Tous les articles par Laurent Bayart

BILLET D’HUMEUR / ACTE 98 / ALPHONSE L’EXPLORATEUR DANS UN JARDIN EXHUBERANT ET EN GOGUETTE !

Alphonse, le petiot-explorateur, lutin du minuscule qui marche à ras les pâquerettes et ensoleille nos existences, voilà que tu t’offres une grande bouffée d’oxygène verte dans l’exubérance de ce jardin où les fleurs et les herbes folles on décidé d’être en goguette. Tu te régales et te délectes de ce monde qui s’est mis à pousser à ton aune et à ta dimension. Au diable, la tondeuse du coiffeur, ce Figaro des jardins, le monde est si beau lorsqu’il reste un peu sauvage ! Une manière de jungle déguisée en jardin presque potager, sauf que les pissenlits sont devenus des orchidées et les merles, juchés sur les pommiers, des aras et  autres cacatoès « explosant » de couleurs sur leur plumage…

Haut comme trois pommes, tu joues les aventuriers dans cette folie végétale qui t’enchante et te rend si heureux. Instants à croquer et à grignoter avec tendresse et passion. Et parfois, tu te prends à souffler, comme s’il s’agissait d’une bougie, sur les akènes blancs d’un pissenlit qui s’envolent à tout vent, semer ton message d’espérance dans les airs vers le monde de demain que tu imagineras. On dirait presque le logo du dictionnaire Larousse …

Alphonse, plus tard, tapisse ta chambre de cette allégresse de verdure pour que ta vie chante à jamais le bonheur de l’essentiel, comme tes cousins, Camille et Jules, vous lirez, plus tard, dans nos absences, la joie d’être toujours à vos côtés, anges gardiens des mondes invisibles. Peut-être l’Eden ressemble-t-il à un jardin comme cela ?

Paul Fort, un poète (il faudra que tu écoutes leurs voix plus tard !), écrivait il y a bien longtemps : Le bonheur est dans le pré, cours y vite, cours y vite, le bonheur est dans le pré, cours-y vite il va filer…

Alors, file avec le bonheur tel un talisman et n’oublie pas les quelques fleurs que tu portes dans le petit vase de tes mains ! Tu pourras les offrir à ta maman ! Car ce sont des lucioles qui viendront éclairer ton chemin buissonnier, marque-page sur ta route où l’instant ne connaîtra pas la grande noirceur du goudron mais l’ivresse d’un vert de poésie que tu rédigeras sur la page blanche que tu feuillettes en marchant.

                                    Copyright : Laurent BAYART dit Papy Lo et photo de Claire-Elise BAYART

                                                                                      

LE VIRUS DE L’ANNULATION OU LE CORONA EN MODE DEDI-CASSE !

Ecrivain, j’étais tellement heureux et enthousiaste d’avoir mis en place un certain nombre de dédicaces, rencontres, lectures musicales, d’être invité à des salons du livre et autres joyeusetés en mars, avril, mai, juin…et plouf…, une saleté de virus, sortie de l’infinitésimale, à la sale tronche, vient encrasser mon stylo et me confiner à la maison. O sweet home ! Ainsi, je devais aller Chez Narcisse au Val d’Ajol, à la médiathèque de Brumath, au musée Wurth à Erstein, à la bibliothèque de Preuschdorf, dans les jardins de la Bib de Mundolsheim avec l’emblématique « Apéro littéraire », Soultz-les-bains, à la médiathèque de Remiremont…Exit mes voyages littéraires, il me faudra patienter. Aussi, je vous donne rendez-vous, amis lecteurs avides de rencontres et de découvertes, en des jours meilleurs. Je vous tiendrai au courant de mes futures pérégrinations lorsque les « bons de sortie » seront enfin délivrés et que nous pourrons nous rencontrer en toute sécurité ! L’essentiel étant que notre santé soit préservée. Dont acte. A bientôt.

BILLET D’HUMEUR / ACTE 97 / JOURS HEUREUX DANS LE JARDIN

          Pendant que je travaille « d’arrache-pied » dans mon jardin, les oiseaux qui m’entourent me gratifient d’un concerto en flutes à bec. Le printemps réveille les mélomanes à plumes qui s’ébrouent comme de guillerets feux follets. Parfois même, une corneille ou une mésange se pose près de moi. Confidences d’ailes complices chuchotées dans la conque de mon oreille. J’ai même vu filer, comme un mirage, un merle transportant quelques brindilles de lilas, parfumant l’air à son passage. Gourmandises d’oxygène vivifiant qui me fait oublier la pesanteur du confinement dans la maison. 

Je suis en extérieur/jour dans le potager. Ravissement de ces instants précieux à croquer l’éphémère et savourer la seconde qui se pose langoureusement. La terre me chante la romance du labeur qui fait psalmodier la sueur le long de mon corps. Violoncelle dégoulinant et ruisselant d’un mince filet d’eau, telle une source bienfaitrice. Le jardin est une façon de salle de sport, en fenêtres grandes ouvertes sur un ciel azuréen et son bulbe de soleil rouge. J’aperçois un insecte lambda faire du rameur, un lézard s’adonner aux bienfaits d’un vélo elliptique, une fourmi  courir frénétiquement, une serviette éponge autour du cou, sur un tapis de course, tandis qu’un lombric tortille son corps d’athlète en faisant de la musculation…ventrale. J’ai même aperçu un chat de gouttière s’abandonner à l’agitation physique en s’octroyant quelques « pompes » avant de s’écrouler en tapis de poils sur une motte de terre, terrassé par les affres du sommeil. Les zzz d’une sonate en sieste majeure s’échappant de son museau…Quant au jardinier, pas de repos pour le spartiate/maraîcher de cet espace vert, le voilà qu’il s’attelle à bêcher son jardin, son dos tel un stradivarius voulant à tout prix éviter la fausse note du tour de rein.. 

Oui, qu’on se le dise, le jardin est une vaste et aérée salle de gymnastique !

Plus tard, en avançant dans la saison, les salades, haricots, courgettes, concombres ou autres potimarrons prendront  eux aussi leurs abonnements, mais là, il s’agit d’une autre histoire…

Celle des anneaux olympiques de l’assiette.

                                                          Copyright : Laurent BAYART

                                                                       21 avril 2020

LIVRE / LE TRUCULENT CARNAVAL COLOMBIEN D’EVELIO ROSERO.

Voilà une véritable pépite de truculence et d’exotisme venue de cette littérature sud-américaine si prolixe dont on connaît surtout l’œuvre de Gabriel Garcia Marquez et Luis Sepulveda, mais Evelio Rosero mérite plus qu’un détour, car cet auteur colombien nous offre une écriture majeure mêlée à une narration drolatique, récit picaresque qui coule dru et bouillonnant comme le fleuve Amazone !

Nous voilà, à suivre, le gynécologue Justo Pastor Proceso Lopez dans la petite ville colombienne de Pasto, célèbre pour son carnaval des Noirs et des Blancs qui se déroule du 2 au 6 janvier, durant lequel on enfarine allègrement les noirs pour les blanchir, la légende voulant que le tailleur de la ville répandit par surprise du talc sur les clientes d’un salon de coiffure en s’écriant « vive les blancs ». Notre bonhomme, bon vivant, se révèle être le mari de la pulpeuse et très courtisée Primavera Pinzon. Notre docteur d’en dessous du nombril, bête à corne, écumeur de bordel n’hésitant pas à endosser –carnaval oblige – l’intégral d’un costume de gorille…

Mais ce personnage à frasque se démarque surtout par son aversion pour le mythe et la statue du père de la nation, le grand mensonge de Bolivar ou le mal nommé libérateur, (titre de la sulfureuse (et courageuse) biographie référence de l’historien José Rafael Sanudo). Notre ami désirant faire réaliser un char à la gloire de Bolivar, sous forme de pamphlet carnavalesque…

Mal lui en prendra, car on ne jette pas ainsi les icônes dans les ordures, les aficionados du commandeur Bolivar lui feront payer tout cela, en monnaie de singe…

Epoustouflant récit que l’on écoute en lisant, comme une farce tragique en savourant l’aguardiente (boisson anisée avec alcool de canne à sucre) au rythme entrainant du charango, musique sud américaine oblige.

                                                           Copyright  Laurent BAYART

Le carnaval des innocents de Evelio Rosero,  Editions Métailié, 2016.

BILLET D’HUMEUR / ACTE 96/LE TOUR DE France A LA RENTREE OU NOEL EN SEPTEMBRE !

Noël en septembre !

La nouvelle a été annoncée par le grand timonier du Tour Christian Prudhomme : le Tour aura bien lieu cette année ! et ce sera à l’heure des écoliers et des cartables, du 29 août au 20 septembre, au lieu du traditionnel timing de fin juin à la deuxième partie de juillet. Voilà qui met un peu de baume sur les dérailleurs et les jantes des « forçats de la route ».  Devant l’hécatombe des annulations dues à la pandémie planétaire liée au coronavirus, c’est une jolie bombe de joie qui explose dans un ciel bien tourmenté. Une belle occasion de maculer d’un peu de cambouis la tête hideuse en hérisson de ce  virus pervers, en forme de couronne, venu de Chine. Manière de faire fi de l’adversité et de lui mettre un bon coup de pédale sur sa sale caboche de bactérie ! 

Ainsi, pour pasticher l’écrivain Louis  Nucéra, ce ne sera pas – cette année- Noël en juillet mais Noël affiché sur les cahiers et les cartables des écoliers. Même si des doutes et des menaces persistent encore, certaines équipes menaçant de ne pas faire le déplacement si les conditions sanitaires n’étaient pas assurées à cette période. Dans les rampes des Alpes et des Pyrénées, El Diablo coursera-t-il les coureurs masqué avec sa mythique fourche ? Sera-t-il interdit de postillonner le nom de son favori sur les bas-côtés ou de lui faire des « poussettes » d’un peu trop près ? Chacun se réjouit de cette nouvelle en respectant l’intégrité du parcours d’origine (même si on peut toujours déplorer que cela reste un demi tour de l’hexagone ! Et puis, pourquoi ne pas profiter de cette occasion pour bazarder ces fichues oreillettes afin de redonner un peu de magie et d’imprévu aux courses ?). Après s’être entrainés sur leur vélo d’appartement, confinés comme tout un chacun, nos champions en cuissard pourront ré-enchanter nos routes ! Et, pourquoi pas glisser quelques airs d’accordéon, à la manière de notre Yvette, histoire de mettre le goudron en goguette ?

Le fantaisiste Julian Alaphilippe et le sympathique et bouillonnant Marc Madiot s’en réjouissent déjà. Le cyclisme et ses spectateurs ont besoin de fête dans un calendrier dépeuplé. 

Après ces semaines de cauchemar à pédaler dans la choucroute ou la semoule, le temps est à nouveau venu de rêver plus haut, plus loin, la tête pas forcément dans les étoiles mais assurément dans le guidon ! 

                                                           Copyright : Laurent BAYART

                                                                                18 avril 2020

LIVRE / UN DICTIONNAIRE D’ANGLAIS A LA MANIERE DE WANG GANG AUX CONFINS DE L’EURASIE

Encore une magnifique découverte, en mode littérature asiatique, grâce aux éditions Philippe Picquier, avec l’écrivain chinois Wang Gang, un orfèvre de l’écriture qui a mis huit ans pour terminer cet opus intitulé English, l’auteur étant originaire de la région dont il parle

En ces temps de confinement, cet auteur nous emmène à Urümqui dans les confins du Xinjiang (nouvelles marches) au nord-ouest de la Chine où l’on aperçoit le mythique Tian Shan, les Monts Célestes, si chères à Ella Maillard qui en faisait déjà référence dans ses ouvrages. 

Histoire d’amour et de passion sous l’œil du jeune Liu Aïe dont les parents sont des architectes (l’un construit le Centre de fabrication de la bombe à hydrogène et l’autre, un abri anti-aérien…), intellectuels malmenés et humiliés par les autorités, bannis en ces terres ouïgoures en pleine révolution culturelle. Voilà qu’arrive un autre banni en la personne de Wang Yajun, professeur d’anglais et propriétaire d’un emblématique dictionnaire, fruit de l’élégance et de la culture qui attise les convoitises, notamment celles de son jeune élève, prêt à tout pour s’en emparer. Obnubilé aussi par son parfum de gentleman.Et pourtant : A quoi aurait pu nous servir l’apprentissage de l’anglais ? Les Etats-Unis comme le Royaume Unis étaient si loin d’ici ! On rencontre des personnages attachants et sensuels comme Hung Xusheng et la belleHajitaï à la peau si claire et aux cheveux incroyablement blonds. La répression et le diktat des dirigeants sont constants, les punitions humiliantes et parfois aussi les compromissions pour arriver à sortir la tête de l’eau. La chasse aux sorcières étant constante, en témoigne la recherche du coupable de ce dazibao provocateur de A bas Mao ! 

Destins chaotiques et malmenés dans un Xinjiang comme un far-west : Qui écrit l’histoire en fait, les héros ou les esclaves ? Les héros, dites-vous ? Moi, je dirais que ce sont les esclaves. Car, en fait, tous ces personnages sont – bel et bien- les esclaves des chamboulements de la révolution, soumis à ses vicissitudes et autres turpitudes.

                                                           Copyright : Laurent BAYART

English de Wang Gang, éditions Picquier, 2008.

BILLET D’HUMEUR / ACTE 95 / MON VAL SI D’AJOL OU L’ECRIT/ LES CRIS D’UN CONFINé…

Ah que j’aurais voulu me retrouver confiné dans une boucherie du Val d’Ajol, celle par exemple d’Arnaud Daval,  entouré de quelques savoureuses andouilles suspendues à leurs crochets, comme des dieux lares me protégeant du méchant corona-merdicus-virus ! Mon Val si d’Ajol, je suis en manque de toi. J’aimerais tant admirer le clocher de ta si belle église du bas du pittoresque parvis, écouter le concerto de la Combeauté m’offrir ses sonates d’eau vive en algues majeures, observer ses palettes de couleurs vertes qu’offrent les montagnes environnantes, avec en point de mire la Feuillée Nouvelle/Corcovado du Rio ajolais où je perçois le doux son d’une épinette tel le chant d’un colibri. Sublime mélodie qui vient réchauffer mon cœur de ses divines notes de cordes enchantées.  Est-ce La valse de l’Empereur ? Et vous,  amis, Ajolais qui fleurissaient mon âme de votre bonne humeur et de votre chaleur, votre sourire est comme la signature apposée sur le bas d’une œuvre. 

J’ai hâte de venir dédicacer mon livre, chant d’amour, sur le Val d’Ajol chez Narcisse pour une épicurienne ivresse en comptoir de bar.  Il n’y a rien qui ne Val…d’Ajol  stoppé in-extremis par ce stupide et pervers virus. Amis, ce n’est que partie remise !

Et même si je surgis masqué, comme un Zorro avec le collier de la confrérie pendu telle une saucisse à mon cou, je viendrai signer mon livre à la pointe de mon épée/stylo ! 

Une plume en fête à la place d’un thermomètre…Histoire de vous rappeler qu’on ne guérit jamais de son amour du Val d’Ajol !

                                                        Copyright      Laurent BAYART

                                                                                        10 avril 2020

  • N’hésitez pas à me contacter pour le commander, en cette période de « confinement », vous le recevrez ainsi directement chez vous, dans votre boîte à lettre, (22 Euros, port compris).

Y’A COMME UNE ABSENCE…

                                                     A Jules, Alphonse et Camille.

Sur la rampe en pente douce du toboggan si joyeusement coloré, une corneille fait la conversation avec une mésange, le bac à sable accueille quelques fourmis et insectes vagabonds. Quant à la petite maisonnette de jardin, abandonnée, ses volets claquent à tous vents… Un chat y a trouvé refuge et s’affûte les griffes. Y’a comme une absence. 

Mes yeux vous imaginent en train de vous ébrouer tels de jeunes cabris, dans la générosité de ce mois d’avril qui fanfaronne de mille feux avec son printemps clinquant. Y’a comme une absence. 

Je vous entends pousser vos petits cris, petites égosilles dans l’instant éparpillé en cet espace qui vous est entièrement réservé. Y’a comme une absence. 

Le temps semble s’être suspendu, comme arrêté… étrange sensation d’abandon, à l’image d’un village déserté par ses habitants. Des enfants que l’on devine mais que l’on ne voit plus. La balançoire ne pousse plus sa chansonnette grinçante en pépie d’huile. Y’a comme une absence.

Vos jeux, vos rires, l’éclat de vos voix ne résonnent plus dans notre ciel. Vos jeux sont désormais hors-jeux. La faute à cette saleté de virus dont la planète en fait les gorges chaudes… Cette boule de gomme, telle une caricature, hérissée d’épines, convoquée par un microscope. Stupeur et tremblements.

Le jardin n’est plus en goguette. Il y manque votre présence. Le temps s’est arrêté de tourner. Tempo de mélancolie, saudade comme disent les Brésiliens.

Le toboggan ne glisse plus. Quelques feuilles mortes y ont déposé leur papier blanc dessus. Angoisse de la page blanche, les mots sont orphelins de votre manège. Il n’y a plus rien écrit sur ce silence.

Y’a comme une absence.

                                     Copyright  Laurent BAYART dit Papy Lo

                                                                               8 avril 2020

LIVRE/ L’ŒUVRE MAGISTRALE DE LA COREENNE MIA YUN OU LES AMES DES ENFANTS ENDORMIS.

         Autre petite découverte (ça vaut le coup de faire des réserves de littérature (en période de confinement) sur sa table de chevet !) avec l’auteure coréenne Mia Yun qui vit aujourd’hui aux Etats-Unis en tant que traductrice, écrivain et journaliste.

Ce livre, joliment intitulé Les âmes des enfants endormis, est un mélange de souvenirs, de contes poétiques, de récits et d’envolées oniriques pleines de tendresse dans un monde fissuré par la guerre de Corée. Histoire d’une femme, délaissée par un mari absent, qui élève seule ses enfants au gré des vicissitudes de la vie et de ses multiples déménagements, allant même jusqu’à faire du porte-à-porte en proposant des gâteaux de riz…

Beauté d’une écriture coréenne qui mêle tradition et modernité où l’on apprend que les pénis des gamins sont nommés des piments. Souvenirs des enfants, et notamment de la jeune Kyung-A, confiés souvent en « gardiennage » à la grand-mère. Histoires de la femme-citrouille et de ce père, mort assez jeune, qui a attrapé la maladie de la colère et a commencé à boire, lui qui ne buvait jamais. 

Multiples pérégrinations qui nous amènent à Pusan, sur la côte Sud : le San Francisco de la Corée, un monde d’adultes, d’hommes seuls et de filles « vendant leur printemps »…où traine l’ombre menaçante des GI en déshérence ou celle de quelques espions venus du nord…On apprend aussi que les marmots étaient astreints à rédiger des « lettres de réconfort » à l’adresse des soldats qui défendaient la frontière, la fameuse « DMZ »…

Quant aux cours d’histoire, les élèves apprenaient que sur la carte de l’Asie du Sud-Est dont se servait notre instituteur, la Corée, en forme de lapin était bordée au nord par la Russie, à l’ouest par la Chine et à l’est par le Japon…

Une littérature narrative à découvrir par cette poésie et cet art de raconter que distille avec finesse Mia Yun, nous précisant que les esprits des enfants qui font la sieste partent en expédition sous la forme de papillons.

                                                             Copyright Laurent BAYART

Les âmes des enfants endormis de Mia Yun, Editions Denoël, 2017.

LIVRE / LE GENIE LITTERAIRE DE SU TONG

          On le connaît par ce petit chef d’œuvre qu’est Epouses et concubines adapté magistralement au cinéma, Su Tong est un écrivain chinois majeur. Il suffit de lire l’importante bibliographie d’un auteur né en 1963 pour s’en convaincre, son pseudonyme étant tiré de sa ville natale de Suzhou. Dont acte.

Je vous invite aussi à découvrir, entre autres, Le dit du loriot, qui nous emmène par le biais de trois adolescents, personnages phares d’une superbe narration où « la mante qui attrape une cigale oublie le loriot qui la guette ».  Baorun, garçon balourd, Liu Sheng, séducteur magouilleur et Princesse, pin-up, égérie de ces garçons. Leurs « vertes années » tourneront au vert de gris avec le viol de cette dernière et l’incarcération de Baorun (orfèvre et psychopathe des nœuds de cordes tous azimuts, qui ficèle le grand-père comme un saucisson) faussement accusé de ce crime sexuel…

Princesse, libellule charnelle, courtisée par les deux adolescents, improbables frères, Pourquoi tu veux à tout prix y aller à moto ? Elle lui avait fait une réponse mi-figue mi-raisin, à moto on peut mettre un casque, et j’ai envie d’en mettre un…Quant à cette tête-brûlée de Liu Sheng, il veut danser le xiaola avec la belle : Tu me prends pour une danseuse de bar ?  Tu as des microbes dans la tête ? Des cordes, comme des fantômes, des serpents qui ceinturent et enserrent la frénésie de vivre de ces personnages. 

Baorun, sa peine purgée, reviendra quérir ses dix années de prison, sa jeunesse consumée…Les cordes de nylon blanc arrivèrent les premières, suivies des vertes. Puis des cordes de chanvre, de raphia, des câbles d’acier…

Trois chapitres magistraux au nom de ces trois personnage faisant danser frénétiquement la narration qui se termine par Princesse, devenue mademoiselle Bai, qui enfanta un curieux bébé colère…, fruit d’une passade, d’un viol- cette fois-ci – sans effraction.

                                                           Copyright Laurent BAYART

Le dit du loriot de Su Tong, Editions du Seuil, 2016.