos cœurs. 

Le temps est passé et a filé certes, oui, mais le tournesol d’or des jours est resté…comme une luciole de confetti qui brille encore sur la fête de notre amour.

                                                                                 Laurent BAYART

                                                                                   27 mars 2022

LIVRE / UNE LARME M’A SAUVEE OU LORSQUE LE CORPS SE TRANSFORME EN SARCOPHAGE…

         On se souvient du témoignage glaçant de Jean-Dominique Bauby, paru en 1997, « Le scaphandre et le papillon », où l’auteur racontait son expérience de locked-in syndrome, suite à une attaque cérébrale, il ne pouvait plus communiquer  avec le monde extérieur, qu’au moyen de clignotements de paupières…Ce livre, que je tiens dans les mains, raconte la même « mésaventure » (le terme est bien  édulcoré !) arrivée à Angèle Lieby, victime d’une polyneuropathie démyélinisante dite de Bickerstaff » Ceci pour dire cela…Vie heureuse, normale jusqu’à ce que…surgissent d’étranges picotements dans les doigts, puis l’intense étau d’une migraine et la plongée dans la grande noirceur du silence. Le corps devenant un sarcophage froid. Anne entendant et ressentant tout ce qui se passe autour d’elle, les conversations des médecins, les confidences et apartés des infirmières, ressentant la douleur des atteintes à son corps. Le personnel en blouse blanche ne donne pas cher de son avenir, enterrée déjà vivante dans sa chambre de réanimation, branchée à de nombreux appareils la reliant à la vie…

Elle raconte, avec tendresse et émotion, ce fil ténu qui la relie encore à l’existence et dont elle ne cesse de s’accrocher, avec une incroyable foi et persévérance ! Sans jamais jeter l’anathème sur ceux qui l’ont « enterrée » trop vite, sa famille et son mari, inoxydable anges gardiens continuent –par intime conviction – d’être persuadés qu’elle va échapper à l’ineffable. Anne narre ces moments où le temps devient immobile et ne passe plus (cela durera de juillet à décembre, date de sa « rédemption »). C’est curieux comme on se sent toujours, bêtement responsable de ses mauvais rêves. Elle hurlera intérieurement face au supplice de ce téton que l’on pince, manière de savoir si le patient réagit ou pas. Un peu, le « croque-mort » des pompes funèbres…

Jusqu’au jour où une larme coulera de sa paupière pour signifier qu’elle est encore là ! Beau et poignant témoignage, sur ce désir de vie loin du blockhaus du sarcophage qui enferme le papillon à jamais dans sa boîte d’allumette…

                                                                       Laurent BAYART

Une larme m’a sauvée, témoignage d’Angèle Lieby avec Hervé de Chalendar, Editions Les Arènes, 2012.

LAURENT BAYART A LA BIBLIOTHEQUE DE SOULTZ-LES-BAINS CE VENDREDI.

Laurent Bayart proposera une nouvelle lecture musicale vendredi 25 mars à 20h30 à la bibliothèque de Soultz-les-Bains. Il offrira des extraits de ses nouveaux ouvrages dont « Le monde distant de nos baisers perdus » et « Voyage en Périgord », ainsi que d’autres pièces littéraires. Il sera accompagné dans ses déambulations littéraires par les musiciens jazz, Nicolas Meyer à la guitare et par Etienne Cremmel à la trompette.

  • vendredi 25 mars à 20h30 à la bibliothèque de Soultz-les-Bains
  • pour tout renseignement : 06 79 89 65 11

LAURENT BAYART TRADUIT EN ROUMAIN

Plusieurs pages et extraits conséquents du « Petit Précis de l’impolitesse » (édité par Les Petites Vagues en 2012) de Laurent Bayart ont été publiés dans la très belle et coquette revue roumaine « Dunarea de Jos », numéro du mois de mars (numéro 240). La traduction a été réalisée par Carmen Andrei, professeur émérite de l’Université de Galati et traductrice professionnelle avec ses élèves : Camelia Baştea, Gianina Onacă et Ionela Stareţ. Un superbe travail réalisé par Carmen Andréi, avec un grand article biographique et photo de l’auteur alsacien. Merci pour son superbe travail de traduction et d’édition !

LIVRE / TOUT LE BLEU DU CIEL POUR NOUS NOYER DANS L’ESSENTIEL.

Merci à Brigitte Picand de m’avoir fait découvrir ce livre !

         C’est un pavé (et parfois, la plage se trouve juste en dessous, ou du moins, le ciel !) de 830 pages, roman initiatique (d’ailleurs, Paulo Coelho y est souvent cité) comme un chemin, avec certes, quelques longueurs et répétitions, mais ce livre est – tout de même – un joyau, une petite merveille. Et parfois, il est bon de se laisser guider par une narration si puissante, singulière et originale. Récit dans lequel on y parle méditation et « pleine conscience » en envolée mystique.

L’histoire ? Un jeune homme de 26 ans, « condamné par un Alzheimer précoce (eh, oui, ca existe !), souhaite prendre le large pour un ultime voyage ». Emile pourrait mariner à l’hôpital, avec une batterie d’essais cliniques, jusqu’à la fin de ses jours, mais préfère se payer un ultime road-trip avec un camping-car dans les Pyrénées. Voilà qu’il lance une annonce afin d’avoir une personne qui pourrait l’accompagner pour cet ultime voyage. Et voilà que Joanne, surgie avec ses parts d’ombre et ses bagages bien lourds…

Mélissa Da Costa raconte, avec simplicité, ce retour à la vie et cette envie de mettre une majuscule dans un point final.  C’est magique, magnifique et sublime. Comment tu as attrapé ça ? – Je n’ai rien attrapé du tout. C’est une maladie orpheline génétique, c’est tout. Et les voilà partis, en couple dépareillé, Joanne devenant épouse et tutrice avant que son improbable mari ne perde le fil de sa mémoire, black out de plus en plus fréquent, et retour vers le passé…Rencontres pleines de tendresse et rendez-vous avec un enfant mort noyé qui revient pour enchanter ce voyage et dénouer les inextricables fils qui les retenaient. Il remplissait des pages et des pages de bleu. Rien d’autre que du bleu. On ne sait pas si c’était le ciel ou la mer qu’il dessinait…Cet enfant disparu, fantôme fécond, qui chante le silence de l’au-delà. Le noir du deuil laissant la place à l’immensité du bleu. Epoustouflant.

Ce livre est une ode à la vie et à l’existence, à ce chemin étranglé qui mène jusqu’au ciel : Si nous pleurons parce que le soleil n’est plus là, nos larmes nous empêcheront de voir les étoiles.

Et, notre destin n’est-il pas de les regarder à jamais ?

                                                                        ©  Laurent BAYART

Tout le bleu du ciel de Mélissa Da Costa, Libraire Générale Française, 2020.

NOUS ETIONS FAITS POUR ETRE LIBRES, NOUS ETIONS FAITS POUR ETRE HEUREUX…

photo de Nemorin, Alias Erik Vacquier

Nous étions faits pour être libres, nous étions faits pour être heureux…psalmodiait le poète… Et puis, la folie destructrice et ses lourdes menaces ont pris le pas sur le trille des oiseaux et la légèreté volage du soleil. L’épée de Damoclès atomique est sortie d’un coup de son épais fourreau ; étui noir de l’apocalypse. Le monde interloqué avait oublié la précarité du vide, le chant des soldats/urubus noirs du chaos, la litanie des gens en kaki venus jeter leur ivraie dans les champs de coquelicots. Les corbeaux et autres corneilles se métamorphosant en avions, lâchant leurs fientes métalliques en bombes fragmentées. Les flammes ont remplacé l’astre héliotrope du jour.

Aimer ne suffisait plus à l’être humain. Il lui fallait, toujours et encore, cette inépuisable soif de territoires, des arpents de terre…Pour enterrer qui ? Le désir et la danse  de mort plus forts que celui de vivre ?

Nous pensions le temps des apaisements et du bonheur tranquille de n’espérer qu’en l’ivresse des papillons.

Le monde se réveille avec une gueule de bois d’avoir trop bu d’obus obtus.

                                                                              Laurent BAYART

                                                                                14 mars 2022