Archives de catégorie : Blog-Notes

BILLET D’HUMEUR / ACTE 96/LE TOUR DE France A LA RENTREE OU NOEL EN SEPTEMBRE !

Noël en septembre !

La nouvelle a été annoncée par le grand timonier du Tour Christian Prudhomme : le Tour aura bien lieu cette année ! et ce sera à l’heure des écoliers et des cartables, du 29 août au 20 septembre, au lieu du traditionnel timing de fin juin à la deuxième partie de juillet. Voilà qui met un peu de baume sur les dérailleurs et les jantes des « forçats de la route ».  Devant l’hécatombe des annulations dues à la pandémie planétaire liée au coronavirus, c’est une jolie bombe de joie qui explose dans un ciel bien tourmenté. Une belle occasion de maculer d’un peu de cambouis la tête hideuse en hérisson de ce  virus pervers, en forme de couronne, venu de Chine. Manière de faire fi de l’adversité et de lui mettre un bon coup de pédale sur sa sale caboche de bactérie ! 

Ainsi, pour pasticher l’écrivain Louis  Nucéra, ce ne sera pas – cette année- Noël en juillet mais Noël affiché sur les cahiers et les cartables des écoliers. Même si des doutes et des menaces persistent encore, certaines équipes menaçant de ne pas faire le déplacement si les conditions sanitaires n’étaient pas assurées à cette période. Dans les rampes des Alpes et des Pyrénées, El Diablo coursera-t-il les coureurs masqué avec sa mythique fourche ? Sera-t-il interdit de postillonner le nom de son favori sur les bas-côtés ou de lui faire des « poussettes » d’un peu trop près ? Chacun se réjouit de cette nouvelle en respectant l’intégrité du parcours d’origine (même si on peut toujours déplorer que cela reste un demi tour de l’hexagone ! Et puis, pourquoi ne pas profiter de cette occasion pour bazarder ces fichues oreillettes afin de redonner un peu de magie et d’imprévu aux courses ?). Après s’être entrainés sur leur vélo d’appartement, confinés comme tout un chacun, nos champions en cuissard pourront ré-enchanter nos routes ! Et, pourquoi pas glisser quelques airs d’accordéon, à la manière de notre Yvette, histoire de mettre le goudron en goguette ?

Le fantaisiste Julian Alaphilippe et le sympathique et bouillonnant Marc Madiot s’en réjouissent déjà. Le cyclisme et ses spectateurs ont besoin de fête dans un calendrier dépeuplé. 

Après ces semaines de cauchemar à pédaler dans la choucroute ou la semoule, le temps est à nouveau venu de rêver plus haut, plus loin, la tête pas forcément dans les étoiles mais assurément dans le guidon ! 

                                                           Copyright : Laurent BAYART

                                                                                18 avril 2020

LIVRE / UN DICTIONNAIRE D’ANGLAIS A LA MANIERE DE WANG GANG AUX CONFINS DE L’EURASIE

Encore une magnifique découverte, en mode littérature asiatique, grâce aux éditions Philippe Picquier, avec l’écrivain chinois Wang Gang, un orfèvre de l’écriture qui a mis huit ans pour terminer cet opus intitulé English, l’auteur étant originaire de la région dont il parle

En ces temps de confinement, cet auteur nous emmène à Urümqui dans les confins du Xinjiang (nouvelles marches) au nord-ouest de la Chine où l’on aperçoit le mythique Tian Shan, les Monts Célestes, si chères à Ella Maillard qui en faisait déjà référence dans ses ouvrages. 

Histoire d’amour et de passion sous l’œil du jeune Liu Aïe dont les parents sont des architectes (l’un construit le Centre de fabrication de la bombe à hydrogène et l’autre, un abri anti-aérien…), intellectuels malmenés et humiliés par les autorités, bannis en ces terres ouïgoures en pleine révolution culturelle. Voilà qu’arrive un autre banni en la personne de Wang Yajun, professeur d’anglais et propriétaire d’un emblématique dictionnaire, fruit de l’élégance et de la culture qui attise les convoitises, notamment celles de son jeune élève, prêt à tout pour s’en emparer. Obnubilé aussi par son parfum de gentleman.Et pourtant : A quoi aurait pu nous servir l’apprentissage de l’anglais ? Les Etats-Unis comme le Royaume Unis étaient si loin d’ici ! On rencontre des personnages attachants et sensuels comme Hung Xusheng et la belleHajitaï à la peau si claire et aux cheveux incroyablement blonds. La répression et le diktat des dirigeants sont constants, les punitions humiliantes et parfois aussi les compromissions pour arriver à sortir la tête de l’eau. La chasse aux sorcières étant constante, en témoigne la recherche du coupable de ce dazibao provocateur de A bas Mao ! 

Destins chaotiques et malmenés dans un Xinjiang comme un far-west : Qui écrit l’histoire en fait, les héros ou les esclaves ? Les héros, dites-vous ? Moi, je dirais que ce sont les esclaves. Car, en fait, tous ces personnages sont – bel et bien- les esclaves des chamboulements de la révolution, soumis à ses vicissitudes et autres turpitudes.

                                                           Copyright : Laurent BAYART

English de Wang Gang, éditions Picquier, 2008.

BILLET D’HUMEUR / ACTE 95 / MON VAL SI D’AJOL OU L’ECRIT/ LES CRIS D’UN CONFINé…

Ah que j’aurais voulu me retrouver confiné dans une boucherie du Val d’Ajol, celle par exemple d’Arnaud Daval,  entouré de quelques savoureuses andouilles suspendues à leurs crochets, comme des dieux lares me protégeant du méchant corona-merdicus-virus ! Mon Val si d’Ajol, je suis en manque de toi. J’aimerais tant admirer le clocher de ta si belle église du bas du pittoresque parvis, écouter le concerto de la Combeauté m’offrir ses sonates d’eau vive en algues majeures, observer ses palettes de couleurs vertes qu’offrent les montagnes environnantes, avec en point de mire la Feuillée Nouvelle/Corcovado du Rio ajolais où je perçois le doux son d’une épinette tel le chant d’un colibri. Sublime mélodie qui vient réchauffer mon cœur de ses divines notes de cordes enchantées.  Est-ce La valse de l’Empereur ? Et vous,  amis, Ajolais qui fleurissaient mon âme de votre bonne humeur et de votre chaleur, votre sourire est comme la signature apposée sur le bas d’une œuvre. 

J’ai hâte de venir dédicacer mon livre, chant d’amour, sur le Val d’Ajol chez Narcisse pour une épicurienne ivresse en comptoir de bar.  Il n’y a rien qui ne Val…d’Ajol  stoppé in-extremis par ce stupide et pervers virus. Amis, ce n’est que partie remise !

Et même si je surgis masqué, comme un Zorro avec le collier de la confrérie pendu telle une saucisse à mon cou, je viendrai signer mon livre à la pointe de mon épée/stylo ! 

Une plume en fête à la place d’un thermomètre…Histoire de vous rappeler qu’on ne guérit jamais de son amour du Val d’Ajol !

                                                        Copyright      Laurent BAYART

                                                                                        10 avril 2020

  • N’hésitez pas à me contacter pour le commander, en cette période de « confinement », vous le recevrez ainsi directement chez vous, dans votre boîte à lettre, (22 Euros, port compris).

Y’A COMME UNE ABSENCE…

                                                     A Jules, Alphonse et Camille.

Sur la rampe en pente douce du toboggan si joyeusement coloré, une corneille fait la conversation avec une mésange, le bac à sable accueille quelques fourmis et insectes vagabonds. Quant à la petite maisonnette de jardin, abandonnée, ses volets claquent à tous vents… Un chat y a trouvé refuge et s’affûte les griffes. Y’a comme une absence. 

Mes yeux vous imaginent en train de vous ébrouer tels de jeunes cabris, dans la générosité de ce mois d’avril qui fanfaronne de mille feux avec son printemps clinquant. Y’a comme une absence. 

Je vous entends pousser vos petits cris, petites égosilles dans l’instant éparpillé en cet espace qui vous est entièrement réservé. Y’a comme une absence. 

Le temps semble s’être suspendu, comme arrêté… étrange sensation d’abandon, à l’image d’un village déserté par ses habitants. Des enfants que l’on devine mais que l’on ne voit plus. La balançoire ne pousse plus sa chansonnette grinçante en pépie d’huile. Y’a comme une absence.

Vos jeux, vos rires, l’éclat de vos voix ne résonnent plus dans notre ciel. Vos jeux sont désormais hors-jeux. La faute à cette saleté de virus dont la planète en fait les gorges chaudes… Cette boule de gomme, telle une caricature, hérissée d’épines, convoquée par un microscope. Stupeur et tremblements.

Le jardin n’est plus en goguette. Il y manque votre présence. Le temps s’est arrêté de tourner. Tempo de mélancolie, saudade comme disent les Brésiliens.

Le toboggan ne glisse plus. Quelques feuilles mortes y ont déposé leur papier blanc dessus. Angoisse de la page blanche, les mots sont orphelins de votre manège. Il n’y a plus rien écrit sur ce silence.

Y’a comme une absence.

                                     Copyright  Laurent BAYART dit Papy Lo

                                                                               8 avril 2020

LIVRE/ L’ŒUVRE MAGISTRALE DE LA COREENNE MIA YUN OU LES AMES DES ENFANTS ENDORMIS.

         Autre petite découverte (ça vaut le coup de faire des réserves de littérature (en période de confinement) sur sa table de chevet !) avec l’auteure coréenne Mia Yun qui vit aujourd’hui aux Etats-Unis en tant que traductrice, écrivain et journaliste.

Ce livre, joliment intitulé Les âmes des enfants endormis, est un mélange de souvenirs, de contes poétiques, de récits et d’envolées oniriques pleines de tendresse dans un monde fissuré par la guerre de Corée. Histoire d’une femme, délaissée par un mari absent, qui élève seule ses enfants au gré des vicissitudes de la vie et de ses multiples déménagements, allant même jusqu’à faire du porte-à-porte en proposant des gâteaux de riz…

Beauté d’une écriture coréenne qui mêle tradition et modernité où l’on apprend que les pénis des gamins sont nommés des piments. Souvenirs des enfants, et notamment de la jeune Kyung-A, confiés souvent en « gardiennage » à la grand-mère. Histoires de la femme-citrouille et de ce père, mort assez jeune, qui a attrapé la maladie de la colère et a commencé à boire, lui qui ne buvait jamais. 

Multiples pérégrinations qui nous amènent à Pusan, sur la côte Sud : le San Francisco de la Corée, un monde d’adultes, d’hommes seuls et de filles « vendant leur printemps »…où traine l’ombre menaçante des GI en déshérence ou celle de quelques espions venus du nord…On apprend aussi que les marmots étaient astreints à rédiger des « lettres de réconfort » à l’adresse des soldats qui défendaient la frontière, la fameuse « DMZ »…

Quant aux cours d’histoire, les élèves apprenaient que sur la carte de l’Asie du Sud-Est dont se servait notre instituteur, la Corée, en forme de lapin était bordée au nord par la Russie, à l’ouest par la Chine et à l’est par le Japon…

Une littérature narrative à découvrir par cette poésie et cet art de raconter que distille avec finesse Mia Yun, nous précisant que les esprits des enfants qui font la sieste partent en expédition sous la forme de papillons.

                                                             Copyright Laurent BAYART

Les âmes des enfants endormis de Mia Yun, Editions Denoël, 2017.

LIVRE / LE GENIE LITTERAIRE DE SU TONG

          On le connaît par ce petit chef d’œuvre qu’est Epouses et concubines adapté magistralement au cinéma, Su Tong est un écrivain chinois majeur. Il suffit de lire l’importante bibliographie d’un auteur né en 1963 pour s’en convaincre, son pseudonyme étant tiré de sa ville natale de Suzhou. Dont acte.

Je vous invite aussi à découvrir, entre autres, Le dit du loriot, qui nous emmène par le biais de trois adolescents, personnages phares d’une superbe narration où « la mante qui attrape une cigale oublie le loriot qui la guette ».  Baorun, garçon balourd, Liu Sheng, séducteur magouilleur et Princesse, pin-up, égérie de ces garçons. Leurs « vertes années » tourneront au vert de gris avec le viol de cette dernière et l’incarcération de Baorun (orfèvre et psychopathe des nœuds de cordes tous azimuts, qui ficèle le grand-père comme un saucisson) faussement accusé de ce crime sexuel…

Princesse, libellule charnelle, courtisée par les deux adolescents, improbables frères, Pourquoi tu veux à tout prix y aller à moto ? Elle lui avait fait une réponse mi-figue mi-raisin, à moto on peut mettre un casque, et j’ai envie d’en mettre un…Quant à cette tête-brûlée de Liu Sheng, il veut danser le xiaola avec la belle : Tu me prends pour une danseuse de bar ?  Tu as des microbes dans la tête ? Des cordes, comme des fantômes, des serpents qui ceinturent et enserrent la frénésie de vivre de ces personnages. 

Baorun, sa peine purgée, reviendra quérir ses dix années de prison, sa jeunesse consumée…Les cordes de nylon blanc arrivèrent les premières, suivies des vertes. Puis des cordes de chanvre, de raphia, des câbles d’acier…

Trois chapitres magistraux au nom de ces trois personnage faisant danser frénétiquement la narration qui se termine par Princesse, devenue mademoiselle Bai, qui enfanta un curieux bébé colère…, fruit d’une passade, d’un viol- cette fois-ci – sans effraction.

                                                           Copyright Laurent BAYART

Le dit du loriot de Su Tong, Editions du Seuil, 2016.

LIVRE / CHIYO UNO OU UNE SARAH BERNARDHT A LA MODE JAPONAISE.

Autre petite pépite dégotée, dans le domaine de la littérature asiatique, que je découvre. Il s’agit de cette auteur(e) sulfureuse qu’est Chiyo Uno. Née en 1897 (décédée à l’âge de 98 ans), elle est l’une des plus célèbres romancières japonaises. Chiyo Uno connut un succès retentissant avec ce livre que je tiens entre les mains aujourd’hui : Confession amoureuse.Outre la littérature, cette femme exceptionnelle a fondé un magazine de mode et lancé une marque de kimonos…Elle pose, à son époque, la question dérangeante, en précurseur, de la liberté et du rôle de la femme et vécut en mode « bohême », loin de la soumission imposée à ses congénères. D’ailleurs, n’a-t-elle pas déclaré : que l’essence de sa vie est de ne pas avoir suivi les règles de quelqu’un d’autre et d’en avoir fait à sa guise…

Affranchie et libérée à la manière de Colette ou d’une Sarah Bernhardt, un zeste délurée. Cette Confession amoureuse nous installe dans cette parenthèse sentimentale dans laquelle un artiste volage, en instances de divorce, papillonne – parfois dangereusement – avec plusieurs égéries dans ses filets. La narratrice, pour ce faire, enfile une silhouette masculine pour rédiger cette belle histoire. Yuasa Jôji s’éprend de plusieurs femmes dont Takao etTsuyuko. Dans l’esprit romantique, l’artiste tentera un suicide en duo qui tournera court…A signaler, cette scène décrite avec talent, telle une lente remontée vers les lumières de la vie. Moralité : les Don Juan ont aussi leurs ange-gardiens !

Un ouvrage qu’on lit comme un régal de littérature.

                                                             Copyright Laurent BAYART

Confession amoureuse de Chiyo Uno, éditions Denoël, 2019.

BILLET D’HUMEUR / ACTE 94 / UN MOIS D’AVRIL EN QUEUE DE POISSON…

Tristounet 1er avril ou une fête en queue de poisson…

En ce premier jour d’avril, propice aux blagues et aux (délirantes) fake news, le cœur n’est pas à la gaudriole et au calembour. De jour en jour, la planète se retrouve dans la dévastation et la stupeur face à ce virus qui sème l’effroi et la mort, au fil des pays. Le château de cartes s’effondre à vue d’œil. Passe-murailles et passe-frontières, le monde microbien du minuscule vient mettre l’omnipotent roi de la création, genoux au sol…Triste poisson d’avril, comme une arête fichée dans le gosier du bipède mastodonte qui semble dépité et (totalement) dépassé par les événements. Film catastrophe et apocalyptique dont le scénario semble se rédiger sous nos yeux globuleux de poisson rouge. Une sorte de fin du monde ou plutôt, celle d’un monde…Il semble qu’il n’y ait pas une personne de son entourage, de ses connaissances qui n’échappent à ce tsunami faisant tousser la planète, comme si l’air était irrémédiablement pollué par cette peste qui nous viendrait d’un marché chinois ? Et voilà que les ancestrales peurs ressurgissent, le Moyen-Age et son cortège de charrois nauséabonds. Et pourtant, ne nous trouvons-nous dans ce siècle, numéro vingt et un, si imbu de sa fine technologie, de l’orfèvrerie (fièvre ?) de son multimédia,  et de sa science si affinée ou plutôt raffinée ?

Pathétique 1eravril, un virus vicieux collé dans les alvéoles des poumons ou ailleurs, à la place d’un sympathique poisson dans le dos. 

On voudrait avoir la force d’en rire, sinon d’en sourire, mais quelques larmes salées, en version océane, nous échappent. Cette mer va-t-elle devenir à l’image de celle d’Aral ou à la façon de la Mer Noire ? L’actualité nous a flingué les zygomatiques.

Avril ne se découvrira pas d’un fil(et) de pêche…planté dans le dos d’un chalutier. Décidément, les sirènes contemporaines se révèlent être bien malicieuses…

                                                             Copyright Laurent BAYART

                                                                           1eravril 2020

BILLET (de mauvaise) D’HUMEUR / ACTE 93 / UN TOUR DE France CONFINé DANS VOTRE SALON !

Nous voilà devant une flopée et autre kyrielle d’annulations des grandes manifestations sportives suite à la pandémie due au coronavirus. Après les matches de foot, voici que ce sont les Jeux Olympiques dont les anneaux sont passés à la trappe avec leurs breloques. A la Flamme rouge ? Plus récemment de nombreuses classiques cyclistes ont été annulées, voire totalement « raccourcies »  à coups de ciseaux, comme le printanier Paris-Nice. Voilà maintenant qu’il est question de notre monument national qui a lieu tous les ans en juillet : le Tour de France.

En fait, notre sympathique ministre des Sports, Roxana Maracineanu, ancienne championne de natation, née à Bucarest, a évoqué (sans rire) la possibilité d’organiser laGrande Boucle à huis clos ! Alors là, franchement, les bras m’en tombent ou plutôt…je chute de ma selle ! Oups, mal aux muscles fessiers ! Est-ce le chlore des piscines qui lui a fait perdre la tête ? Franchement, vous voyez ça, vous ? un Tour de France sans personnes sur les bas-côtés de la route, dans les rues désertées des villes et dans les campagnes ? Quelques vaches, chiens errants et poules buissonnières comme supporters ? Cet événement populaire partagé par tout un chacun, ce Noël en juillet comme l’écrivait Louis Nucéra, qui serait uniquement retransmis à la télévision ? En fait, les aficionados du Tour, avec le mystique El Diablo, déplieraient leurs chaises, strapontins et autres tables sur le tapis du salon ! Avec canettes et litrons de vin, saucissons (cochonou ?) en goguette…Exit, les longues heures d’attente à n’en plus finir, à picrater un peu de vin et deviser avec son voisin, et à attendre (imp)patiemment la multicolore et tonitruante caravane publicitaire, long serpentin, du Tour de France…

D’autres parlent de raccourcir les trois (l’étroit) Grands tours et d’inclure les classiques entre…ou d’organiser un méga Tour d’Europe, via l’Italie, la France et l’Espagne ! Oups. 

On perd un peu les pédales devant toutes ces conjectures abracadabrantes. Pire, on déchante ou plutôt, on déjante… Le plus simple, ne serait-il pas, d’annuler purement et simplement ce Tour. Boucler la Grande Boucle,ce grand chahut et attendre des temps plus propices, sinon meilleurs ? Et tant pis pour le business ? Non ?

Car, faire passer le Tour de France dans votre salon, alors là…Faudrait vous mettre sur le bas-côté de votre canapé, en pantoufles sur la chaussée moelleuse de votre tapis et planquer votre chat dans la cuisine !

                                                             Copyright Laurent BAYART

                                                                                 29 mars 2020

LIVRE / LA PASSERELLE MAGIQUE DE WU MING-YI.

La couverture est tout simplement magique, voire envoûtante. Pensez, un zèbre qui déambule sur une passerelle…Voici un auteur taiwanais absolument remarquable qu’il convient de découvrir de toute urgence. Wu Ming-Yi nous régale, avec sa dizaine de récits qui prennent leur source sur la passerelle reliant deux bâtiments du grand marché de Chunghua à Taipei. Le narrateur, au début, un jeune garçon (vendeur de semelles) fait la rencontre d’un illusionniste qui viendra bouleverser sa vision du monde et des rapports humains…

Le magicien sur la passerelle est une chronique du marché des illusions comme il est justement spécifié dans la postface de l’ouvrage. C’est un lieu emblématique que l’auteur a investi d’un coup de baguette magique, celle de son écriture atypique : le marché de Chunghua est le lieu emblématique du développement économique capitaliste fleurissant dans les années 1970 : la signification du toponyme « Chunghua » suffit à évoquer l’historicité de son nom à la transformation de ce qui était autrefois un terrain vague…

Dialogue du prestidigitateur/shaman des lieux avec le petit garçon : P’tit gars, tu dois savoir que dans ce monde, il y a des choses que personne ne saura jamais. Les choses qu’on voit avec les yeux ne sont pas les seules qui existent.  Et plus loin de rajouter : Parce que quelquefois ce dont tu te souviens toute une vie, tes yeux ne l’ont jamais vu. Il y a du Petit Prince de Saint-Ex dans ce dialogue. Plus loin, à l’enfant désirant devenir magicien, celui-ci lui rétorque : Tu ne ferais pas un bon magicien. Parce qu’un magicien a beaucoup de secrets, et quelqu’un qui a beaucoup de secrets ne vit pas heureux. 

Je vous invite à entrer dans ces récits qui sont somptueux et illuminent magistralement cette passerelle où avec un zest d’imagination, on pourra apercevoir – au pied de l’escalier – un zèbre vous signifier tout simplement que l’impossible est possible. Il suffit simplement d’y croire !

                                                             Copyright Laurent BAYART

Le magicien sur la passerelle de Wu Ming-Yi, Editions l’Asiathèque, 2017.