Les temps sont à l’étalement des existences. Big Brother n’a vraiment aucun souci à se faire, nos contemporains participent à l’immense vidéo-surveillance qui observe le monde de ses yeux électroniques – à l’insu de leur total plein gré – Pire, ils participent allégrement à ce grand bêtisier qu’est devenue la communication, via ce qu’on appelle pudiquement les « réseaux sociaux ». On twitte, on followe, on tchatche. On fait part de ses humeurs et autres états d’âme au monde entier… Au final, on « s’auto-flique » en livrant les petites infos de nos vies en pâture…Pendant ce temps-là, la vieille voisine de palier d’en face, morte depuis quelques jours, se désagrège dans une odeur pestilentielle. Les rois du facebook avaient oublié de s’inquiéter de son absence et de lui dire tout simplement bonjour, et pourtant sa boite aux lettres (qui n’est pas électronique !) était bourrée de factures et de pubs…On se souvient (pour certains) de la série « Le Prisonnier », toujours suivi par une grande bulle scrutatrice…Déjà, à l’époque, la liberté tronquée étaient évoquée…
Aujourd’hui, dans les rues, marche une peuplade de zombis fixant le creux de leurs mains : ils sont absorbés par les messages qu’ils déchiffrent sur leurs mobiles…leur Ipad ou Iphone…Que sais-je ! Inutile de saluer les quidams que vous croisez, ils ne vous verront même pas…oups…
L’homme – Narcisse n’arrête plus de se mettre en scène avec la civilisation du selfie. Je me prends – moi-même -, au jeu du self-portrait…et ne vois plus la grande barbarie qui ne cesse de ronger le monde et de nous tailler le portrait. Le danger est campé derrière l’oiseau de proie du clic de la photo…
Laurent BAYART