Archives de catégorie : Blog-Notes

LIVRE/ EUN-JA KANG OU L’AMOUR ABSOLU DE LA LANGUE FRANCAISE

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Il ne s’agit pas de la version coréenne de « L’Etranger » de Camus mais du récit de Eun-Ja Kang, enfant qui vit pauvrement dans un petit village coréen et que l’amour de la langue française va littéralement transformer, voire métamorphoser. La mort de son père et le laborieux travail dans les rizières, sa scolarité débridée où elle côtoie des professeurs parfois autant passionnés par leurs matières que par leurs élèves (féminines)…lui offriront la stature d’un personnage romanesque.

Ce livre « L’étrangère » est à touts points de vue remarquable parce qu’on assiste au parcours chaotique d’une femme portée par une incroyable destinée et une force de caractère impressionnante, dans un décor sud-coréen où les rapports sont parfois bruts sinon tourmentés. Ainsi, sortira-t-elle de sa condition sociale grâce à la puissance de sa volonté, travaillant « jour et nuit, elle assimile une année de grammaire française en trois mois » En parallèle, la jeune femme découvrira l’addiction à l’amour physique, une autre forme de grammaire !

Au final, elle réalisera son rêve : écrire en langue française et se faire éditer. Pour ce faire, elle décrochera la très convoitée bourse de la fondation Cino Del Duca : J’ai consacré quinze ans de ma vie à apprendre le français. Je fais même l’amour en français…

Ainsi, la gamine qui transporte un seau en fer sur sa tête, sur la photo de couverture, a fini par forcer les digues de son destin pour devenir écrivain en langue française. Celle dont les professeurs ne tarissaient pas d’éloges car « soulignant que je suis la première étudiante coréenne qui soit venue à bout des sept tomes de A la recherche du temps perdu…En effet, une sacrée référence…

                                                                                                                     Laurent BAYART

* L’Etrangère (récit) de Eun-Ja Kang, Seuil, 2013.

 

 

37 A L’OMBRE ! OU RETOUR SUR L’EDITION 2016 DU FESTIVAL INTERNATIONAL DES CINEMAS D’ASIE.

 

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Nouvelle (contre) plongée dans les salles obscures du multiplex du Majestic de Vesoul, à l’occasion de l’édition 2016 du Festival International des Cinémas d’Asie qui s’est déroulé du 3 au 10 février. Et, moi qui ne vais pas au cinéma durant l’année (Je « suis » plutôt théâtre !) me voilà en immersion totale et en émerveillement absolu devant la beauté et la singularité des films présentés (90 pour cette édition !). Et nous nous étonnons chaque année de cette incroyable capacité d’absorption que nous avons acquise ! 37 films à l’ombre en six jours, pas mal, non ? Et même pas écoeurés avec tout ça.

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Mes coups de cœur vont à « Voyage en Chine » de Zoltan Mayer, « Japanese Story » (superbe et intense qui se déroule dans le bush australien) de Sue Brooks, « Amreeka/ Amerrika » » de Cherien Dabis, la trilogie des courts métrages de la société de production « Vivement lundi ! » sont quasiment géniaux : « Sous tes doigts », « Le petit dragon » et « Son Indochine ». Surprenant et sublime ce « Untold Scandal » de Lee Je-Yong, remake des « Liaisons dangereuses » à la sauce chinoise… »Milyang Secret sunshine » de Lee Chand-dong où l’on découvre que les chemins vers Dieu (ou plutôt leurs prosélytes) sont impénétrables…Parmi les documentaires, j’ai adoré « Voyage en Occident » ou les tribulations de touristes chinois en Europe qui nous apprennent beaucoup de choses sur la façon dont les Français sont perçus : « Au printemps, ils sont en grève, en été en vacances, à l’automne ils travaillent un peu et en hiver, les Français vont au ski ! » Hilarant…

Et puis, mention toute particulière au réalisateur israélien Eran Riklis auquel un hommage appuyé a été rendu. Plusieurs de ses productions ont été présentées dont « Cup Final », « La fiancée syrienne » (tout simplement un chef d’œuvre !), « Zaytoun » (lorsque la haine se transforme en affection et fraternité) et « Le voyage du directeur des ressources humaines » dans lequel nous avons retrouvé l’âme, la spiritualité et les paysages roumains (pérégrinations dans le romantisme de l’improbable). Ce réalisateur hors norme confie : « Il faut par essence essayer d’aimer ses personnages, tous les personnages, aimer son histoire, aimer son message, ses métaphores, y mettre assez de passion pour ne pas accabler le public ». Plus avant, cet humaniste rajoute : « Il faut de l’attention, de la compréhension, du respect… »

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Bref, une édition encore une fois passionnante, par la multiplicité des films présentés, et ma foi, 37, ce n’est pas encore de la température à l’aune du thermomètre cinématographique, alors : Vivement l’édition 2017 ! Quant à l’overdose, elle n’est pas encore annoncée…

                                                                                                                      Laurent BAYART

LIVRE /CHI LI / UNE PETITE MERVEILLE DE LITTERATURE CHINOISE.

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Bravo à Actes Sud pour avoir publié l’œuvre contemporaine de l’écrivain chinoise Chi LI (facile à retenir et à prononcer !), née en 1957, elle est native de Wuhan dans la province du Hubei. Cette femme est considérée – à juste titre – comme l’auteur le plus représentatif du courant néoréaliste. Ses ouvrages sont de petites merveilles narratives et donnent un focus particulier sur la vie quotidienne postmaoïste des autochtones. A la fois simple et compliquée comme un boulier…chinois.

Parmi les nombreux ouvrages, de cet auteur, lus ces derniers temps (voir, dans cette rubrique, Le Show de la vie), je relèverai tout particulièrement Soleil Levant qui est un véritable petit régal d’écriture et d’humour. Chi Li nous conte les rocambolesques aventures de ce jeune couple : Li Xiaolan et Zhao Shengtian. Le voyage de noces passé, la jeune épouse se retrouve enceinte…Il s’ensuit un véritable parcours de combattant car il faut glaner, à l’administration, le sésame de l’autorisation de naissance ou le certificat d’enfant unique…avant d’avoir eu des velléités d’avortement. Les formalités accomplies, le récit se transforme en époustouflante et déjantée description de la venue de ce bébé dont on suit la gestation, au rythme effréné des parents. A noter, l’épisode hilarant du choix du lait maternel en poudre…préparation des biberons, recherche d’une nounou, regard (un peu hostile) des grands-parents et épuisement d’un papa qui s’investit à fond dans son nouveau postulat…

Petit roman magistral d’un écrivain majeur qui nous fait découvrir la vie de tous les jours dans cet empire du Milieu, devenu moderne et bien attachant. Et puis, à la fin, cet hommage rendu à l’enfant qui chamboule l’existence : Ils étaient jeunes alors, et insouciants, ignorants et fougueux, et toi, insensiblement, tu as fait d’eux des adultes responsables. Avant toi, ils ne savaient pas ce que c’était qu’aimer, et maintenant ils débordent d’amour et d’indulgence…

                                                                                                                      Laurent BAYART

* Soleil Levant de Chi Li, roman, Actes Sud, 2005.

 

 

 

BILLET D’HUMEUR / ACTE 29 /J’AI REPRIS MON TOUR DE PISTE ET LE COLLIER…

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 Après l’épisode glacial et verglacé, voilà que j’ai repris –avec délectation – ma route cyclable. Quinze jours sans aller à la selle et même pas mal aux fesses, ni de crampes. ! Ouf… Bref, un arrêt sans conséquence. J’ai repris ma piste noire à l’entrée de Vendenheim car il fait encore nuit au petit matin. Les seules avalanches à craindre étant les maîtres et maîtresses qui déambulent avec leurs chiens; petite balade matinale histoire d’alléger les vessies, et là ils sont nombreux les cabots cabotins à lever la patte ! Néanmoins, grande innovation de ces derniers temps, ces braves toutous sont affublés de colliers de guirlandes rouges et clignotantes, qui font que le cycliste les distingue dans la nuit…Genre sapins de Noël. Plutôt original et sympa, non ? Colliers rouges et faisceaux blancs des voitures à la queue leu leu que j’aperçois aussi – un peu plus loin – le long de l’autoroute encombrée…déjà de bouchons. Mais là, c’est beaucoup moins drôle. Parfois aussi, quelques marcheurs inconscients déambulent « tout feu éteint » dans la grande noirceur de la piste cyclable. Heureusement que les cyclistes sont des gens « allumés », eux !

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Bonheur de ce petit effort quotidien en chambre à air. Avec à ma gauche, un sublime lever de soleil au-dessus des montagnes de la Forêt Noire et quelques gros bris de glace qui se diluent lentement dans l’eau du canal, comme dans un gros verre en cristal. Quelques canards s’amusent à marcher sur l’eau ou plutôt sur ces petits icebergs… Et déjà j’enfile mes kilomètres en cette entame de 2016, comme autant de pages d’un gros livre qui m’attend. L’an dernier, huit mille cinq cent dix pages, tout de même…

Mais là, je ne suis pas pressé d’arriver au bout. Chaque page que j’effeuille est un émerveillement au kilomètre. Et en vélo, tourner la page, c’est tourner un paysage…

                                                                                                                      Laurent BAYART

V(ASIE) ! AU FESTIVAL INTERNATIONAL DES CINEMAS…

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Ca y est ! Le programme du 22ème Festival International des Cinémas d’Asie de Vesoul vient d’arriver dans nos boîtes aux lettres. Le facteur, aux yeux bridés, l’a sorti de sa sacoche pleine d’étoiles de riz cantonnais ! Et nous voilà déjà (en contre)plongés dans « l’intérieur/nuit » du cinéma Majestic de Vesoul. Instants magiques initiés par Martine et Jean-Marc Thérouanne, ce festival est devenu un rendez-vous incontournable pour tous les… pékins ! Moi –je le répète à l’envi – qui ne suis pas « cinéma », je fais exploser mon quota de films et ma moyenne annuelle durant les huit jours de projection. Pensez, à la dernière édition j’en ai « gobé » presque une quarantaine et même pas écoeuré, avec ça ! Un peu bourré, tout de même, complètement Séoul…
Cette année, le programme s’avère de nouveau copieux avec quatre-vingt dix films (dont neuf inédits) à l’affiche et un focus particulier sur la Corée (Littérature et cinéma). Parmi les thématiques abordées : Visages des Cinémas d’Asie Contemporains, Entre l’Orient et l’Occident, Hommage à Eran Riklis, cinéaste israélien (on avait bien apprécié Les citronniers présenté lors d’une dernière édition), Les maîtres oubliés du cinéma thaïlandais. Bref, une pléthore de films remarquables sera présentée, du 3 au 10 février, dans les domaines de la fiction, du documentaire et du film d’animation.

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Hâte d’entendre, aux premières projections matinales, le désormais mythique et attendu « Bonjour Vesoul ! » du cinéaste et présentateur passionné et spécialiste des films asiatiques qu’est Bastian Meiresonne, figure emblématique de ce festival…

Alors, durant cette période, je m’é-Chine à partir pour l’Asie, via Vesoul où le Sabot local devient une véritable pagode, voire une muraille en forme de dragon…Vite, vite ! v-ASIE vite ! Et s’il le faut j’irais même en cyclo d’Or…Les routes de Haute-Saône sont aussi belles et envoûtantes que la route de la soie…en « extérieur/jour » bien sûr ! En travelling et plan large, s’il vous plaît !

                                                                                                                      Laurent BAYART

HORS NORME ET HORS SERIE / LE DERNIER NUMERO DE « SPORT & VIE ».

 

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A chaque parution, on ressent curiosité et hâte de découvrir le nouveau numéro de ce magazine entièrement dévolu au sport et à la science. La vulgarisation des articles et les nombreux visuels permettent aux lecteurs lambda de comprendre le fonctionnement de la grande machinerie humaine. On assiste avec intérêt à l’avancée des idées, avec souvent une rubrique « courrier des lecteurs » bien fournie qui fait avancer le débat.

Le dernier numéro s’intitule « Comment le sport change le corps », et tout de suite, on dévore les feuillets de ce magazine passionnant. Ainsi, nous parle-t-on – par exemple – de la myopie qui est une maladie contemporaine. En effet, l’homme moderne n’a plus l’habitude de regarder ce qui se trouve loin : Dans le monde actuel, l’attention est sans cesse portée sur des objets proches de soi. A commencer par les écrans d’ordinateur. Même dehors, le champ visuel est presque toujours obstrué par un immeuble ou des panneaux publicitaires. Nous serions en somme privés de profondeur de champs… (Musclez vos yeux). Dans un autre domaine, on apprendra que le soutien-gorge est une invention récente (XIXème siècle), avant on recourait à des corsets, gaines ou linges de corps. Et puis, on prendra connaissance avec délectation de la théorie du homard et du poisson mort. Il s’agit du fameux code social de la poignée de main. Ce geste n’étant pas si anodin que ça : La main moite révèle un tempérament nerveux. Celle en pince de homard, où la paume de la main ne rentre pas en contact avec l’autre main indique un manque de confiance en soi. La main en poisson mort, sans vigueur et fuyante exprime une personne passive et caetera.

Quant à cette manie qu’ont certains d’exhiber leurs fesses, cela viendrait du fait que selon les croyances populaires, on pensait que le diable n’avait pas de fesses et qu’en lieu et place, il cachait parfois…un second visage !

Le diable n’est finalement pas dans les détails…A moins, de tomber sur le cul !

                                                                                                                      Laurent BAYART

* Sport & Vie, hors série n°43 (disponible en kiosque).

GILLES LAPOUGE, L’ORPAILLEUR DES VOYAGES.

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Gilles Lapouge est une sorte d’orpailleur des mots et des voyages. Cet écrivain et journaliste connaît bien un pays qu’il raconte souvent  dans ses ouvrages : le Brésil, dans lequel il a résidé plusieurs années en tant que correspondant pour un journal.

Son nouveau livre « Nuits tranquilles à Belém » est singulier par son approche. En effet, le narrateur semble atteint d’une totale amnésie quant à son identité et erre à la rencontre de son personnage. On apprécie l’ironie de l’auteur quand il est question d’écrivain-voyageur, à l’occasion du fameux festival de Saint Malo. Lui, qui se perdait souvent dans ses itinéraires, se considère, comme disait Mallarmé à propos d’Arthur Rimbaud, en « voyageur toqué » ou un « voyageur étonné » car « j’arrivais toujours dans des endroits inattendus qui n’étaient pas dans les mappemondes… ».

Enquête et quête avec un curieux antagoniste du nom d’Olacyr de Freitas, un nom tout en exotisme, à la recherche de Blaise de Pagan, géographe de Louis XIV. Le premier cité, historien à la retraite, disant fort joliment : « Avec la retraite, ma vie s’est remplie de dimanches. Il y avait des dimanches partout. Je ne savais plus qu’en faire. Chaque matin, je tombais dans un dimanche… »

Gilles Lapouge décrit parfaitement bien les contrastes de ce pays-continent : « Au Brésil, ils n’ont qu’une seule nuit. Et un seul noir, un noir dur et luisant comme une carapace d’insecte, un noir indélébile. »

Et puis, on apprécie cette conversation décalée avec Nicolas Bouvier, le parangon de la bourlingue, étonné d’abord puis convaincu par notre écrivain qui prétend qu’un vrai voyageur ne devrait jamais revenir. « Qu’est-ce que tu veux, ce n’est pas ma faute si la terre est ronde. Je reconnais que ça marchait mieux avant, d’accord. Avant, quand la terre était plate, comment tu aurais pu revenir à ton départ ? ».

                                                                                                                      Laurent BAYART

* Nuits tranquilles à Belém, de Gilles Lapouge, Editions Arthaud, 2015.

LIVRE / COMME UN POLAR AU ROYAUME DU CYCLISME OU PIERRE BALLESTER BALANCE !

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Pierre Ballester est journaliste sportif. Prix Blondin en 1994, il enquête depuis une quinzaine d’années sur les affaire de dopage. Autant dire qu’il connaît bien son sujet ! Parmi son tableau de chasse, on peut signaler : L.A. Confidentiel : les secrets de Lance Armstrong.

Paru en 2013, son livre Fin de cycle, Autopsie d’un système corrompu constitue une enquête fouillée et fournie sur le monde hallucinant du dopage et de son corollaire le business. C’est un véritable roman noir ou polar que l’on tient entre les mains, ou le sport et le cyclisme ne constitue qu’un décor en carton-pâte. Sont évoqués le procès Festina, les Sepp Blatter de l’Union Cycliste Internationale, évidemment le système Armstrong « Arm strong » – bras long », l’incroyable machinerie mise en place où dirigeants, coureurs et politiques baignent dans le cambouis jusqu’aux…bras ou plutôt jusqu’aux mollets…Et puis ce terrible constat sans appel : De 2000 à 2012, huit des treize dernières éditions du Tour d’Espagne ont été remportées par des coureurs convaincus après coup de dopage…/…Le Tour d’Italie en présente dix sur treize possibles ! Et le Tour de France ? Même score, dix sur treize ! En prime, vingt des vingt et un coureurs qui ont piétiné les podiums sous l’ère Armstrong sont encalminés jusqu’à la glotte…Bon, on arrête le massacre à la chaîne (titre du livre de l’ancien soigneur (Willy Voet) de Festina !) et on se tape un morceau de Cochonou…en regardant passer les seringues au bord des routes. Après, on admire les beaux paysages de France racontés par Eric Fottorino, le successeur de Jean-Paul Ollivier.

                                                                                                                      Laurent BAYART

* Fin de cycle – Autopsie d’un système corrompu – de Pierre Ballester, Editions de la Martinière, 2013.

LIVRE / LE RAVISSEMENT D’UN CONTE EGYPTIEN.

 

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Il y a un peu du ravissement et de la magie des contes des Mille et une nuits, ainsi que des récits bibliques, dans ce livre d’un auteur égyptien Ahmad Aboukhnegar « Le ravin du chamelier ». Publié d’abord au Caire en 2008, il est repris et traduit par Actes Sud/ Sindbad en 2012. Ici, l’on nous parle de caravane bédouine errant dans le désert, puis d’un ravin, lieu mythique et mystérieux – telle une oasis – qui ensorcelle les personnages de ce livre. Serpents, djinns, bergers et chameliers s’entrecroisent dans un monde devenu mythologique. On appréciera la finesse et la poésie d’un récit qui s’apparente tantôt à la fable, tantôt au conte populaire et aussi à la geste philosophique. Un dépaysement garanti que cette entrée dans l’abime inspiré de ce ravin, où l’univers semble inventer une manière de cosmogonie.

* Le ravin du chamelier de Ahmad Aboukhnegar, traduit de l’arabe par Khaled Osman, Actes Sud/Sindbad, 2012.

LIVRE/ CHI LI ET SON COUP LITTERAIRE GRACE AUX COUS DE CANARD…

imgres Pour une fois, le nom de cette romancière chinoise est facile à retenir : Chi Li ! Est-ce sa date de naissance : 1957 ou la photo marrante du vélo et de son cycliste en couverture ? En tout cas, ce livre intitulé « Le Show de la vie » a tout de suite titillé ma curiosité…

Ce roman, écrit avec bonne humeur, nous raconte la vie mouvementée d’une femme appelée Célébrité –clef de voûte – de ce quartier populaire et emblématique de Bon-Augure, aux odeurs de soja puant frit, situé dans la ville de Wuhan. Héroïne en espèce de mère Thérèsa des nuits déjantées de cette rue, où artistes et vendeurs à la sauvette font exploser cette (sympathique) cocotte minute. Ainsi, porte-t-elle à bout de bras un frère drogué et soutient amis et familles…Elle tient un étal de cous de canard qui fait sa renommée ! La narration se déroule avec fraîcheur et une indéniable qualité littéraire, où les bons mots ne manquent pas : La plus grande faiblesse chez les artistes, c’est de confondre éternellement la scène et la vie…Des tas de personnages se côtoient dans cette rue improbable où les rendez-vous sont des moments d’humanité et de philosophie : Les endroits où l’on boit remplissent la même fonction que ceux où l’on joue : ce sont des lieux où il faut rivaliser de finesse, de courage et de combativité…

On y apprend, suite au succès de ce livre, que les cous de canard sortis tout droits de l’imagination de la romancière sont devenus la spécialité du lieu, et qu’on vient désormais les déguster des quatre coins de la Chine !

A défaut d’un couac, cet ouvrage a constitué un sacré… coup littéraire !

Laurent BAYART

* Le Show de la vie de Chi Li, éditions Actes Sud, 2011.