Archives de catégorie : Blog-Notes

BILLET D’HUMEUR / ACTE 140/ MON VAL D’AJOL COMME UN NOEL DE CHAQUE INSTANT.

J’ai le Val serré dans mon cœur et me manque la fougueuse envolée de la Combeauté qui traverse le Val d’Ajol, comme une fluette plume d’oie sur une feuille de papier verte. Je m’imagine là-bas, à humer l’air frais des épicéas et à entendre le bourdonnement du clocher de l’église Notre Dame qui invite à la dévotion et au recueillement. Mon cœur se glisse dans ce lieu enchanté et inspiré qui me donne rendez-vous avec le bonheur de l’instant. Effeuiller l’andouille au son de l’harmonieuse épinette qui enchante papilles et tympans. Guirlandes de gourmandise.

Amis du Val, vous me manquez ! Vos sourires sont des ricochets de joie et de bonne humeur. Là-bas, le temps prend la poudre d’escampette et file en mode vagabondage. Je suis un papillon posé sur la joue d’un pétale de fleur, une libellule qui se pose sur une feuille de papier qui se remplit de mots.

Mon imagination s’envole. Autour de moi, je m’aperçois que tous les sapins du Val de Combeauté se sont parés de boules multicolores, de guirlandes scintillantes et de confettis de lumières.

Je suis les rois mages entre les sapinières, en quête de cette crèche, genèse de toute création. 

L’étoile du berger se trouve au-dessus de la Feuillée Nouvelle.

Au Val d’Ajol,  c’est Noël à chaque instant… 

                                                              © Laurent BAYART

                                            29 novembre 2020

LIVRE / LE VIRUS DE L’ATOME OU « 86, ANNEE BLANCHE », EN PANDEMIE DE NUAGES RADIOACTIFS.

          C’était la pandémie de l’époque, ce fameux nuage radioactif venu de la vétuste centrale de Tchernobyl (appelée Vladimir Ilitch Lénine), qui a traversé l’Europe au printemps 1986. L’écrivain Lucie Bordes raconte, par le biais de la narration de trois femmes, cette douleur invisible mais – ô combien dévastatrice – provoquée par le virus atomique. Lucie, dans le sud de la France, Ludmila, dans la ville ultramoderne de Prypiat qui jouxte le site de l’accident et Ioulia qui habite Kiev. Ludmila vit avec Vassyl, un des fameux « liquidateurs » de la centrale, hospitalisé à Moscou.  Peut-être que tout n’était parfait, mais les choses avaient un sens. Surtout à Prypiat, ville modèle pour citoyens modèles, îlots de roses dans la mer instable de la perestroïka. Nous vivions un conte de fées. Pouvait-on trouver, à d’autres endroits du monde, autant de lactaires délicieux, de bolets, de chanterelles, de cèpes et de russules ?

Et plus loin, les images idylliques tournent au cauchemar : le dosimètre craquait. Vassyl avait écouté fasciné le bruit de la catastrophe, l’avait trouvé presque rassurant. Le diable était bien là. Il stridulait dans le boitier et l’aiguille affolée se cognait au bord du cadran comme un papillon de nuit à une fenêtre éclairée…

Plus loin, en France,  la cueillette des champignons est interdite, les chantiers navals de la Seyne sur mer et de la Ciotat ferment en laissant des centaines d’emplois sur le carreau… (On revit l’épisode du coup de poing mythique de Bernard Hinault aux militants qui  bloquent la route, en 1984 sur Paris-Nice). Le père de Lucie est membre de la CGT : J’ai demandé à mon père si à son avis, le délégué syndical avait parlé de Tchernobyl. Il a dit qu’il y avait peu de chance. Que la CGT était trop proche du PC…

Trois voix pour évoquer l’indicible et cet hommage à ces hommes qui se sont sacrifiés : Un soldat de plomb. Puis un autre. Et bientôt les machines furent toutes humaines, et il fallut trouver un mot pour les désigner. On les appela liquidateurs et moi, Petro-tête-basse, j’en fus.

Plus loin, il était déconseillé de cueillir des champignons…

                                                      © Laurent BAYART

* 86, année blanche de Lucie Bordes, Editions Liana Levi, 2016.

BILLET D’HUMEUR / ACTE 139 / MOI, PLUTOT QUE LES BARRIERES, JE PREFERE LES « GESTES LANIERES »…

         J’avoue ne plus me reconnaître, dans ce monde de la distanciation et des « gestes barrières » ! Fini, les bisous et embrassades énamourées, les effleurements de peau et les tendresses de l’instant ! Le velouté des épidermes est orphelin de nos caresses… Nous voilà  plongés dans le grand anonymat des masques qui tirent leurs rideaux protecteurs sur nos visages à la Zorro. Il ne faudrait surtout pas laisser passer les microbes de l’infinitésimal dans le carrosse doré de nos postillons ! Que nenni. Nos humaines destinées sont réduites à une société du « sans contact », telle une carte bancaire, en peau … de chagrin. Il va falloir faire avec, comme dirait l’autre.

Les bisous, c’était le monde d’avant. Lorsque les océans glauques et visqueux de liquide hydrogel ne régnaient pas  sur le vélin de nos mains. 

Moi, je rêve encore de nos « gestes lanières », du toucher de la peau et du taffetas des lèvres qui papillonnent sur le pollen des joues.

Réenchanter le monde de nos tendresses retrouvées.

                                                           © Laurent BAYART

photo Némorin, alias Erik Vacquier

                                                                       22 novembre 2020

LIVRE / GAY VOYAGE DANS L’EMPIRE DU MILIEU AVEC BEI TONG.

         Ah, qu’il sent le soufre et la sulfure, ce livre « pseudonymé » signé Bei Tong « Camarades de Pékin » qui raconte le libertinage en mode gay mais pas que…(sans jeu de mots s’il vous plait, ou presque !) d’un personnage s’appelant Chen Handong, entrepreneur et business man à succès qui s’énamoure d’un jeune étudiant en architecte Lan Yu (lan, bleu et yu, ciel)

Et là, la trame se débloque en un Tristan et Yseult déjanté, en mode déluré… L’histoire se passe durant le soulèvement de Tian’anmen dans une Chine qui fait sa mue. Amours interdites et proscrites : En Occident, de genre de choses n’est pas très gênant, mais en Chine, on peut être poursuivi pour atteinte aux mœurs.

 Une incommensurable passion qui emporte tout comme un tsunami de chair. C’est parfois un peu cru, un zest pornographique : Avec Lan Yu aussi, mais cela allait plus loin que mon corps. Mon âme était aussi de la partie. Les protagonistes de ces amours illicites vont jouer à se haïr, se rejeter et se revoir, dans un perpétuel déchirement. Avec le constat, qu’ils se sont transformés en inséparables amants-papillons. 

« Camarades de Pékin »fait partie des romans gays chinois contemporains les plus connus et les plus importants de la Chine continentale. C’est aussi une œuvre pionnière de ce que l’on nomme le tongzhi, ou fiction gay…

Indubitablement, quoi qu’on en pense, ce livre est à couper le souffle et agit comme une fiction documentaire car l’histoire est véridique, mais les personnages « floutés » pour des raisons évidentes…

                                                          Copyright : Laurent BAYART

Camarades de Pékin de Bei Tong, Calmann-Lévy, 2018.

BILLET D’HUMEUR / ACTE 138 / DES OISEAUX DANS LA CHAMBRE D’HOPITAL !

une belle chambre à Hautepierre…

Ma chambre d’hôpital a été enchantée par des oiseaux taquins et guillerets, joliment colorés et coloriés, qui ont pris les bras tendus de la potence de la perfusion pour d’accortes branches d’arbres. Qui donc a laissé la fenêtre grande ouverte ? J’avais l’impression de me retrouver dans l’aire paradisiaque de mon jardin. Retour à la maison ! C’est tout juste si je ne percevais pas les trilles et les pépiements de la gent à plumes dans cette pièce blanche aseptisée. Ainsi, mon séjour à l’hôpital fut –presque – placé sous l’égide de Saint François d’Assise, le Saint qui parlait aux oiseaux…

Goutte à goutte telle une bienfaisante becquée où les immunoglobulines venaient s’envoler dans mes veines pour y mettre un peu d’espace et de confettis de nuages poussés par le vent. 

Belle et reposante chambre où, quelques plumes semblaient tomber comme des flocons de neige, à moins que cela soit les plumes de couette de la perfusion. Un merle ou une pie devant s’ébrouer et faire sa toilette !

Au bout d’un instant, la bouteille vide, une infirmière vint pour me changer le flacon. Stupeur : l’écrivain-patient s’était transformé en colibri.

Heureusement, le personnel de l’établissement réussit à m’identifier: mon nom était bagué sur la patte de mon poignet !

Et l’on me remit, derechef, dans mon jardin-potager…où je m’envolais – ivre de bonheur et de liberté – tel l’oiseau de la perfusion…

                                                           Copyright : Laurent BAYART

19 novembre 2020

                                                                                                                                                                               

LIVRE / BON ANNIVERSAIRE MA FILLE OU CLAIRE DES SOURCES, NOTRE RESSUSCITEE !

         C’était le 15 novembre 2002, date gravée dans notre Adn, où nos vies ont basculé. C’était pendant une séance de gym au cosec de Mundolsheim où tu fis ton accident. Là où tu es née une seconde fois, Claire-Elise : Il nous faut naître deux fois pour vivre un peu, ne serait-ce qu’un peu. Il nous faut naître par la chair et ensuite par l’âme. Les deux naissances sont comme un arrachement. La première jette le corps dans le monde, la seconde balance l’âme jusqu’au ciel écrit Christian Bobin. Chaque membre de notre tribu s’en souvient encore, de ce séisme qui nous a happé dans le quotidien de nos existences. La foudre a frappé mais nous nous sommes relevés, encore et toujours plus fort. 

Aujourd’hui, nous rendons grâce à Dieu et à ses ange-gardiens car tu as traversé les flammes et tu vis heureuse avec Jérémy et ton pipoune d’Alphonse…

Qui aurait-cru, quand nous suivions l’ambulance ce jour-là, hagards et fantomatiques tels des zombies ? L’ami Claude Luezior, écrivain et neurologue, le disait dans mon livre récit publié en 2003* : La joie et les astres étaient parmi eux. Et puis, un jour de novembre frappa avec cette couleur grise du malheur, avec cette couleur rouge de l’hémorragie qui teinta de rouge la plus claire de leurs sources : la fille de leur chair.

Bon anniversaire Claire-Elise ! Nous savourons – depuis – chaque jour comme une grâce que les étoiles nous ont offert dans les rendez-vous impromptus de l’amour.

Le temps passe mais les bougies des anniversaires continuent de nous éclairer chaque jour…

                                                                               Laurent BAYART

Claire des sources ou le chemin étranglé de Laurent Bayart, préface de Claude Luezior, éditions Editinter, 2003.

BILLET D’ HUMEUR / ACTE 137 / LE TEMPS DES ATTESTATIONS.

Quels drôles de temps frappés par le tsunami du coronavirus qui produit un incommensurable ras de marée dans nos rapports sociaux et nos existences. Avis de tempête. Nous revoilà à nouveau « claquemurés » chez nous, dans l’attente que le Micromégas coronavirussien se calme un tant soit peu…et cesse de nous harceler avec ses postillons délétères ! Sortir oui, mais comme une permission militaire, muni du sésame de son laisser-passer qu’on appelle aujourd’hui « attestation de déplacement ». Le monde est ainsi devenu fou et marche sur le cervelet. En liberté conditionnée et conditionnelle…Drôle de monde où les prisons sont devenues intérieures et sans barreaux. Nous nous campons – désormais – derrière nos gestes barrières et nos masques protecteurs. C’est ainsi que les hommes vivent ? aurait psalmodié Louis Aragon. Sortir signifie qu’il vous faut vous munir de votre attestation dûment cochée remplie. Sortir, oui mais…

Avec le bracelet électronique et le licou de ce petit bout de feuille de papier sans laquelle la liberté de vaquer ne pourrait pas exister.

A tester (attester) notre capacité de prendre la poudre d’escampette, juste quelques instants.

En confettis de liberté et en serpentins d’évasion.

                                                      Copyright : Laurent BAYART

                                                                       12 novembre 2020

BILLET D’HUMEUR / ACTE 136 / VOLTAIRE, REVIENS ! ILS SONT DEVENUS FOUS !

         Confinement ou pas, je n’en continue pas moins à dévorer ma bibliothèque (idéale !) et il m’arrive de piocher dans mes classiques où – force est de constater – que cette littérature vivifiante et tonifiante, par les temps qui courent, n’a pas pris un chouïa de rides bien au contraire.  Elle se confirme d’une modernité bluffante, à l’heure où la liberté et la démocratie s’avèrent bien chahutées !

Ainsi, l’envie m’a pris de relire l’inépuisable et sulfureux François-Marie Arouet dit Voltaire (1694-1778) par le biais (d’abord) d’une biographie rédigée par Anne-Marie Garcia* qui s’avère passionnante. Retour aux fondamentaux roboratifs qui ont fait de la France, le pays des Lumières…Voltaire, comme volvere, tourner, virevolter. Voltaire comme volonté et volontaire…/…Voltaire aussi comme Airvault : c’est de là que vient ma famille…Cet auteur, a la longévité remarquable à une époque où l’on mourait tout de même assez jeune, a dans l’édition de référence de ses œuvres complètes, établie par Louis Moland à la fin du dix-neuvième siècle, fait l’objet de cinquante deux volumes de plus de quatre cents pages chacun. Comme on dit, excusez du peu…Notre Candide ayant écrit cinquante-deux pièces pour le théâtre, beaucoup de ne resteront pas dans la postérité, certes…

Il reste à nouveau essentiel, en ces temps de disette culturelle et d’obscurantisme, de lire ou de relire quelques unes de ses œuvres qui parlent encore à l’homme du vingt et unième siècle. Lui qui écrivait : mettre l’église dans l’état, et non l’Etat dans l’église. Et rajoutant, Puissent tous les hommes se souvenir qu’ils sont frères ! Qu’ils aient en horreur la tyrannie exercée sur les âmes, comme ils ont en exécration le brigandage qui ravit par la force le fruit du travail et de l’industrie paisible ! (Traité sur la Tolérance).

Ne nous laissons pas aussi confiner l’esprit, relisons Voltaire qui chante – d’outre-tombe- la liberté et la tolérance contemporaines !

                                                      Copyright : Laurent BAYART                                 

*  Voltaire, biographie, étude de l’œuvre, Editions Albin Michel, d’Anne-Marie Garcia, 1993.

BILLET D’HUMEUR / ACTE 135 / LE FOOT EN MODE CORONAVIRUS OU LA NATURE A (décidément) HORREUR DU VIDE…

         Quelle situation ubuesque que ces –désormais- matches de foot qui se déroulent en mode « huis clos », coronavirus désoblige, devant des travées et autres gradins déserts…Quel curieux championnat de foot (on dit la ligue Uber Eats ! )où les rencontres se disputent dans un silence…assourdissant. On entend même les joueurs se parler et le son des shoots dans le cuir du ballon ! Drôle de compétitions tronquées où le public est en mode absent. Où sont les ultras et leurs hymnes dévastateurs ? Les olas qui chauffent les stades devenus incandescents ? Quel intérêt à ces joutes qui n’ont plus aucune signification ? Le foot est un spectacle populaire, alors quoi ? D’autant que, souvent, la composition des équipes se retrouve « trouée » et décimée par des joueurs détectés positifs au coronavirus qui sont ainsi éloignés de la feuille de match. Quarantaine oblige. Tout cela devient grotesque. Pourquoi continuer une telle mascarade qui n’a plus de sens ? Sinon pour le business ? 

Et que dire de la Vuelta, Tour d’Espagne qui en est aujourd’hui à sa 14èmeétape dans une indifférence quasi générale. Rouler, en mode cycliste, dans des situations dantesques – météoroligiquement parlant – en plein mois de novembre où les cols sont déjà en station hivernale…Il convient de farter les pneus ! Les forçats de la route ne sont pas des ballerines de terrains de foot ! Qu’on se le dise !

Le sport, et la nature, a horreur du vide et pourtant, ces tristes spectacles n’offrent que des similis de spectacles. Continuer malgré toux semble être le leitmotiv des Diafoirus du sport tous azimuts. Ils sont devenus malades !

Le monde marche décidément sur la tête. On joue les prolongations d’une insipide pièce de théâtre sans metteur en scène, ni dramaturgie.

Les comédiens en short cavalent avec un thermomètre dans le…

                                                           Copyright : Laurent BAYART

                                                                       5 novembre 2020

BILLET D’HUMEUR / ACTE 134 / OUI, PAR LES TEMPS QUI COURENT, LE LIVRE CONSTITUE VRAIMENT L’ESSENCE CIEL !

avec la complicité de la bibliothèque L’arbre à lire de Mundolsheim…

         L’acte 2 du confinement à peine entamée, ce ne sont finalement pas les feuillets volages du P.Q. – nous tirant irrésistiblement vers le (très) bas – qui semblent avoir pris le dessus du dessous, mais les feuilles sur-vitaminées pour nos neurones que sont les livres qui nous attirent vers le (très) haut, vers l’essence-ciel…

Lire s’impose comme une évidence et prend peut-être le pas sur le grand « gobage » des moniteurs d’ordinateurs ou les écrans de nos téléviseurs qui ne s’apparent plus, depuis belle lurette, à des lucarnes magiques. Elles sont plutôt devenues –par les temps qui courent et qui boitent – tragiques…

Sortir du confinement et de la boite noire de son appartement, par le biais du livre et de son échappée vers la lumière de l’imaginaire constitue le meilleur moyen de ne pas sombrer dans la désespérance et dans l’hystérie coronavirusienne de l’instant. Evasion en mode voyage dans l’impromptu d’un présent magique qui joue à la bulle d’oxygène, là où l’on commence à manquer sensiblement d’air et à s’étouffer sous le scaphandre d’un masque.

Essentiel comme la littérature qui nous raconte le sublime de nos existences et nous pousse vers les horizons azuréens des nuages et du soleil intérieur. Le livre est – quelque part – l’essence du ciel qui remet un zest de carburant, telle une divine ambroisie, dans le réservoir de nos corps souvent en panne…d’essence !

                                                      Copyright : Laurent BAYART

                                                              3 novembre 2020