Tous les articles par Laurent Bayart

ESCALADER EN « COLIMAçONANT » VERS LE CIEL…

photo Emilie Bayart

         Arpenter la montée en colimaçon et poser une échelle sous ses souliers pour s’en aller vers le Très Haut, dans l’ivresse d’aller caresser le râble des étoiles et toucher le vélin du cosmos. Monter encore et toujours, le rêve et le destin de ces Icare en ailes pédestres. Que trouvera-t-on au bout de cette tour de Babel ou de ce phare fixé sur un nuage ? Crapahuter comme pour s’en aller à un rendez-vous avec l’indicible et l’improbable. Une lumière rouge à son sommet ? Un tabernacle ? Faisceau protecteur pour esquif égaré ? Dieu nous regarde dans les cîmes de cet interminable escalier. La mort serait-elle, tout simplement un grand couloir en colimaçon qui monte et monte encore et toujours vers l’éternité.

Là-haut, le temps n’existe plus. Le cœur palpitant, voire essoufflé par toutes ces marches et démarches, laisse la place à l’âme vagabonde…

…qui vient se poser, telle une luciole inspirée, dans le réceptacle de cette lampe d’Aladin, tout au fond du chœur où bat le pouls d’une immense étoile.

Celle de Dieu et de son interminable et invisible échelle posée dans les cellules et l’ADN de nos corps.

Notre destinée n’est, à tout jamais, qu’un simple rêve d’ascension…mais diantre, quelle montée !

                                                               © Laurent BAYART

                                              14 octobre 2022

BIBLIOTHEQUE A CIEL (PRESQUE) OUVERT…

        Au détour d’une petite escapade en Dordogne dans le pittoresque village médiéval d’Issigeac, situé dans la région des bastides, voilà que l’on découvre une improbable boîte à livres monumental, fichée sous une espèce de vastes halles bien « charpentées». Une bibliothèque copieusement garnie incite à la douce maraude de la lecture avec un incroyable panel d’ouvrages en tous genres qui attisent l’envie de lire et attisent la flamme de la passion du livre. Nous feuilletons allègrement et gaillardement cette ripaille de bouquins dont la palette s’avère riche et colorée, allant de Ruth Rendell, en passant par des albums photos et des livres d’art, jusqu’à Rika ZairaÏ sur l’art de se soigner avec les plantes ! C’est dire…

Nous sommes à mille lieues du livre électronique…Quel superbe initiative que de proposer ces volumes aux villageois, aux touristes, aux badauds et aux passants…et quelle gigantesque boîte à livres !

Lorsque surgit dont-on-ne-sait-où la « bibliothécaire », femme dynamique à la fleur de l’âge, de surcroît passionnée, qui nous « achalande » et nous propose quelques vieilles « nouveautés ».

Et, telle une elfe, la voilà qu’elle s’éclipse et rentre dans sa lampe d’Aladin…en regagnant le roman picaresque dont elle s’est extirpée un instant pour nous accueillir.

Inutile d’imaginer l’extraordinaire lorsqu’il surgit soudain dans une bibliothèque à ciel ouvert située dans un village…de papier !

                                                       © Laurent BAYART

                                                          13 octobre 2022

LIVRE / LES DELICES DE TOKYO OU ET SI L’ESSENTIEL SE SITUAIT DANS LA GOURMANDISE D’UNE PATISSERIE ?

          Les Dorayaki, ça vous parle ? Ce sont tout simplement de délicieuses pâtisseries japonaises réalisées avec de la pâte de haricot. Ce livre intitulé « Les délices de Tokyo » en parle avec tendresse et gourmandise. Ouvrage de Durian Sukegawa qui avait été adapté pour le cinéma par Naomi Kawase, primé à Cannes, constituant une sublime et délicate ode à la cuisine et à la vie. J’avais eu le bonheur de voir ce film lors d’une édition du Festival International des Cinémas d’Asie de Vesoul, un régal pour les yeux et un cantique de plénitude et de beauté.

Histoire de cette vieille dame Tokue, aux doigts mystérieusement déformés (maladie de Hansen) qui « écoute la voie des haricots » et se fera embaucher dans sa boutique par Sentarô qu’elle considère un peu comme son fils…

L’attitude adoptée par Tokue envers les haricots était étrange. Elle approchait son visage des azuki. Tout près. Exactement comme si elle envoyait des ondes à chaque grain.  Et plus loin : Les oiseaux qui viennent au Tenshôen, les insectes, les arbres, les plantes, les fleurs. Le vent, la pluie et la lumière. La lune. Tous possèdent leurs propres mots, j’en suis convaincue…Outre cette très belle histoire entre un jeune homme et une vieille dame qui transporte ses secrets avec elle, il y a cette liturgie de l’ineffable et de l’invisible qui enchantent nos existences et ce culte de l’écoute à l’adresse de chaque choses, aliments ou petits organismes qui en fait un livre initiatique et magique, une grande symphonie de lumière et d’amour.

                                                                                 Laurent BAYART

  • Les délices de Tokyo, roman, de Durian Sukegawa, Albin Michel, 2016.

LE FLAMENCO DE FILS QUI PENDENT OU SONATES DE L’ESSENTIEL.

                                             Dans une chambre de Hautepierre,

         

De fil en aiguille, ils pendouillent dans l’errance d’une chambre comme s’ils voulaient nous chuchoter leurs doutes. Les fils véhiculent et transportent une sorte de vie, quelques cathédrales de lumière et d’électricité. Bouteilles jetées à la mer. Qui donc déchiffrera le message laissé dans ses fibres, dans l’infinitésimale des immunoglobulines hospitalières ? La vie flue dans l’instant précieux qui s’écoule dans l’enchantement des miracles qui transcendent nos cathéters. Vivre constitue une musique qui joue sa sonate à chaque seconde dans nos veines et nos artères. Écrivain, il nous faudrait de longues et intenses intraveineuses de mots pour sublimer l’écriture qui nous accompagne depuis si longtemps.

Et si Dieu, se trouvait en embuscade à la fin de ce fil d’or ? Cordon téléphonique où sa voix résonne dans le tabernacle et l’entrelac de tous ces lacets qui forment des labyrinthes pour parvenir jusqu’à lui.

Tirer le bon filin et y percevoir quelques sourdes vibrations tout au bout…. C’était le bon fil celui qui nous relie à l’essentiel.

Il fallait tout simplement y croire pour que notre rendez-vous prenne la forme d’une rencontre avec Dieu. 

Nos existences, décidément, ne tiennent qu’à un fil…

                                                              © Laurent BAYART

                                             7 octobre 2022

LA FABULEUSE PROFUSION ARTISTIQUE DE IARINA MARIA ANDREI.

Un grand bravo et beaucoup d’admiration pour notre filleule roumaine Iarina Maria Andrei qui travaille actuellement en Angleterre dans une Université d’Arts Plastiques et Design en Angleterre où elle s’exerce et apprend avec maestria. Elle vient de nous envoyer quelques unes de ses oeuvres dont cette magnifique gravure que vous pouvez admirer sur cette page. Iarina réalise des maquettes de pochettes de disques, tee-shirt, objets divers, poteries, ustensiles et couvertures de livres…La justesse de son trait lui offre de belles perspectives d’avenir. Aujourd’hui, elle nous gâte et régale avec ses créations et les objets qu’elle conçoit. Elle expose même quelques unes de ses oeuvres dans la vitrine d’une banque anglaise ! Magistrale. Mille félicitations à elle pour cette fabuleuse profusion artistique. Gageons que l’on reparlera d’elle encore plus tard. Il y a de nouvelles étoiles qui dessinent leur avenir dans le ciel…L’Art est une véritable voie lactée dans laquelle Iarina pose sa palette en mille couleurs pour y créer sa propre planète.

iarina.andrei@gmail.com

IL FAUDRA S’OUVRIR AUX PORTES POUR VOYAGER AU-DELA DES MURS…

          La vie serait-elle une affaire de portes que l’on doit ouvrir pour s’en aller au-delà de cette épaisse ligne d’horizon que constituent les murs qui nous font face ? Est-ce que cela vaut la pêne de faire couiner une serrure et sa clef pour s’en aller fuir vers les lointains ? Les portes sont des étoiles glissées sur les cloisons de nos maisons ou de nos appartements. L’espace/temps s’y trouve derrière à l’image d’une caverne d’Ali Baba. Il nous appartient de les franchir afin de s’en aller vagabonder dans le cosmos. Qu’y a-t-il derrière ce rideau rigide qui nous protège des voleurs de courants d’air ? Seul le Grand Maçon en connaît tous les secrets et les rouages. L’Architecte de l’absolu a bien fait les choses !

Un jour, nous partirons en claquant la porte et sans nous retourner. Il ne s’agira pas d’un voyage ou d’une simple échappée. Dernier vagabondage et ultime envolée. Les cimetières sont des allées où traînent toutes les portes abandonnées…

Nos corps de lumière se déplaceront par les gouttières de l’invisible. Où vont donc nos voix quand le grand silence vient épaissir l’atmosphère ?

Les anges, tels des elfes ou des fées, seront nos porte-plumes pour nous faire passer de l’autre-côté des apparences. Là où d’autres portes nous attendent patiemment, car nous sommes – sans le savoir – nous-mêmes, des clefs…qui avons perdu le trousseau de notre corps.

                                                                © Laurent BAYART

                                                2 octobre 2022

J’AIME LES VOYAGES QUI COMMENCENT A S’ECRIRE SUR MON CAHIER/JOURNAL.

photo de Marie Bayart

                                                               Avec la complicité de Jules,

                  J’aime imaginer un voyage sur les lignes méridiennes de mon cahier, comme un journal de bord, en diariste à tricoter sur le quotidien, avec le compas des aiguilles, tel un journalier du verbe. Les voyages sont des poèmes que l’on écrit avec ses valises ou son sac à dos. Les pays sont des adjectifs colorés qui nous entraînent dans leur vocabulaire qu’on appelle des langues. Exotisme tout en aquarelles des drapeaux qui claquent leurs oriflammes sur ce qui restent des postes-frontières. Leurs mots ? Des syllabes, voyelles et consonnes en partance vers un exotisme en tour de Babel. Voyager, c’est rédiger des phrases sur son imaginaire en quête de rencontres et de « dépaysement », Qui voudrait dire « s’extirper et sortir d’un pays » ? Abandonner, quelques miettes d’instants, son paillasson et s’éloigner de la quiétude de son jardin pour jouer de la bossa-nova sur des cartes.

Mon cahier à spirales devient une mappemonde ou nappe-monde qui s’étire devant moi pour des agapes de l’absolu en gastronomie de territoires.

Reste à m’enivrer et à me régaler de ce « voyage » dont on ne revient jamais indemne, dit-on.

Demain, ma maison sera encore plus belle pour accueillir cet étranger/sédentaire devenu voyageur que je serai devenu.

                                                                    © Laurent BAYART

                                              27 septembre 2022

LAURENT BAYART TRADUIT EN ROUMAIN ET PRESENTE A LA BIBLIOTHEQUE EUGENE IONESCO DE GALATI.

Le « Petit précis de l’impolitesse ordinaire » de Laurent Bayart, publié en 2012 par les Editions des Petites Vagues vient de faire l’objet d’une magnifique édition roumaine qui vient de paraître aux Editions Fidès. C’est Carmen Andrei, traductrice et maître de conférence, qui a travaillé sur cette magistrale mise en lumière de ces textes, jeux d’humour et d’esprit, travail sur la syntaxe et le vocabulaire et autres ivresse du langage. Un travail monumental qui vient de paraître. Trois autres personnes ont travaillé sur ces morceaux littéraires dans le cadre d’un Atelier de traduction et d’écriture créative (ATLEC) : Camélia Bastera, Gianina Onaca et Ionela Staret. Cette mise en scène et nouvelle création (la traduction étant aussi une création !) a été présentée en public, le samedi 24 septembre dernier, dans la très belle bibliothèque Eugène Ionesco de Galati (Roumanie) devant un nombreux public d’élèves, de professeurs et d’érudits, amoureux de la langue française. Un immense merci chaleureux pour cet immense travail !

LAURENT BAYART « DES MOTS ET DES NOTES EN GOGUETTE » A LA BIB DE MUNDOLSHEIM, LE VENDREDI 7 OCTOBRE.

Laurent Bayart présentera une nouvelle lecture musicale le vendredi 7 octobre prochain, rendez-vous littéraire et musical habituel d’automne à la bibliothèque de Mundolsheim. Il sera accompagné par Louise Deichtmann à la voix et de sa complice accordéoniste Jeanine Kreiss. L’écrivain présentera des extraits de ses derniers ouvrages, ainsi que des pièces inédites écrites pour la circonstance. Venez nombreux pour ce rendez-vous festif et plein de bonne humeur dans cette superbe et lumineuse bibliothèque ! Lecture suivie d’une dédicace.

  • vendredi 7 octobre 2022 à 20h30, bibliothèque de Mundolsheim, 19, rue du Général De Gaulle, entrée gratuite (plateau). tel. 03 88 20 94 29.

LES COCOTTES DU COUVENT DES CAPUCINS.

                                                                 A Mady et Bruno Cortot,

          C’est un havre de verdure et de paix, noyé dans une bulle d’oxygène verte, sise (assise comme le bon Saint François !) en cette bonne et belle ville de Beaune, capiteuse et savoureuse telle une dive bouteille de bourgogne. C’est au Couvent des Capucins que Bruno Cortot a décidé de planter son atelier de peintre où la vie bruisse de toute part. Le jardin des moines constitue une miniature de paradis où des ombres bienveillantes offrent la plénitude aux retraités/visiteurs. Dieu s’est pris les pieds dans le tapis et le temps passe comme une éternité fixée dans les coussinets d’un félin. Outre les chats qui déambulent non-chat-lamment, trainent aussi de nombreux volatiles ainsi que des poules, surnommées par le maître des lieux, les « cocottes ». Ce sont ainsi les bonnes âmes du cloître qui cotecodatent joyeusement et gaillardement. Il ne manquerait plus, à ce tableau bucolique (moins la chasse d’eau !), que dis-je cette palette champêtre, que l’auguste mère Poularde, mais celle-ci, sévit du côté du Mont Saint-Michel, à mille lieues de ce couvent…On ne fait pas d’omelettes sans casses d’œufs nous chuchote un merle de passage…colorié – pour la circonstance – en jaune !

Ici, l’art s’épanouit sereinement au fil des saisons, grassouillant et ripaillant gaillardement. Le temps file doucement sans se presser. Il n’a pas (d’arrières) trains à prendre…

Les gallinacés picorent et gloussent dans cette basse-cour en couleurs où les silhouettes des chats-moines cotecodatent allègrement en bure ou en cuculles.

Ils se délectent du spectacle des « cocottes » qui picorent l’herbe et la terre tels en métronomes de ferme. Et, il ne s’agit pas de goulues d’un french cancan endiablé, même si elles portent plumes… et grignotent, en poétesses du poulailler, quelques vers d’anthologie…en faisant tourner les ailes (rognées) de ce moulin rouge imaginaire.

                                                                            © Laurent BAYART

  • Atelier du Cloître, 31, rue du Faubourg Saint-Martin, 21200 Beaune.